Face aux chiffres du chômage qu’elle a commentés ce matin, j’appelle Madame la Ministre de l’Economie et de l’Emploi a davantage de prudence, de transparence et d’indépendance.
Les chiffres du chômage exigent en premier lieu une grande prudence dans la mesure où ceux publiés par le ministère de l’Economie et de l’Emploi sont une fois encore en complet décalage avec ceux publiés par l’Insee, dont la note de conjoncture de juin 2007 évalue à 9,4% le taux de chômage en France au premier trimestre 2007.
L’enquête Emploi de l’Insee mesure le nombre de chômeurs selon les concepts internationaux définis par le Bureau international du travail (BIT), alors que les données de l’ANPE mesurent le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à l’agence.
Je note que l’écart entre ces deux sources de données n’a cessé de se creuser ces derniers mois en raison notamment de la progression du nombre de chômeurs non inscrits (20% du total) pris en compte par l’Insee et non par l’ANPE. Je rappelle que le tassement des inscriptions à l’ANPE est la conséquence directe des réformes de l’indemnisation du chômage mises en oeuvre à partir de 2003, qui ont réduit la durée d’indemnisation à deux ans et ont donc conduit à une hausse des fins de droits à partir de l’été 2005.
Alors que le chômage reste l’une des toutes premières priorités des Français, la transparence est plus que jamais nécessaire. Le débat public, indispensable à la bonne information de nos concitoyens, doit pouvoir s’appuyer sur des données fiables et incontestables, sauf à nourrir le doute et le scepticisme.
Partisan d’une opposition constructive, je propose au gouvernement de rompre avec ce système et de garantir l’objectivité du chiffre du chômage en en confiant la vérification et la publication à une Commission indépendante.
Une telle initiative constituerait un véritable progrès quant à la qualité et à l’honnêteté du débat public et démocratique.
Gaëtan Gorce
Député de la Nièvre,
Vice Président du Groupe socialiste chargé de l’emploi et du travail
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