Cosne-sur-Loire, le 13 décembre 2011
Monsieur le ministre,
Complexe, la situation politique en Birmanie connaît néanmoins une évolution significative. Les Etats-Unis l’ont bien compris, qui ont dépêché récemment leur secrétaire d’Etat, Madame Hillary Clinton, qui a su établir des relations au plus haut niveau pour tenter d’évaluer ce que les données politiques nouvelles pouvaient contenir de perspectives et de promesses. Dans le même temps, la France, et plus encore l’Europe, ont observé un silence préoccupant.
Alors à l’Assemblée nationale, avec mon collègue Roland Blum, j’avais publié au début de l’été un rapport suite à une visite sur place qui soulignait les chances, limitées certes mais réelles, d’une démocratisation progressive du régime au regard des premiers changements institutionnels intervenus à l’initiative de la junte. Depuis lors, de nouveaux signes sont apparus, en particulier la libération trop limitée mais concrète de certains prisonniers politiques, mais aussi, comme nous le suggérions dans le rapport, la modification de la législation électorale afin de permettre à la formation politique de Madame Aung San Suu Kyi de pouvoir présenter des candidats aux élections partielles qui devraient se tenir dans les prochains mois.
Dans ce contexte, il faut souligner combien Madame Aung San Suu Kyi fait preuve d’une remarquable lucidité mais aussi d’un grand courage, puisqu’elle a pris le risque d’accepter la main qui lui était tendue afin d’offrir sa chance à la paix et à la réconciliation nationale.
Dès lors, il me semble indispensable que l’Union européenne qui a été à la pointe de la politique des sanctions à l’encontre du régime, puisse se doter des outils d’analyse, d’évaluation et d’intervention adaptés à cette nouvelle donne.
C’est la raison pour laquelle je me permets de vous demander de bien vouloir prendre l’initiative de saisir vos collègues européens, afin que l’Union européenne puisse arrêter une véritable stratégie pour répondre aux évolutions du régime birman.
A cet égard, ne serait-il pas possible d’envisager la désignation dans les plus brefs délais d’un nouvel Ambassadeur de l’Union européenne auprès du régime birman, la position de Monsieur Fassimo étant aujourd’hui intenable. Ce pourrait être le signe politique indispensable au retour sur place de l’Union européenne, dont la nomination d’une délégation à Rangoun, qui coordonnerait l’action de ses différents services très présents dans le domaine humanitaire, pourrait être le second élément.
De telles décisions, modestes dans leur contenu mais importantes au regard des rapports extrêmement tendus qui pouvaient prévaloir jusqu’à présent avec le régime de Rangoun, seraient sans doute de nature à permettre à l’Union européenne de jouer tout le rôle qu’on est en droit d’attendre d’une association d’Etats qui prône le progrès de la démocratie et des Droits de l’Homme dans le monde.
Je vous remercie de l’attention que vous aurez bien voulu porter à ce courrier et des réponses que vous pourrez lui apporter.
Je vous prie de croire, Monsieur le ministre, en l’assurance de mes sentiments cordiaux.
Gaëtan GORCE
Commentaires