QUESTION AU GOUVERNEMENT SUR LES MESURES POUR L'EMPLOI
M. le président. La parole est à M. Gaëtan Gorce, pour le groupe socialiste.
M. Gaëtan Gorce. Monsieur le Premier ministre, nous ne pouvons nous satisfaire, parce que les Français ne peuvent s'en satisfaire, des réponses qui ont été apportées...
M. Robert Lamy. Les Français socialistes !
M. Gaëtan Gorce. ...aux questions posées sur les mesures pour l'emploi. (" Très bien ! " sur les bancs du groupe socialiste.)
Il est une règle de base en droit comme en politique : nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. Robert Lamy. Vous êtes un expert !
M. Gaëtan Gorce. Les chiffres du chômage que vous citez sont ceux des gouvernements de droite qui se sont succédé et donc du vôtre, monsieur le Premier ministre. Or qui a laissé croître le chômage des jeunes de près de 5 % ? (" C'est vous ! " sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) C'est vous ! Qui a supprimé les emplois-jeunes entre 2002 et aujourd'hui ? C'est vous ! Qui a remis en question la durée du travail ? (Mêmes mouvements.) C'est vous ! Qui a réduit les crédits du budget pour l'emploi ? (Mêmes mouvements.) C'est vous !
S'il y a un problème d'emploi, monsieur le Premier ministre, c'est donc à cause de vous et de votre gouvernement, qui n'apportez pas de solutions adéquates. (" Très bien ! " et applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Jean-Michel Ferrand. Le chômage baisse !
M. Gaëtan Gorce. Le ministre de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement a perdu son sang-froid : c'est du chômage qu'il devrait avoir assez ! C'est contre la situation qu'il laisse que ce gouvernement devrait s'exalter et mobiliser son énergie et ses ambitions !
M. Robert Lamy. Amnésique !
M. Gaëtan Gorce. À quoi, malheureusement, assistons-nous en effet de la part de ce gouvernement - et c'est le regret que je veux exprimer ici au nom du groupe socialiste ? Vous prenez prétexte du chômage et de la situation dramatique dans laquelle vous avez conduit ce pays pour vous attaquer aux droits sociaux et aux protections des salariés. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Jean-Michel Ferrand. La question !
M. Gaëtan Gorce. Il y a dans ce domaine deux manières d'agir : l'une, franche, brutale, la rupture proposée par votre ministre de l'intérieur ; l'autre, plus sournoise,...
M. Jean-Michel Ferrand. La vôtre !
M. Gaëtan Gorce. ...mais peut-être plus efficace, qui consiste à détricoter maille par maille notre contrat social : c'est ce à quoi vous vous employez, mesure après mesure, depuis que votre gouvernement est en place. (Interruptions sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Vous nous dites que vous ne voulez pas d'un partage du travail, comme l'auraient proposé les socialistes.
M. Jean-Michel Ferrand. La question !
M. Gaëtan Gorce. Mais c'est pour mieux partager la précarité, ce qui est inacceptable ! Comment faire croire à nos jeunes que vous allez favoriser leur entrée dans l'entreprise en organisant les conditions de leur expulsion de la façon la plus brutale, sans garanties et sans protections ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
Vous dirigez en fait un " Pepsi-gouvernement " : ce que vous nous proposez a un peu la couleur du social, cela n'a certainement pas l'odeur du social, et ce n'est pas du social ! (" Très bien ! " sur les bancs du groupe socialiste. - Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
L'attitude que vous adoptez, monsieur le Premier ministre, est celle du double langage.
M. le président. Veuillez poser votre question, monsieur Gorce.
M. Gaëtan Gorce. Je conclus, en vous demandant, monsieur le Premier ministre, de méditer ce proverbe bien connu : on peut tromper tout le monde quelque temps, on peut tromper un certain nombre tout le temps, mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps. Votre gouvernement ne fait pas du social. Il fait progresser la précarité, chacun s'en apercevra ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Jacques Desallangre. Merlin l'Enchanteur !
M. le président. Nous avons écouté M. Gorce : écoutez M. le ministre !
M. Jean-Louis Borloo, ministre de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement. Monsieur le député, je vais essayer de ne pas faire " pschitt ", pour reprendre votre exemple. (Sourires.)
Vous auriez pu dire aussi bien que l'on ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment, voire citer tout le dictionnaire des citations, mais on ne fait pas une politique à coup de citations ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Vous parlez de social : qui a conduit, par le partage du travail, à la modération des salaires ? C'est vous ! Qui a augmenté le SMIC de 17 % ? C'est nous ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Augustin Bonrepaux. Vous ne répondez pas sérieusement !
M. Albert Facon. Borloo Pinocchio !
M. le ministre de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement. Je vous remercie d'ailleurs de m'avoir interrogé, monsieur Gorce, car j'avais oublié de vous donner une bonne nouvelle : depuis que l'Agence nationale pour l'emploi existe, le mois où il y a eu le plus d'offres d'emplois en France est décembre 2005, avec plus de 320 000 emplois offerts ! C'est un record historique, tout comme celui de l'année 2005 dans son ensemble. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Mme Martine David. Parlez-nous des radiations !
M. le ministre de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement. Je vois bien que tout cela vous ennuie : le nouveau dynamisme économique, le traitement pragmatique des problèmes, notre fibre humaine et sociale. J'en suis bien désolé pour vous, mais tant pis si cela vous déplaît ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et sur plusieurs bancs du groupe Union pour la démocratie française.)
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