Discussion sur le projet de loi visant à jumeler chaque école française avec une école de l'Union européenne
Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, Mes chers collègues, Comment ne pas se féliciter de l'usage qui fait que la proposition adoptée par le Parlement des Enfants est chaque année soumise ensuite à l'approbation de notre assemblée ? Quelle meilleure façon de témoigner de l'intérêt et de l'implication de milliers d'élèves ? Comment mieux valoriser leur travail, leur réflexion, leurs suggestions ? Aussi je me réjouis de l'opportunité qui m'est offerte aujourd'hui et qui témoigne au fond des nouvelles frontières que nous cherchons à donner à la citoyenneté. Celle-ci est en crise. La notion même d'intérêt général paraît floue. Une des questions les plus lourdes qui nous est posée est bien celle de savoir comment redonner confiance dans l'autorité et la légitimité de la norme ! L'évolution de notre société bouscule notre conception traditionnelle qui faisait de la norme une règle imposée du haut par le seul effet de débat législatif et supposée tirer de son vote sa seule légitimité. Trop de lois de circonstance ; trop de textes techniques qui galvaudent l'expression de la souveraineté nationale ; trop de concentration du pouvoir aussi, isolant les pouvoirs publics du reste de la société, ignorant les exigences de la concertation la plus élémentaire pour nourrir inévitablement le doute sur le sens, la portée et l'autorité de la loi ! Plus que jamais, nous devons à l'avenir réserver la loi à l'essentiel ! Plus que jamais, nous devons à l'avenir précéder son intervention de la consultation la plus large, plus transparente, ce qui pose la question des formes de la participation citoyenne ; mais aussi de la pertinence d'institutions dont le rôle n'apparaît plus clairement comme notre haute Assemblée et le Conseil Economique et Social dont la réforme est plus qu'urgente.
Plus que jamais, nous devons à l'avenir favoriser la délibération, rénover notre travail parlementaire, limiter le poids des lobbies comme celle de l'administration, pour donner à notre démocratie parlementaire le caractère d'un vrai débat citoyen, ce qui supposerait aussi que nous sachions peut-être revoir une procédure législative trop formelle, trop lourde, inadaptée à notre temps.
Réjouissons-nous dès lors de cette intrusion dans nos délibérations de cette proposition de loi des enfants de l'école à préciser.
D'autant que le sujet qu'elle évoque est riche de conséquences et de développement. Que nos enfants, issus du jumelage entre les écoles de l'Union, c'est-à-dire de l'ouverture sur les peuples de l'Union, l'objet de leurs délibérations est plus qu'un signe encourageant. Une option claire et courageuse, peut-être encore plus engagée et plus forte que nombre de nos réflexions à ce sujet.
L'Europe est plus que jamais notre avenir et c'est notre jeunesse qui nous le rappelle !
La crise internationale que nous traversons en souligne l'actualité. Comment espérer reconstruire un ordre international si l'Europe n'est pas au cœur du processus ? Et comment l'Europe pourrait-elle exercer une influence si elle n'est pas unie et plus intégrée ? Le prolongement naturel de la décision de la France et de l'Allemagne à s'opposer à la guerre doit résider dans une prise d'initiatives pour remettre à l'ordre du jour la question de la construction d'une politique de défense et d'une politique financière commune ; elle doit se traduire également dans un geste d'ouverture en direction des pays candidats injustement fustigés par le chef de l'Etat ; elle doit se concrétiser par un renforcement de l'axe franco-allemand qui doit aller au-delà des propositions faites à Versailles pour réamorcer une démarche plus ambitieuse et disons le, plus intégrée ; elle doit déboucher sur une accélération indispensable des travaux de la convention, la mise en œuvre de coopération renforcée et l'approfondissement de l'Europe sociale garantie de notre cohésion et de l'adhésion durable des peuples. A cet égard, le principe des jumelages qui nous est proposé n'est pas sans soulever d'autres questions sur notre coopération franco-allemande, en premier lieu la question de l'enseignement de nos langues respectives : l'apprentissage de l'Allemand en France et du Français en Allemagne est en chute libre. Devons-nous nous y résigner ? Cette perspective de jumelage n'est pas une invitation à une relance forte sur laquelle Monsieur le Ministre vous pourriez sans doute nous donner quelques indications, voire mieux exprimer une vraie volonté de débloquer de vrais moyens.
Tels sont les sujets, les problématiques que soulèvent ces belles propositions qui réactivent l'idée de l'échange, qui suggèrent de remettre les européens au centre même du projet européen en les rendant acteurs de la construction et de l'intégration européenne.
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