Le pacte de Responsabilité fait désormais l'actualité.
A ce stade, il faut saluer l'habileté tactique du Président qui a su imposer son agenda et reprendre ainsi la main.
Mais il est surprenant de voir tant de responsables et de commentateurs le prendre aussi au mot et s'inquiéter des conditions de la mise en œuvre de ce grand projet.....puisqu'il n'a pas été conçu pour l'être.
L'attitude du Président du Medef qui a failli par ses maladresses vendre la mèche l'autre jour aux États-Unis en dit long. S'il n'a jamais été question pour lui de véritables contreparties, c'est qu'il sait que le Pacte, et ce n'est déjà pas mince, n'a d'autre objet que de pérenniser sous une forme différente le CICE, mis en place voici plus d'un an sans exigence de réciprocité à l'égard du patronat.
Le Président n'a en effet ni les moyens, ni plus encore la volonté de dégager 50 milliards d'économies supplémentaires.
La méthode, très centralisée qu'il a choisi, en témoigne. En créant un Conseil stratégique à l'Elysée on donne un maximum de visibilité à une opération qui, sur le terrain , ne débouchera que sur des ersatz. Et ceci pour une raison simple : social - démocrate, le Président appartient toujours à la Gauche et n'a nullement l'intention d'infliger au pays une diète supplémentaire. Le voudrait-il, il sait que celui-ci ne le supporterait pas. Il s'agit donc d'un leurre visant à enfumer la Commission avec laquelle la France a rendez-vous en Avril. Passé cette date, le gouvernement n'oubliera pas les engagements pris, l'Exécutif étant bien conscient de la nécessité de ne pas laisser dériver les comptes, mais il les limitera au strict nécessaire. Un accord européen en Juin sur un début de relance par l'Investissement devrait clôturer cette remarquable opération de communication.
Mais il existe une double faille dans cette ingénieuse machine : ne suppose-t-elle pas d'abord pour réussir de ne pas être comprise ? Mais elle risque alors de devenir source de malentendu et de susciter l'opposition farouche de tous ceux qui, à gauche, n'auront pas vu le sens de la manœuvre. Ce qui ne manquera pas d'arriver....
L'opération suppose ensuite pour aboutir que la reprise tant attendue finisse par pointer le bout de son nez. Or, celle-ci ne pourra pas venir d'une relance des exportations permise par les baisses de charges, celles-ci restant au niveau actuel ( 20 mds) trop limitées. Elle ne viendra pas non plus de la demande, que le Président cherche en réalité à ne pas trop maltraiter, mais qui est déjà trop faible pour servir de moteur. Enfin, le compromis franco-allemand qui s'esquisse pour le printemps n'aura qu'un effet marginal et retardé. Si bien que le Président ne sera peut-etre à terme que parvenu à gagner du temps, ce qui, je le concède, dans ce contexte, n'est pas si mince..
Pour autant, une alternative existe-t-elle ? Non, si l'on renonce à pousser le débat aussi loin que possible à Bruxelles. Or, c'est précisément la voie choisie. Hollande cherche à épargner aux Français, et on lui en sait gré, une rigueur trop brutale mais ne croit manifestement pas, et on peut le lui reprocher, dans la capacité de la France à faire bouger le rapport de forces en Europe. C'est pourtant cette option qu'il faudrait privilégier en défendant à Bruxelles nos intérêts vitaux qui sont ceux de l'industrie et de l'emploi que nous ne pourrons sauver sans une relance par l'Investissement. C'est celle-ci qu'il faut proposer et promouvoir par tous moyens, sinon à quoi rime une Union dans laquelle le deuxième plus grand pays n'aurait d'autre choix que de sacrifier son avenir en tant que puissance économique? Cette question ne pourra être indéfiniment différée.
Si bien qu'à l'habileté du Président, qu'il faut saluer (au lieu de le dénigrer platement), je préférerais, comme beaucoup d'autres, un sursaut de volonté ! A l'évidence, tout est fait aujourd'hui pour que la question ne soit pas posée. F. Hollande fait du mieux qu'il peut avec les cartes qu'il a en mains. Quand c'est la règle du jeu qu'il faudrait changer !
Je ne croyais pas le Président aussi habile , c'est digne du secrétaire de la République de Florence Machiavel(je précise que c'est très loin d'être une infamie )car il était un ardent défenseur de la liberté.
Il est question d'enfumage , le petit peuple dont je suis ne sais plus qui enfume qui.Il n'y a rien de bien rassurant dans le mots ersatz les anciens qui ont échappés à la maladie d'Alzheimer vont revivre l'occupation.
En fin de compte la compréhension des temps présents est bien ardu : un Président disant vouloir faire un pacte qu'il n'a pas l'intention de faire , un enfumage de commission : nous voilà plutôt à la chasse au goupil et avec Bruxelles on risque une fois de plus de se retrouver dans les choux.
rené girard
Rédigé par : rené girard | 28 février 2014 à 16:43
@ socialiste
"Avec des amis comme vous le président n'a pas besoin d'ennemis"
Ce n'est pas le président qu'il faut défendre prioritairement, mais les intérêts vitaux de la France et les valeurs socialistes (pour autant qu'elles sont encore les vôtres...).
Mais pour cela, Gaëtan Gorce a raison, "c'est la règle du jeu qu'il faudrait changer !".
Rédigé par : chatel | 27 février 2014 à 09:14
Merci d'avoir publié cette hypothèse sur l'habileté ou le cynisme du Président. Elle conduit à douter un peu plus encore de l'avenir de ce pays incapable de la moindre réforme. Si le plan de réduction des dépenses publiques n'est pas engagé, le coût de la dette explosera à plus ou moins long terme. Et là, aucun enfumage ne sauvera la situation. Quand les prêteurs ne prêtent plus, tout s'effondre.
Rédigé par : Metzer | 20 février 2014 à 16:38
Merci de ce document qui change de la langue de bois. Enfin, on comprend la situation !
Il est vrai que depuis des années, la France n'a pas assez de riches et de richesses pour lever suffisamment d'impôts, malgré des taux qui atteignent maintenant des niveaux confiscatoires et pulvérisent les records mondiaux. Ca fait près de 30 ans que la France est dans l'obligation de payer une partie du salaire de ses fonctionnaires par de l'endettement. Heureusement, "l'Ennemi du Monde de la Finance" paye bien volontiers ce qui manque et "Pourvou que ça doure" comme disait la mère de Napoléon.
La France souhaite changer les règles du jeux et elle a raison parce que l'Italie, par exemple, est dans la même situation et n'a aucune intention de rembourser un jour ses dettes non plus.
Alors, en attendant que les dettes montent jusqu'au ciel, restons dans la communication habile et tactique pour préparer à nos retraités et à nos enfants des lendemains qui chantent.
Heureusement que le sort de ce pays est solidement entre les mains d'experts de haut niveau.
Encore merci de ce point de vue éclairant.
EB
Rédigé par : Emmanuel Blouin | 19 février 2014 à 17:07
N'étant pas de gauche, je suis agréablement surpris par les billets de votre blog. Notamment celui concernant la proposition de réforme des banques faite par Monsieur Barnier (Qui est d'ailleurs très loin de ce qu'il faudrait faire).
Je me dis :"Tiens, il y a des gens (gauche, droite, peu importe) qui ont une certaine lucidité et analysent les problèmes en cours et ceux qui risquent d'arriver".
Comment se fait il alors que ce gouvernement ne soit que couacs, contradictions permanente et enfumage !!!
Vous contrastez étonnamment avec l'image que nous renvoie le pouvoir à longueur de journée.
Si les hommes politiques qui sont en permanence sous le feu de l'actualité usaient moins de la langue de bois et s'exprimaient à votre manière. Je suis persuadé que les français adhéreraient et seraient moins tentés par le vote extrême.
Tout n'est peut être pas perdu.
Rédigé par : Jean Pierre | 19 février 2014 à 11:08
Avec des amis comme vous le président n'a pas besoin d'ennemis: la gauche la plus stupide du monde!!!!
Rédigé par : socialiste | 17 février 2014 à 23:13