Voilà, la messe serait dite !
Enfin ! Et le soulagement, dans la presse, parmi les commentateurs est grand. François Hollande aurait fait et réussi son "coming-out" en se déclarant, tardivement mais on ne peut plus clairement, social-démocrate...
Misère de la pensée politique ! Puisqu'il s'agit au mieux d'un anachronisme, au pire d'une absurdité.
Anachronisme ? La social-démocratie ne fut qu'un moment de l'histoire des socialistes auquel le parti français se garda bien d'ailleurs de participer. Elle repose en effet sur une conjonction particulière et favorable qui devait, sur les décombres de la guerre et de l'effondrement du "libéralisme" dans la tourmente économique des années 30, favoriser partout en Europe occidentale l'émergence d'un dirigisme tourné vers le plein emploi. L'ambition est d'ailleurs si entrainante qu'elle est alors partagée par la gauche comme, à un degré moindre, par la droite. A l'exception des "comploteurs" du Mont Pèlerin ou des partisans de Friedrich Hayek, dénonçant dans l'intervention de l'Etat la meilleure "route pour la servitude", tout le monde se dit, se veut "socialiste", enthousiasme que les prémisses de la guerre froide viendront vite refroidir mais qui laissera des traces. La social-démocratie peut alors se définir comme un programme associant le soutien à la demande par la mise en place de systèmes ambitieux de protection sociale, des hausses régulières de salaires négociées et ajustées au progrès de la productivité, la recherche du plein emploi dans un cadre national. La logique assumée reste cependant celle de la "lutte des classes" sauf qu'il ne s'agit plus de lui donner la révolution pour débouché mais la négociation, le rapport de forces à établir sur le terrain électoral et syndical servant à en assurer le bon équilibre. Il n'aura échappé à personne (à l'exception manifestement d'une partie du personnel politique et médiatique français) que tout cela s'est fissuré au fil de la crise des années 80 pour disparaître (à jamais ?) dans les convulsions de la mondialisation, des défaites électorales subies par les grands partis installés au pouvoir depuis la guerre en Scandinavie (voire avant pour la Suède) et de la déroute des syndicats ! La social-démocratie était la fille (ou la mère) des 30 glorieuses. Elle a depuis pris sa retraite. L'anachronisme est donc total.
Mais s'y ajoute une absurdité. Jamais, en effet le parti socialiste français n'a répondu à ces critères Et il n'a commencé à ressembler à ses homologues européens qu'à mesure que ceux-ci perdaient justement leur identité, abandonnant leur ambition nationale pour une fuite en avant européenne et troquant une ambition sociale devenue impuissante contre la promotion exaltée des droits individuels. Toujours en retard d'une guerre, la gauche française se voudrait donc social-démocrate une fois disparue la social-démocratie comme elle a continué à se réclamer du marxisme bien après que celui-ci ait rendu l'âme.
Outré par la paresse intellectuelle, comment expliquer du coup le meli-melo relayé aujourd'hui par toutes les gazettes ? Et comment comprendre qu'un Président qu'on peut espérer bien informé de ces choses cède ainsi à la confusion des idées dans laquelle certains ont prétendu voir paradoxalement une clarification ? Tout bonnement du fait qu'en France, la rhétorique critique de la gauche a toujours dénoncé dans la social-démocratie ce qu'elle lui envie aujourd'hui : un sens du compromis avec l'entreprise assimilé à la sagesse, un réalisme débarrassé des bandelettes de l'idéologie. Être social-démocrate, en France, reviendrait donc à faire preuve d'un louable, même si bien tardif, réalisme. Le malentendu, on l'a compris, est total puisqu'il s'agit de vanter moins une nouvelle approche du socialisme que le pragmatisme le plus banal, aussi dénué d'idées que de solutions. Le malentendu est encore plus grand si l'on veut bien considérer que cette conversion au réalisme ne date pas de la conférence de presse du 14 janvier mais de 1983, qu'elle a été confirmée en 88, renouvelée en 97 et...2012.
Bref, il faut au total une bonne dose de mauvaise foi pour confondre les hausses d'impôt du début du quinquennat avec une offensive théorique ! Et prétendre que la gauche aurait fait sous les lambris de l'Elysée son tardif Bad-Godesberg !
Reste alors, le rôle dévolu aux syndicats! Et cherchant à me confondre, les ultimes partisans de la thèse de la social-démocratie, abattront là leur ultime carte ! Mais n'est-ce pas pour refuser de voir que ce tournant social -démocrate a été négocié en réalité sans eux ? Que même les organisations les plus favorables à un compromis n'ont pas été mises dans la confidence et encore moins associées à la conception du fameux pacte de responsabilité qu'on les invite maintenant à discuter ? Rien de moins social-démocrate que cette désinvolture à leur endroit. Peut-être justifiée par leur faiblesse ? Mais alors ?
La vérité, comme toujours, est prosaïque. Le terme "social-démocrate" n'est qu'une commodité de langage que le Chef de l'Etat n'a pas hésité à faire sienne. Difficile de clarifier sans qualifier et sa politique et son engagement. Dans l'impossibilité où il s'est mis de donner une définition actualisée du socialisme démocratique, le Président a choisi le terme de " social-démocrate" pour faire valoir son sens des réalités (plus que celui des concepts). Au moment où reste à inventer un socialisme capable de répondre au défi de la crise du libéralisme et de la crise écologique, pas sûr que pareille habilité puisse aider ceux qui plaident pour une vraie clarification, celle des objectif ! Quant aux Français, leur perplexité doit rester entière, le terme "social-démocrate" ne renvoyant à aucune tradition politique hexagonale. Ce qu'ils comprennent en revanche, c'est que pour avoir du mieux, notamment sur l'emploi, ou y être associé, il leur faudra encore attendre. "Social-démocrate", avez-vous dit ?
Les citoyens de notre pays , au delà des mots au delà des hommes politiques, espèrent des résultats positifs le reste n'est que de la littérature .
La terminaison des mots n'a plus grande importance ,on en a tellement entendu .
Les mots politiques ont ils encore un sens?on a eu droit à tout et à son contraire ,aux promesses non tenues,aux prévisions fausses,aux déclarations contradictoires , aux parjures,alors on ne peut aspirer qu'au repos-moins de bruit mais des résultats-pas de promesses que l'on ne tiendra pas :pax vobis cum
girard
Rédigé par : girard rené | 25 janvier 2014 à 10:55
Le terme "social-démocrate" n'est qu'une commodité de langage que le Chef de l'Etat n'a pas hésité à faire sienne.
Cela ne fait aucun doute. L'usage du terme "social-démocrate" s'explique peut-être aussi par le fait que certains socialistes n'osent plus se dire "socialistes" (souvenous-nous de la formule de LJ : "mon programme n'est pas socialiste") mais n'osent pas encore s'avouer "sociaux-libéraux", ce qu'ils sont pourtant, à l'instar de FH.
Rédigé par : chatel | 23 janvier 2014 à 10:31