L'élection de Villeneuve sur Lot a réveillé les casuistes et sophistes de tous bords, qui se multiplient depuis une quinzaine de jours dans les médias pour proposer les mêmes pistes que depuis vingt ans… avec les résultats que l'on sait ! Les uns en appellent à la critique du programme du FN, d'autres à la poursuite de la stigmatisation animant un débat stérile entre moralistes et pragmatiques, et d'autant plus funeste que la question posée n'est pas la bonne !
"Faire reculer le FN" ne peut être en effet un objectif en soi. L'ambition doit résider au contraire dans le choix de la politique qui permettra de convaincre et de rassembler une majorité des Français et d'abord parmi les plus modestes. Il s'agit donc bien de proposer à nos concitoyens un projet cohérent de société qui réponde au malaise qui affecte la Nation.
Ce qui appelle de notre part un triple effort :
- D'abord un discours de vérité qui rétablisse la confiance dans la politique menée, en justifiant les efforts demandés par la gravité assumée de la situation et plus encore l'attachement que nous avons pour notre pays. C'est à notre patriotisme que s'alimente l'exigence de donner au Pays les moyens du redressement. Ce qui permettrait de re-articuler la politique conduite avec l'affirmation d'une "certaine idée de la France" dont l'absence visible est aujourd'hui un puissant facteur de déstabilisation.
- Ensuite une mise en perspective des réformes qui ne peuvent se réduire à leur dimension comptable sauf à laisser s'établir la confusion entre la manière qu'a eu la droite de traiter ces questions et la nôtre : ainsi la réforme des retraites devrait-elle s'inspirer de l'objectif, au delà des 8 milliards à trouver à court terme, d'en venir à moyen terme à un vrai régime universel. Notre volonté d'aller vers plus d'égalité doit transparaître sauf à entretenir l'amertume et la colère de nos concitoyens.
- Enfin la clarification de notre ambition européenne, et de la stratégie politique qui l'accompagne. Chacun voit bien qu'une vraie sortie de crise ne sera possible qu'au prix d'un renforcement de l'intégration au sein de la zone euro, ce que l'opinion n'est aujourd'hui pas prête à accepter. Fait-on le choix de la convaincre ? Ou en tire-t-on toutes les conséquences en choisissant une autre orientation que nous proposent depuis des années les contempteurs de l'Euro ? Mais l'incertitude n'est plus de mise. Elle nourrit la suspicion sur les intentions réelles du gouvernement sans les avantages de la pédagogie à conduire !
Au fond, il ne s'agirait pour les socialistes que de proposer un projet… socialiste, pour autant que ce qualificatif recouvre encore une ambition intellectuelle et morale !
Reste une ultime question, celle que soulève dans son désarroi la "direction" du PS face à l'élimination de nos candidats au premier tour dans l'Oise et le Lot et Garonne. Et qui se résume ainsi : faut-il maintenir en vie le Front Républicain ?
Là encore, le problème est mal posé : le rapprochement entre une partie de l'UMP et le FN n'est pas une hypothèse, il est acquis !
Provoquera-t-il l'éclatement des droites, là est la véritable interrogation. En l'absence d'une personnalité fédératrice, on peut le penser ! Ce qui ne peut manquer de libérer un électorat modéré que la gravité de la situation devrait nous permettre de rassembler, pour autant, et l'on y revient, que notre discours soit clair et notre projet ambitieux.
G. Gorce
PS : Les choses peuvent évidemment évoluer autrement : notre affaiblissement pourrait en effet éviter à la droite de devoir trancher comme à Villeneuve sur Lot et de nous obliger à nous positionnera en réservant alors notre appui à des candidats "acceptables", sauf à être à juste titre désavoué par nos électeurs.
Je ne nie pas qui il y ait une autre option. Ce que je souhaiterai c'est que l'on assume l'une ou l'autre.
Rédigé par : Gaëtan GORCE | 12 juillet 2013 à 14:34
L'ambition doit résider au contraire dans le choix de la politique qui permettra de convaincre et de rassembler une majorité des Français et d'abord parmi les plus modestes.
Provoquera-t-il l'éclatement des droites, là est la véritable interrogation. En l'absence d'une personnalité fédératrice, on peut le penser ! Ce qui ne peut manquer de libérer un électorat modéré que la gravité de la situation devrait nous permettre de rassembler
Ces deux réflexions marquent une hésitation: le PS -et, d'une façon plus générale, la gauche- doit-il s'adresser prioritairement aux français "modestes", victimes des politiques libérales conduites depuis 30 ans et qui, par désespoir, votent de plus en plus souvent pour le FN -ce que je crois- ou à "l'électorat modéré" boboïsé ?
Chacun voit bien qu'une vraie sortie de crise ne sera possible qu'au prix d'un renforcement de l'intégration au sein de la zone euro
Il n’est pas vrai que chacun voit bien une telle chose. Certains -par exemple Jacques Sapir- pensent en effet, non sans raison, qu’un retour aux monnaies nationales et une dissolution de l’euro pourraient permettre d’améliorer la situation économique et budgétaire des pays européens les plus fragilisés.
Rédigé par : carlo | 11 juillet 2013 à 20:17