Au sortir des législatives, c'était, parait-il, trop tôt ... Au lendemain des municipales, ce sera, à l'évidence, et chaque jour en apporte une preuve supplémentaire, trop tard !
La violence des déclarations de Lionel Jospin ne démontre t-elle pas à l'envie que nous sommes au bout d'une logique où les idées ont laissé place aux égos, à leur aigreur, leurs amertumes. N'est-il pas temps d'en tirer les leçons, de rompre avec le faux consensus qui prévaut à la tête du parti, cet attentisme mortifère, pour remettre en question à la fois le calendrier et la responsabilité du Premier secrétaire, qui n'en est pas à une contradictions près !
Contradiction tout d'abord
entre la promesse de rénovation et la continuité des méthodes. Si j'avais demandé en juin la démission collective de la direction, ce n'était pas pour mettre en cause la personne de François Hollande, mais parce que je reste convaincu que pour être assuré et crédible à l'égard de l'opinion, le changement doit être porté par une équipe nouvelle. Je continue de penser qu'un changement de fond et de ton suppose, appelle, impose un changement de direction.
Comment concilier ensuite la promesse d'un débat ouvert avec la tentation, présente à La Rochelle, d'en disqualifier a priori une partie des participants. Peut-on inviter au changement et reprocher à ceux qui peuvent en avoir une vision différente de ne pas aimer suffisamment leur Parti ? Et peut-on sérieusement appeler à réfléchir aux questions de fond pour dresser dans le même temps la liste des sujets tabous ?
Je comprends naturellement le dilemme de la direction : accepter une véritable rénovation, c'est reconnaître l'échec de son bilan ; la récuser, c'est donner le sentiment de s'enferrer. Mais sert-on, avec de tels arguments, le changement promis ou plutôt la conservation ?
La troisième contradiction réside dans la distorsion entre la gravité de la crise que nous traversons et le peu d'attention qui lui est, en réalité, portée. La gauche traverse une crise d'identité profonde amorcée à la fin des années 80 et qui appelle une révision radicale de notre manière de penser le monde et la société d'aujourd'hui. La rénovation n'est donc pas une mode qu'il faudrait suivre, ou une concession qu'il faudrait faire, mais une exigence politique. Elle impose que nous abordions les sujets pour eux-mêmes et non avec l'intention de s'en servir les uns contre les autres.
Prenons l'hypothèse d'une droitisation de la société française à laquelle une partie de la gauche pourrait être, paraît t-il, tentée de succomber. Si on y regarde de près, on s'aperçoit au contraire que les Français plébiscitent les valeurs de Gauche que sont l'humanisme, la tolérance, l'égalité, mais aussi, c'est vrai, l'initiative et le mérite. Et que s'ils continuent à se placer assez facilement sur une échelle droite/gauche, sans que la Gauche ait d'ailleurs à en pâtir, c'est pour, dans le même mouvement, exprimer leur défiance à l'égard de la capacité du PS à répondre à leurs attentes. C'est donc moins à un basculement à droite de l'opinion auquel nous assistons qu'à un décalage du discours traditionnel de la Gauche par rapport à elle. D'où la nécessité de moderniser et de refonder le clivage gauche/droite, ce qui relativise du même coup les reproches de « droitisation » adressés à celles et ceux qui y invitent. A s'y refuser, le risque n'est-il pas de recréer une opposition mortelle entre un PS de l'extérieur, tourné vers les réalités de la société, et un PS de l'intérieur, ayant tendance à les nier ?
Enfin, la quatrième contradiction, déroutante, porte sur la méthode retenue : entre le respect, invoqué, du parti et le refus de consulter ses adhérents. Ils n'ont pourtant jamais été aussi nombreux ! Or à bien y regarder, ils ne seront au mieux associés aux décisions qu'un an après notre défaite de mai/juin 2007 ! L'ouverture du Parti ne devrait-elle pas au contraire s'accompagner d'une démocratisation forcenée de nos pratiques et de nos procédures ? A ce rythme, combien d'adhérents, d'ici l'été 2008, nous auront quittés ?
Mais peut-être faut-il trouver la réponse à ces questions dans une ultime contradiction qui résout toutes les autres : l'annonce simultanée d'un travail collectif et l'émergence de nouvelles ambitions présidentielles, à commencer par celle de François Hollande lui-même ? Ce n'est pas l'idée que nos leaders se font de leur avenir que je discute mais la confusion des genres dont le Parti a trop souffert et dont il a plus qu'assez. Comment ne pas redouter dans ce contexte que, comme en 2002, le processus annoncé, déjà bien modeste, soit en réalité à nouveau détourné de son objet ?
Collégialité, clarification, consultation : tel est le leitmotiv autour duquel reconstruire notre parti. Chacun de ces termes est malheureusement en opposition avec les orientations actuellement suivies. On me fera le crédit de penser que c'est justement parce que j'aime le Parti socialiste que j'estime avoir le droit et sans doute aussi le devoir de les contester ...
Gaëtan je crois que tu as raison lorsque tu dis que l'important aurait été de commencer par réformer les statuts du PS en profondeur. Faire rentrer la démocratie participative dans ses rouages pour huiler l'information, pour fluidifier la discussion et pour adhérer à la décision. Il faut que le PS s'ouvre déjà sur ses militants s'il veut s'ouvrir sur la société.
Amitié socialiste.
Rédigé par : asse42 | 30 septembre 2007 à 23:44
Je sui tout à fait d'accord avec toi Gaetan, il faut que sa bouge. Le maitre mot du Parti socialiste actuellement est l'immobilisme après tros defaites électorales d'affilées. Le plus amusant est que françois hollande à la rochelle, c'est proclamé en novateur alors que cela fait 10 ans qu'il est présent. Le parti socialiste ne peut plus se permettre de s'opposer continuellement mais proposer commme toi tu le fait. Il faudrait que les dirigeant s'inpire de toi pour apporter des propositions concrétes. Merci gaetan et bon courage a toi.
Rédigé par : MAXENCE | 30 septembre 2007 à 09:53
Et bien enfin un discours clair et resonné d'un élu ! Je commençais à desespérer en voyant nos "dirigeants" passer leur temps à se critiquer les uns les autres (comme ce cher Jospin qui m'a grandement déçu)
Continuez à affirmer vos idées, la rénovation ne peut se faire que comme cela !
Rédigé par : Vincent | 29 septembre 2007 à 20:58
Bonsoir,
Bien sûr que je me retrouve encore dans vos propos.
Pourriez-vous Gaëtan, explicitement définir, décortiquer les thèmes à aborder à bras le corps pour faire face aux réalités ? Les verrous qui relèvent du dogme, et qu'il faut faire sauter ? Aller plus loin dans la démystification (démythification aussi!!!) de la "droitisation" invoquée par les conservateurs ?
Ce serait important pour des e-militants d'avoir un argumentaire fouillé et concis de votre part, vous qui avez le regard fulgurant sur tout ce qui nous entoure. On a besoin de "biscuits".
Et l'évolution sociologique en France depuis 20 ans ? à écouter :
http://www.marianne2007.info/Christophe-Guilly-La-gauche-n-arrive-plus-a-mobiliser
vidéo posée dans Marianne le mercredi 27 juin 2007
propos recuillis par Sylvain Lapoix
Christophe Guilly est le co-auteur avec Christophe Noyé de l'ATLAS DES NOUVELLES FRACTURES SOCIALES EN FRANCE, paru aux éditions Autrement en 2004
Pourriez-vous rédiger un prochain billet sur ces questions ?
Robert, l'âge au fond n'est pas toujours un argument : des jeunes sont parfois des vieillards insupportables : R.Hammadi, bruno Julliard.... Le plus grave étant qu'Hollande va les promouvoir pour augmenter le nombre de ses obligés. Et des socialistes plus âgés sont par contre d'une lucidité et d'une capacité d'analyse (sans parler de leur profondeur par leur culture)à ravir ! des perles rares pour le PS : Bianco, Peillon (jeune tout de même !)...
Merci d'avance
AS
PS (si je puis dire):
vous savez, je pense que le pauvre Jospin qui n'a pas encore entamé l'esquisse du début d'un deuil de ses échecs, est non seulement pathétique, mais finit de faire prendre conscience à bien des électeurs ce que Royal a dû subir!
Ca et Besson, Allègre, Jouyet...and co.
Hier un "politiques" élogieux de Duhamel sur Jospin dans les Rebonds de libé. De profondis !
On est en devoir et droit de conseiller à Lionel et Sylviane Jospin une thérapie de couple.
Rédigé par : le concombre masqué | 27 septembre 2007 à 23:09
Encore une fois d'accord avec GAETAN pour constater la GRAVITE de la crise et le peu d'attention qui lui est portéé.Hélas notre PS est en jachére!Tu dis changement de fond impose un changement de direction.D'accord,mais comment fait-on?Quant?Pour moi seul un congrés peut donner une nouvelle direction.Avec MONTEBOURG?VALLS? etc...JE n'y suis pas opposé! MAIS ,comme dirait mon voisin,ce ne sont pas des poulets de l'annéé!
Rédigé par : ROBERT | 27 septembre 2007 à 15:02