A lire dans Les Echos d'aujourd'hui, une critique intéressante de mon livre :
http://www.lesechos.fr/culture-loisirs/livres/0201670479869-vers-l-ecosocialisme-227492.php
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Rédigé par Gaëtan Gorce | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Député depuis 1997, maire de la commune de la Charité-sur-Loire, Gaëtan Gorce, vient d’être élu ce dimanche sénateur de la Nièvre. Il a publié récemment un ouvrage sur l’histoire du socialisme et ses résonances dans les débats actuels : " L’avenir d’une idée – Une histoire du socialisme". Loin du tumulte médiatique, ce livre permet de mettre en perspective l’idée même du socialisme, en en démontrant toute son actualité.
Un livre de plus, écrit par un socialiste diront certains ?
Oui, sans doute, mais c’est un livre qui a pour objet de faire le point, à un moment donné de notre histoire sur ce qui fait l’identité des socialistes. Il y a aujourd’hui un adjectif « socialiste », il n’y a pas de substantif : le mot socialisme s’est peu à peu privé de contenu. Il m’a semblé que c’est en remontant le fil de son histoire, des grands débats doctrinaux autour du rapport du socialisme à la démocratie, à la Nation, à la solidarité, que l’on pouvait progressivement faire émerger des réponses pour aujourd’hui.
Qu’est-ce que l’idée socialiste ?
Pour beaucoup, le socialisme se confond avec l’égalité. C’est une notion trop générale et trop vague. Si l’on veut bien remonter l’histoire du socialisme, on s’aperçoit que celui-ci est né en réaction aux conséquences sociales et morales de la révolution industrielle. Face au désordre provoqué par celle-ci, les socialistes les uns après les autres se sont voulu porteurs d’une volonté d’organisation, pour les uns répondant aux lois de l’histoire qu’ils auraient découvertes, pour d’autres s’inscrivant simplement dans une volonté différente de mise en place d’une société donnant la priorité à la coopération ou à l’association. C’est bien ce souci d’organisation qui doit conduire aujourd’hui les socialistes à préférer la régulation de la mondialisation aux excès provoqués par l’ultra-économisme. Cette volonté d’organisation ne saurait se concevoir sans la démocratie ; elle ne peut avoir d’autre objectif que la justice et l’épanouissement de l’individu.
Vous développez le concept d’ « éco-socialisme », pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous sommes les héritiers d’une histoire. Quant à l’issue de l’ensemble de ce processus long de deux siècles, il me semble qu’il débouche assez naturellement sur ce que j’appelle l’éco-socialisme. Cette volonté d’organisation peut aujourd’hui s’appuyer sur un triple besoin : celui de remettre de l’ordre dans les finances mondiales ; celui de répondre à la crise d’humanité, c’est-à-dire de contrer l’ultra-économisme qui réduit désormais l’individu à sa seule valeur comptable ou marchande. Et plus encore, la crise écologique qui exige plus que jamais que la collectivité intervienne et donne à cette intervention une nouvelle légitimité. C’est pourquoi je parle d’éco-socialisme, non seulement parce que celui-ci doit nous permettre d’intégrer dans nos politiques une autre approche de la croissance et de la place de l’Homme dans la société et dans l’entreprise ; mais aussi parce que le défi écologique nous donne la justification qui manquait jusqu’alors aux socialismes face à la victoire du libéralisme depuis la chute du Mur pour justifier un retour en grâce des instruments de l’intervention publique pour autant, naturellement, qu’ils soient déterminés d’une manière démocratique.
Un livre de plus, écrit par un socialiste diront certains ?
Oui, sans doute, mais c’est un livre qui a pour objet de faire le point, à un moment donné de notre histoire sur ce qui fait l’identité des socialistes. Il y a aujourd’hui un adjectif « socialiste », il n’y a pas de substantif : le mot socialisme s’est peu à peu privé de contenu. Il m’a semblé que c’est en remontant le fil de son histoire, des grands débats doctrinaux autour du rapport du socialisme à la démocratie, à la Nation, à la solidarité, que l’on pouvait progressivement faire émerger des réponses pour aujourd’hui.
Qu’est-ce que l’idée socialiste ?
Pour beaucoup, le socialisme se confond avec l’égalité. C’est une notion trop générale et trop vague. Si l’on veut bien remonter l’histoire du socialisme, on s’aperçoit que celui-ci est né en réaction aux conséquences sociales et morales de la révolution industrielle. Face au désordre provoqué par celle-ci, les socialistes les uns après les autres se sont voulu porteurs d’une volonté d’organisation, pour les uns répondant aux lois de l’histoire qu’ils auraient découvertes, pour d’autres s’inscrivant simplement dans une volonté différente de mise en place d’une société donnant la priorité à la coopération ou à l’association. C’est bien ce souci d’organisation qui doit conduire aujourd’hui les socialistes à préférer la régulation de la mondialisation aux excès provoqués par l’ultra-économisme. Cette volonté d’organisation ne saurait se concevoir sans la démocratie ; elle ne peut avoir d’autre objectif que la justice et l’épanouissement de l’individu.
Vous développez le concept d’ « éco-socialisme », pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous sommes les héritiers d’une histoire. Quant à l’issue de l’ensemble de ce processus long de deux siècles, il me semble qu’il débouche assez naturellement sur ce que j’appelle l’éco-socialisme. Cette volonté d’organisation peut aujourd’hui s’appuyer sur un triple besoin : celui de remettre de l’ordre dans les finances mondiales ; celui de répondre à la crise d’humanité, c’est-à-dire de contrer l’ultra-économisme qui réduit désormais l’individu à sa seule valeur comptable ou marchande. Et plus encore, la crise écologique qui exige plus que jamais que la collectivité intervienne et donne à cette intervention une nouvelle légitimité. C’est pourquoi je parle d’éco-socialisme, non seulement parce que celui-ci doit nous permettre d’intégrer dans nos politiques une autre approche de la croissance et de la place de l’Homme dans la société et dans l’entreprise ; mais aussi parce que le défi écologique nous donne la justification qui manquait jusqu’alors aux socialismes face à la victoire du libéralisme depuis la chute du Mur pour justifier un retour en grâce des instruments de l’intervention publique pour autant, naturellement, qu’ils soient déterminés d’une manière démocratique.
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La Cité des livres
vous invite à un débat suivi d'une dédicace avec
Gaetan Gorce
autour de son livre
L'avenir d'une idée
Une histoire du socialisme
(Edition Fayard 2011)
Lundi 3 octobre 2011, 18h45
Infos pratiques
Entrée libre sur inscription à [email protected]
12, Cité Malesherbes, 75009 Paris
Accès par la rue des Martyrs. Il suffit d'appuyer sur n'importe quel bouton du digicode pour ouvrir la grille d'entrée à la Cité.
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Tiré de mon dernier livre, l'avenir d'une idée, chez Fayard.
Au moment où se multiplient les ouvrages de circonstance, sorte de vague circulaire politique au service de stratégies de communication, je me suis pour ma part efforcé, à la veille d'échéances décisives, de réfléchir sur ce qui fait la spécificité de l’idée socialiste. Récusant la "facilité" des programmes, j’ai voulu me retourner sur notre histoire pour voir quelle porte sur l’avenir elle nous permettait de réouvrir ! Certes, le temps est loin où les leaders socialistes savaient faire vivre cette culture politique ! La faire renaître est indispensable si l’on veut réaffirmer face au libéralisme et à l’ultra-économisme la place de l’idée socialiste dans l’espace intellectuel.
Le socialisme est autant un héritage qu’une promesse !… Lui fixer rendez-vous, c’est se placer au croisement de trajectoires multiples, philosophiques et politiques qui n’ont eu de cesse de se mêler et de s’entremêler au cours des deux derniers siècles. L’économisme qui règne aujourd’hui partout en maître et que seule la sociologie s’efforce de contrebalancer, nous a fait perdre de vue l’impossibilité de se projeter vers l’avant sans un retour sur soi.
Dès lors à la question « qu’est-ce que l’idée socialiste ? », posée en vain à d’innombrables reprises, dans d’innombrables ouvrages, il nous a semblé que la réponse devait être recherchée dans l’histoire : c’est en faisant renaître les grands débats doctrinaux qui l’ont fait émerger et qui l’ont progressivement dessinée, que l’on pourra redéfinir son identité et démontrer son actualité.
Aussi pourra-t-on affirmer sans l’ombre d’une hésitation, que si socialistes et sociaux-démocrates d’Europe sont aujourd’hui en panne de projet, c’est certes pour des raisons contingentes, mais c’est d’abord et surtout parce qu’ils ont perdu le fil de leur mémoire politique. Il ne leur suffira certes pas de ressusciter celle-ci pour trouver des réponses adaptées aux défis d’un monde en mouvement. Mais c’est en retrouvant les fondements de ce qui fait leur personnalité, leur singularité politiques, que les socialistes européens pourront dénouer l’écheveau aujourd’hui impossible à démêler, de leurs contradictions.
Aussi, pour retrouver l’esprit du socialisme, ai-je cédé à cette mode si contemporaine et cette fois bien utile, de reconstituer son arbre généalogique. Symbole pour symbole, comment oublier que la politique relève d’abord de l’imaginaire. Celui de la gauche est en pièces. L’angoisse de l’avenir, la religion de l’utilité, la dévalorisation de l’engagement public, ne constituent certes pas un environnement favorable à ceux pour qui, la générosité comme la justice ont gardé quelques lettres de noblesse. Mais les mots, fussent-ils entourés d’emphase, sonnent creux lorsque l’on s’avère incapable d’en définir le contenu. Et si l’on peut se réjouir que les valeurs démocratiques soient tombées dans le domaine public et devenues le fonds commun de (presque) tous les partis en Europe, c’est au prix d’un affadissement qui leur ôte désormais tout véritable impact.
D’où la nécessité de faire cet effort, comme une gymnastique de l’esprit, de dépasser les items, de bousculer les totems, pour redéfinir les concepts qu’ils couvrent. Aussi, comme jadis, ne saurait-on trop recommander, pour préparer la Réforme, d’en revenir aux Premiers livres (et dans leur version originale). Trop d’interprétations se sont interposées ; trop de traductions en ont été faites que l’on n’éprouve le besoin, voire la nécessité de ressortir archives et grimoires. S’y trouvent quelques poussières de vérité que nous aurons garde d’épousseter.
Il est curieux, d’ailleurs, que le chemin reste ainsi à défricher. Les histoires du socialisme ne manquent pas : mais toutes débutent avec celles des congrès pour se clore dans les palais, de la naissance des grands partis ouvriers à leur passage au pouvoir. L’on s’y focalise sur telle ou telle personnalité, telle ou telle faction, tel ou tel évènement comme si l’idée socialiste était une donnée, fixée une fois pour toute, le plus souvent à la suite de Marx et de ses épigones. Comme s’il n’y avait ni avant, ni après. Aussi, ai-je choisi de replacer l’idée socialiste dans le cours des évènements qui l’ont affectée, modelée, ciselé, modifiée, burinée.
Au lieu de l’apathie intellectuelle qui règne aujourd’hui, j’ai trouvé dans ma recherche le formidable bouillonnement d’une pensée vivante. Cette « Via Appia » que constitue l’histoire du socialisme est bordée de formidables monuments moins ravagés par le temps qu’il n’y paraît au premier abord : progrès, harmonie, égalité, justice, réforme, révolution, liberté, démocratie, humanité cohabitent selon des architectures parfois changeantes. Même si la violence a pu y tailler sa place, l’on n’y trouve que peu de traces de cynisme ou de cupidité. De tout temps et malgré d’inévitables errements, les socialistes cherchent les voies et les moyens du bien commun. Ceux-ci ont pu parfois leur apparaître sous les traits d’une science ou d’un prolétariat triomphants ; d’autres ont pu considérer qu’indiquer une direction comptait plus que le point d’arrivée. Mais tous se sont efforcés de répondre à cette question lancinante : comment associer l’ordre à la liberté et créer une société qui, dégagée du carcan de la Tradition comme de l’Autorité, puisse fonder son unité sur l’égal respect dû à chacun.
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