Conseil national du Parti socialiste – Mercredi 16 juin 2004.
Ouvrir une nouvelle voie Je voudrais aborder en quelques mots sur les leçons à tirer du scrutin de dimanche dernier : - d’abord, dans un contexte rendu difficile par l’absence d’une ambition européenne clairement affichée, le recul en France des souverainistes. Notre pays a exprimé clairement, fortement, malgré ses doutes et ses interrogations, une demande d’Europe à laquelle nous devons répondre ! - Ensuite, le formidable risque que fait courir à l’Europe l’inertie du gouvernement et du président de la République. Ce recul de l’ambition européenne, dont l’abstention record de dimanche a été la conséquence, est directement imputable à un exécutif qui laisse s’enliser la construction européenne faute de définir et d’assumer, y compris dans la négociation qui s’achève, des objectifs clairs ! Sur l’Europe comme sur le reste, nous ne devons pas ménager l’immobilisme du locataire de l’Elysée. - Enfin la situation d’influence inédite dans laquelle nous place, après l’élection de Rassmussen à la tête du PSE, notre succès électoral de dimanche. A nous de savoir saisir l’opportunité politique que nous offre le déclin de la « troisième voie », pour nous engager dans un projet résolument européen susceptible de remodeler autour de nos orientations une véritable euro-gauche. Il est impératif que nous sachions investir le PSE suscitant et animant des groupes de travail, avançant des propositions, favorisant le dialogue entre toutes ses composantes pour faire émerger une ambition commune à la gauche européenne. Les faiblesses du compromis sans doute nécessaire qui sera trouvé lors du Conseil européen des prochains jours exigeront de nous non pas que nous réagissions par le refus ou la frilosité, mais en proposant de nouvelles étapes en particulier avec nos amis allemands. Il me semble en effet qu’à la coopération des gouvernements doit rapidement s’ajouter celle de nos deux partis sans naturellement fermer la porte à un partenariat plus large.
Si le 28 mars n'a pas effacé le 21 avril, la Gauche est néanmoins sur la voie du renouveau. A la régénérescence électorale, ajoutons-y la renaissance de nos idées !
La lucidité dont les militants ont su faire preuve lors du congrès de Dijon, en est à l'origine : c'est en étant lui-même, en refusant la résignation comme la surenchère, en tenant à distance la tentation libérale comme la tentation radicale, que notre parti peut continuer à retrouver le chemin de la victoire.
Mais comment nier le malaise de notre pays sujet à de brusques retournements électoraux dont nous pouvons être alternativement bénéficiaires ou victimes. C'est ce mal, qui travaille notre pays depuis trop longtemps, qu'il nous faut combattre pour transformer un vote de rejet en une majorité de projet.
La vraie question, pour nous, n’est pas celles des alliances mais celle de bâtir un projet en phase avec les attentes de notre société.
En effet, notre objectif ne doit pas être simplement de revenir au pouvoir mais d'y revenir pour longtemps et de nous donner les moyens de rompre avec la machine infernale qui fait que depuis 25 ans le succès de la Gauche se construit sur l'échec de la Droite, et vice versa ! Nous devons avoir pour ambition d'inventer un socialisme de gouvernement, durable et capable de réussir une alternance qui dépasse une seule législature.
Pour y parvenir, il faut plus que jamais faire le choix de l'innovation car le danger qui guette la Gauche, c'est de céder aux conservatismes de tout bord.
Il nous faut au contraire changer de braquet, rompre avec le social-technocratisme comme avec le social-radicalisme pour ouvrir une nouvelle voie autour d'idées claires et de pratiques nouvelles, assumer notre engagement européen, placer la croissance et les conditions de celle-ci au cœur de notre projet, faire le choix de la pédagogie et de la vérité.
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