Quiconque à gauche veut assumer ses responsabilités se trouve aujourd'hui plongé dans un profond embarras. Ce dont témoignent les interrogations soulevées par les deux lois de finances rectificatives soumises en ce début de juillet au vote du Parlement.
Ces deux textes ont en effet le mérite de prolonger l'effort engagé pour rétablir nos comptes publics, ce qui constitue, engagements européens ou pas, une obligation incontournable. Et même si l'exercice est rendu contestable par la méthode suivie, il demeure absolument indispensable. On ne peut s'empêcher de regretter toutefois qu'il ne soit pas entrepris dans le cadre de réformes structurelles visant à améliorer l'organisation de l'Etat et à rendre notre système social plus juste et surtout plus efficace.
Laisser penser, d'une manière ou d'une autre, qu'il serait possible de faire l'économie... de ces économies relèverait en tout cas d'une démagogie insupportable au regard de la gravité de la crise que nous devons encore affronter.
Le problème vient du fait que ces économies ne peuvent à elles-seules constituer une politique. Leur effet sur l'activité est très clairement et fortement récessif (d'environ 0,7 points de PIB d'après l'Ofce) et ceci en tenant compte de l'impact des baisses de cotisations et d'impôts supplémentaires prévues par les deux textes financiers. Le coup de pouce au pouvoir d'achat est trop limité pour soutenir sérieusement la consommation et chacun a bien compris qu'il s'agit d'abord d'un geste politique. Quant aux aides accordées aux entreprises, il y a fort à parier qu'elles serviront d'abord à reconstituer des marges érodées par des capacités de production inutilisées plutôt qu'à relancer la machine. Ajoutons qu'elles s'inscrivent dans une logique de course à la baisse des couts avec nos partenaires européens qui ne pourra pas faire que des vainqueurs.
Du coup, le chômage ne peut que poursuivre son ascension et notre industrie trembler sur des bases déjà bien fragiles.
Approuver ces deux textes reviendrait donc alors à consentir à une politique incomplète et dont les effets seront clairement insuffisants. Que l'Exécutif s'entête avec l'appui de la direction du PS n'y change rien...
La situation est d'autant plus pénible que le dernier sommet européen, loin d'apporter un soutien à une relance européenne, a renvoyé la question au futur Président de la Commission dont la feuille de route est suffisamment dense pour être ambigüe et permettre à chacun de crier victoire. Pour ma part, je ne peux que regretter que le Chef de l'Etat n'ait pas engagé ouvertement la bataille, semblant se satisfaire d'une esquisse de rapprochement avec l'Italie et d'un début de pression sur l'Allemagne.
On comprend dès lors les atermoiements de certains : ne pas voter ces textes, c'est laisser penser qu'on rejette les efforts nécessaires. Les adopter, laisser croire que l'on consent à la hausse du chômage... Il me faudra donc y revenir.
Quant aux aides accordées aux entreprises, il y a fort à parier qu'elles serviront d'abord à reconstituer des marges érodées par des capacités de production inutilisées plutôt qu'à relancer la machine. Ajoutons qu'elles s'inscrivent dans une logique de course à la baisse des couts avec nos partenaires européens qui ne pourra pas faire que des vainqueurs.
Voilà qui est dit et bien dit. Non seulement la politique du gouvernement est vouée à l'échec mais, de plus, elle ne correspond en rien aux engagements de campagne de FH.
Ajoutons que le gouvernement a également changé de politique en ce qui concerne la façon de rétablir l’équilibre des comptes publics. Dans un premier temps, il avait décidé d'augmenter les impôts, et prioritairement ceux frappant les plus riches (taxe à 75%), puis il a fait droit aux revendications du MEDEF, invoquant lui-même -comble de l'absurdité- un « ras-le bol fiscal ».
Le plus inquiétant est que tous ces reniements ne peuvent qu'apporter de l'eau au moulin de MLP qui a beau jeu de dénoncer l'UMPS auquel il est d'ailleurs possible d'associer le FDG. Celui-ci s'est en effet révélé totalement incapable de se démarquer suffisamment du PS, d'abord aux élections municipales où le PC s'est parfois présenté allié au PS, puis aux élections européennes à l'occasion desquelles le FDG a réclamé, comme le PS, une Europe sociale ... pourtant totalement incompatible avec les traités.
Rédigé par : chatel | 30 juin 2014 à 15:42