Si l’on devait chercher une preuve, parmi beaucoup d’autres, de la « désacralisation » du politique, l’on pourrait sans doute la trouver dans la soudaine multiplication des films consacrés à son univers. D’Alain Cavalier à George Clooney, en passant par le bel « Exercice de l’Etat », l’on ne compte (presque) plus les « mises en scène » du pouvoir. Ce qui auparavant semblait impossible, voire interdit, à savoir la représentation par des acteurs de personnages politiques et la reproduction en œuvre de fiction, de leur légende, semble aujourd’hui normal, je dirais presque : nécessaire.
Que s’est-il alors passé pour qu’à la retenue, que n’avait transgressée peut-être que « Le Bon Plaisir », succède une gourmandise que partagent, à l’évidence, les spectateurs ? Peut-être, tout simplement, que l’Histoire s’est retirée du politique, au point d’identifier celle-ci à la lutte prosaïque et cynique non pas tant pour le pouvoir que pour la « jouissance » qui y est associée. Le cynisme, qui nous est montré aussi bien dans « Les marches du pouvoir » que dans « L’exercice de l’Etat », n’est certes pas nouveau. Mais ce qui l’est, en revanche, c’est qu’il ne sert plus un dessein, pas même un destin, seulement une petite ambition (accéder au nirvana ministériel) et une étroite satisfaction : la vanité d’en être !
Curieuse mutation, d’autant plus préoccupante, qu’elle intervient à un moment où l’Histoire, à travers la crise que nous traversons, fait à nouveau entendre son glas !
Nul doute que le pouvoir soit bâti sur une illusion. Mais par une formidable alchimie, que Régis Debray nous a magistralement révélée dans son « Loués soient nos Seigneurs », c’est une illusion qui finit par lui donner consistance et moyen d’agir.
C’est la foi des citoyens dans le symbole qu’est le politique qui donne à celle-ci sa pleine dimension. Et c’est la foi du politique dans sa capacité à faire bouger le monde par les mots et les insignes de son pouvoir qui rend l’Histoire possible !
Cette foi ne doit certes pas être absolue. Elle doit, pour le citoyen, s’accompagner de la lucidité qu’exige la démocratie. Et pour le politique, de la distance qui permet la mise en perspective indispensable à une action utile.
Mais cette foi doit être là, présente et réciproque, puisque la politique repose sur cette idée « originale » née au 18ème et 19ème siècle que le mouvement des choses peut être influencé par la volonté, et plus encore l’éthique, des hommes.
Or, la foi ne se représente pas. Cette mystique, qui se dégrade, sans que cela soit nécessairement péjoratif (n’en déplaise à Péguy) en politique, s’incarne dans des acteurs qui jouent déjà un rôle que ni le cinéma ni le théâtre ne peuvent vraiment offrir.
Que l’on puisse aujourd’hui en douter montre le chemin qui nous reste à remonter : l’apprentissage de la citoyenneté, à tous les niveaux, de la base au sommet de l’Etat ; non par nostalgie d’une naïveté perdue mais par souci d’efficacité. Remettre en mouvement ce qui fait la noblesse et la force de la politique, c’est se redonner un avenir. Ce que nous disent au fond « L’exercice de l’Etat » ou « Les marches du pouvoir », c’est que le politique se dégrade en médiatique et en égotique. Et qu’il est temps de réagir !
pas d'accord sur le film "L'exercice de l'Etat": malgré les portables, un film qui ignore la présence des femmes en politique comme si on était avant-guerre. Et puis, sous prétexte d'éviter de classer le ministre comment étant de gauche ou de droite, afin de généraliser l'expérience du pouvoir, eh bien, on en arrive à penser que, gauche ou droite, les comportements seraient identiques. On peut espérer quand même qu'un ministre de gauche n'avalerait pas son chapeau, démissionnerait soi-disant pour préserver ses convictions tout en ayant la garantie immédiate d'un autre portefeuille.
Quant à l'accident, bizarre, le "pauvre" est le seul à mourir.
Rédigé par : nicole grenier | 11 novembre 2011 à 18:37
Est ce un rêve que de vouloir donner un rôle aux individus en ce qui concerne les prises de décisions affectant une communauté, sans doute non.
De Gaulle et la participation
Chaban Delmas et la nouvelle société
Le PS d'avant 1981 et l'autogestion
L'apprentissage de la citoyenneté? pourquoi pas?
Le problème est que le citoyen qui a encore un peu de mémoire se dit:
qu'est devenu la participation?a t elle jamais existé?
et la nouvelle société ?je ne me souviens pas bien!
L'autogestion après 1981 a été oubliée dans un cul de basse fosse.
L'expérience rend méfiant, si l'apprentissage de la citoyenneté doit être un nouveau hochet pour amuser le peuple cessons d'en parler, nous n'aurons pas à l'oublier.
Nous qui sommes en bas , avons été si souvent pris pour des ânes- ce que nous sommes bien souvent- qu'il sera dur de nous sortir de notre condition.
Nous ne pouvons seulement nous consoler en citant Cervantès "Trente moines et leur abbé ne peuvent faire braire un âne contre sa volonté"
girard
Rédigé par : girard rené [email protected] | 07 novembre 2011 à 21:41