Pas de dispute visible, pas de querelle audible, pas de manifestation déplacée de ces vains conflits de pouvoir auxquels nous ont malheureusement habitués ces rassemblements : et c'est tant mieux ! Les rappels à l'ordre que nous avions été nombreux à lancer auront été utiles et les militants seront repartis rassurés sur la capacité de notre parti à résister.
Mais sur le fond ? Morne plaine !
A lire aujourd'hui le discours prononcé par le Premier secrétaire, un esprit peu au fait des affaires du PS aurait pu penser que François Hollande venait tout juste d'accéder à cette belle fonction ... La lucidité avec laquelle il dénonce les travers de la direction n'a d'égale que la passivité avec laquelle il a choisi de ne pas les combattre au cours de ces dix dernières années.
La force de Hollande est là : il sait tout des dysfonctionnements de l'appareil. Mais sa faiblesse est symétrique : il n'a rien fait, et il ne fera rien, pour y remédier. Il excèle dans l'exercice auquel il s'est livré dimanche parce qu'il l'a déjà répété tant de fois. Et pourquoi éprouve t-il le besoin de recommencer, sinon parce que, nous donnant implicitement raison, il n'a plus d'autre ambition aujourd'hui (et il l'a dit dans Le Point) que d'agir pour son propre compte ? La boucle est malheureusement bouclée : si un présidentiable sort, un autre rentre et tout continue comme avant.
On nous a reproché de ne pas être à La Rochelle. Mais y être, c'était une fois de plus, une fois de trop, agréer cette stratégie de l'impuissance. S'en abstraire, c'est encourir le reproche de refuser le combat - nous préférerions le débat - mais celui-ci ne peut plus se limiter à des effets de tribune, à des tours dont chacun connait la malice mais aussi l'illusion.
Croire que l'on puisse résumer la rénovation à des autocritiques bâclées ; penser qu'il suffirait de jeter par dessus bord quelques références devenues trop encombrantes pour faire du neuf, tout cela peut paraître habile sur le moment, mais ne peut rien augurer de bon parce qu'une fois de plus le fond sert de prétexte à des enjeux de pouvoir.
Là est d'ailleurs la faute majeure : croire que le chemin du pouvoir n'emprunte pas celui des idées, penser que l'ambition individuelle n'a plus besoin d'une ambition collective pour s'accomplir ...
L'autre leçon s'adresse à tous ceux qui veulent sincèrement la rénovation : ce n'est parce que celle-ci est nécessaire qu'elle s'accomplira nécessairement. Le retrait de DSK, le repli tactique de Fabius, la distance prise par Ségolène, les précautions de Bertrand Delanoë, tout cela a pour conséquence de laisser à la direction du Parti le champ libre pour manoeuvrer. Il faut donc que celles et ceux qui ne peuvent s'en accommoder se retrouvent pour coordonner leur action, leur expression, leurs objectifs. Et conjurer ainsi la malédiction des Curiaces.
Idéalement, j'aurais aimé que tout ceux qui soutiennent la rénovation qu'a commencé S. Royal y soit ne serais que pour dire à Lienmann notre manière de penser (ce qui fut fait) et rappeller à Hollande qu'il tient depuis 10 ans le parti.
Rédigé par : FP NICOLAS | 06 septembre 2007 à 17:56