J'avoue avoir eu du mal à m'engager dans ce Congrès. L'expérience des précédents, qu'ils aient été suicidaires comme à Reims ou tronqués comme à Toulouse, aurait suffi à me convaincre de l'inanité d'une telle démarche. Notre parti est malade. La confusion des idées y règne en maître. Et nulle volonté n'existe parmi ses dirigeants d'y changer quoi que ce soit.
Pour autant, et en attendant une transformation radicale qui relève aujourd'hui de la profession de foi, si j'ai décidé d'entrer dans le débat, c'est parce que, comme tout socialiste normalement constitué ( c'est à dire guidé par ses convictions et non ses intérêts d'appareil ou d'élu local), je ne peux me résoudre à laisser se poursuivre la dérive dans laquelle nous sommes engagés. Et dont le résultat est palpable sur le terrain économique , social et aussi, par conséquence, électoral.
Après trois ans de malaise ressenti par toute la gauche, le temps est donc venu d'avoir une véritable explication et de se demander si le choix de politique qui a été fait en janvier 2013 doit être confirmé et poursuivi ou s'il ne faut pas rapidement lui substituer une démarche déterminée pour faire reculer le chômage et soutenir notre industrie !
Ce n'est pas un mince débat et notre parti s'honorerait de le conduire.
Ce n'est pourtant pas le choix qui a été fait par son Premier secrétaire désigné. Tout est en effet mis en œuvre depuis un mois, via une Motion " attrape-tout" pour brouiller les cartes.
Il n'y a pas plus réformateur aujourd'hui, que le dirigeant conservateur du PS ! Son texte énumère en creux les reproches à faire au gouvernement et se prononce désormais contre une augmentation du nombre de jours travaillés le dimanche ou pour une réorientation des crédits du CICE en faveur de l'investissement et de l'emploi. On en oublierait presque que ses déclarations d'intention sont signées de ministres qui, dans leur action quotidienne, disent et font exactement l'inverse. C'est bien la définition du jeu de dupes auquel on nous invite....
Alors, de qui se moque-t-on ? On est en droit d'approuver la politique suivie depuis 3 ans . Mais il faut l'assumer ! On est en droit de penser qu'elle n'aboutira pas à une catastrophe électorale. Mais alors il faut le démontrer !
S'il fallait chercher un signe de l'état dans lequel se trouve le PS, situation que je dénonce sans faiblir depuis des années, il suffirait de relever l'état d'esprit de ceux qui le dirigent et qui ne nous jugent pas dignes d'un débat complet et sincère.
Au Congrès de Toulouse, je n'avais cessé de mettre en garde contre les conséquences d'un processus ( la cooptation du Premier secrétaire) qui ne pouvait déboucher que sur un échec. Le départ précipité d'Harlem Désir en a apporté après coup la démonstration.
Aujourd'hui, je peux prédire sans grand risque de me tromper que le contournement du débat débouchera sur un autre échec en éloignant de nous ce qu'il nous reste de militants sincères et de sympathisants attentifs.
Comment s'y résigner? Que ceux qui ont en charge d'organiser ce Congrès aient choisi d'en faire un "faux-semblant"nous renseigne suffisamment sur ce qu'il convient de faire : imposer le débat et obliger à un vrai choix !
Commentaires