D'où nous vient ce sentiment bizarre qu’une seule des importantes compétitions en cours semble s'inspirer un peu de ce mot si français sur lequel meurt Cyrano : du panache ?
À regarder courir sur toutes les largeurs des terrains Gallois bondissants, vaillants Écossais, batailleurs Irlandais, solides Anglais et moelleux Français, nul doute que ce noble sport de Rugby n'en est pas dépourvu ! Mais à suivre tous nos candidats à la présidentielle, y compris celui que je soutiens, l'altier François Hollande, et celui que je combats, l’inénarrable Nicolas, je reste sur ma faim. Foin de ces attaques de trois quarts qui font se lever un stade, de ces généreuses envolées venues de l’arrière, de ces conquêtes en touche où il faut bondir plus haut que quiconque. Mais plutôt des rucks confus où s’endort le ballon, des placages un peu haut à la limite de la faute, et un jeu au pied qui donne le sentiment de vouloir se débarrasser du cuir plus que de le faire courir... Le panache, me direz-vous, a disparu avec les dernières charges de cavalerie et seuls les nostalgiques de ce (faux) conservateur de John Ford peuvent y trouver à redire. Et ce n'est pas sans peine que l’on trouvera des exemples de panache en politique : Mendès démissionnant du gouvernement de Gaulle à la Libération, faute que sa politique de redressement ait été choisie ; le Général, justement, quittant volontairement le pouvoir en 1969 ; et peut-être même Jospin au soir du 21 avril, si l’on veut bien oublier son incompréhensible tentative de retour 4 ans plus tard. Mais les plus attentifs auront remarqué qu'il ne s'agit là que d'exemples en négatif. Y a-t-il donc encore place pour celui qui pensait au moment de mourir, à la fin du dernier acte, que "c'est bien plus beau lorsque c'est inutile" ?
Infatigable adepte de la méthode Coué, je veux croire que répondre par l'affirmative, c'est déjà changer la donne. Ainsi dans son Journal l'injustement oublié Henri Thomas ne concluait-il pas que "l'on renonce d'abord à l'impossible...et tout le reste vient ensuite". Aussi bien le panache aujourd'hui serait seul à pouvoir réveiller notre peuple assoupi, rongé par ses angoisses. Panache que de dire la vérité mais toute la vérité sur la situation financière du pays qui appelle à un effort de 100 milliards d'euros, excusez du peu. Panache que d’en appeler au courage de nos concitoyens, au sursaut d'un peuple confronté au défi de la sauvegarde de son modèle de société comme de sa place dans le monde. Panache en effet que de lui dire (lui avouer ?) que là se trouve l'enjeu d'un scrutin ! Panache que d'évoquer la politique internationale enfouie pour l'instant sous les débats intérieurs, alors qu'elle commande notre destin. Panache que de proposer une union franco-allemande pour rouvrir la voie à l'espoir qu'a longtemps représenté l'horizon européen. Panache qui conduirait à jouer le scrutin sur l'essentiel plutôt que de le réduire au cynisme pour l'un, à une très intelligente habilité pour l’autre !
Ah, certes Cyrano meurt presque seul, estourbi d’un coup de gourdin par un laquais. Mais, le rideau tombant, tous l'aiment et le pleurent, regrettant que la nature l'ayant dans le nez, il n’ait pu être le véritable amant de la belle Roxane ! À tout prendre, son destin vaut bien celui du fade mais heureux Christian !
Pour l'instant il me semble le panache est bien absent de la compétition présidentielle .La comparaison avec le rugby me semble juste si l'on s'en tient avec ce qui est commun aux deux : la boue.Je ne vois pas de charge héroïque à l'horizon et pour ce qui est du général quittant le pouvoir en 1969 le 27 avril j'étais à la comédie française ce soir de référendum on jouait justement Cyrano avec le comédien jean Piat et le général est parti sans panache , simplement parce que le résultat du référendum sur la régionalisation et la réforme du sénat a été négatif.
L'époque du panache est bien loin , comment un monde oû tout repose sur le fric pourrait il encore avoir du panache?
girard
Rédigé par : girard rene | 01 mars 2012 à 22:14