C’est la question que l’on est en droit de se poser après la mort dramatique de cette jeune fille de Tournon, disparue puis retrouvée sauvagement assassinée. Qu’un homme, fait de chair et de sang, doué de cœur et d’esprit, ait pu se rendre coupable d’une telle barbarie continue à me frapper de stupeur. Celui qui a tué un enfant a tué trois fois : il a mis fin à une vie en cours, mais aussi à une vie à venir et enfin d'une certaine façon à celle des parents et des proches. Comment se remettre d’un tel accablement ?
Mais ce qui m’effraie le plus encore, c’est la relative indifférence avec laquelle notre société accueille cette nouvelle. Le temps devrait s’arrêter ! Et pourtant, annonce faite, le fil des bulletins d’information reprend son cours comme si de rien n’était. Que nous puissions traiter, à l’égal de n’importe quel autre événement, ce qui relève de la barbarie humaine la plus évidente glace le sang sur ce que nous sommes en train de devenir.
Un tel acte arrache à chacun de nous une part de son humanité et l'on éprouve aussitôt le besoin de l'exprimer ! Non pour crier « vengeance ». Mais pour dire l’horreur ressentie, prendre cette peine pour soi et sur soi, la partager. Si toute notre communauté humaine pouvait, pour manifester sa compassion, mettre tout à coup, pour quelques heures, pour une journée, toutes ses autres activités entre parenthèses, ne montrerait-elle pas mieux que « je ne sais quelle » déclaration officielle promettant de nouvelles lois, son inaction et sa réprobation ?
Et ce silence, tout à coup, ne pèserait-il pas plus lourd sur le coupable que toutes les menaces de sanctions ? En banalisant « de facto » la violence la plus insupportable, celle qui frappe une enfant, notre société n’ajoute-t-elle pas sa propre barbarie à celle du meurtrier ? En tout cas, je ne puis ce matin me représenter la souffrance des parents sans penser qu’elle est aussi un peu par la mienne, la nôtre, et sans ressentir à leur égard une immense tristesse et une profonde envie de leur dire que, contre toute apparence, nul ne peut être indifférent à ce qui arrive.
Bonjour Gaëtan, bonjour à tous,
Nous vivons dans une société qui tend à mépriser les valeurs humaines et à valoriser l’indifférence narcissique.
Nous sommes en train de traverser le grand désert des égoïsmes antagonistes. C’est dans l’air du temps, direz-vous ?
Le spectacle, souvent, est d’une telle cruauté qu’il arrive effectivement qu’il nous abasourdisse. Le crime qui vient d’être commis doit nous interpeller au plus haut point comme vous le faites.
Pour cette raison l’action politique doit s’écarter au plus vite des tentatives de braquer les français les uns contre les autres. Vous aurez compris que celle qui a été initiée le 6 mai 2007 doit prendre fin sans retour possible, non que la France soit seule à connaître de tels drames, mais parce qu’en ce moment le pays baigne dans la haine communautariste, sexiste, et autres formes d'irrespect humain.
Amicalement.
Rédigé par : AJ77 | 23 juin 2011 à 13:23
La vitesse de ce mode de vie que nous nous sommes choisis de vivre, à laquelle nous assistons passivement, comme des automates, comme si l'on nous avait fait monter de force pour contempler, non, pas contempler, regarder un paysage assis sur un véhicule lancé à 1000kms/h. Vitesse qui dépasse nos émotions et délaisse nos sentiments.
En fait, le dépassement de notre humanité parce que nous le voulons bien.
Rédigé par : ketty méndez | 22 juin 2011 à 17:54
A mon sens on ne peut que partager ce que tu viens d'écrire et si l'on devait extraire une seule phrase de cette analyse ce serait:"un tel acte arrache à chacun de nous une part de son humanité".
Que dire devant un tel acte, nulle excuse nulle circonstance atténuante l'auteur ou les auteurs de cette barbarie se sont de facto retirer de l'humanité , la société a le devoir de les mettre pour toujours hors d'état de récidiver : éliminer ce monstre auteur de cette acte inexpiable .
girard
Rédigé par : ,, | 22 juin 2011 à 14:34