Le Président de la République s'efforce résolument, depuis des mois, d'affaiblir l'opposition. Un jour il rameute certains de ses dirigeants en mal de maroquin. Un autre il ouvre des pistes de débat, en particulier sur les institutions, dans lesquelles les Socialistes s'engagent aussitôt en rangs dispersés ... Tout cela résulte à l'évidence d'une stratégie délibérée.
Le Parti socialiste n'a pas su, bien que la question lui soit posée maintenant avec insistance depuis la composition du premier gouvernement d'ouverture, trouver la parade. Il se persuade, faute de mieux, que
la dégradation visible de la situation économique et financière aboutira inéluctablement à un retour de balancier qui lui serait favorable.
Ne serait-il pas temps de choisir une autre stratégie qui ne soit pas déterminée en fonction de l'adversaire (c'est à dire en réalité par lui) mais à partir de l'idée que nous nous faisons nous-mêmes des choses ?
Ce qui suppose d'assumer nos objectifs qui sont aussi ceux de la réforme : la gauche, si elle était revenue au pouvoir, aurait dû engager des transformations profondes pour soutenir la croissance, assurer l'avenir de notre système de protection sociale, etc. Elle ne peut donc reprocher aujourd'hui à Nicolas Sarkozy de s'être emparé de ces sujets. Ils font partie intégrante de tout agenda politique responsable. Ce n'est donc pas le principe des réformes qu'il faut contester, mais leur modalité, leur contenu et, surtout, leur inadéquation aux ambitions affichées.
Prenons l'exemple du dossier européen. Ne voir dans le Traité simplifié qu'une manoeuvre supplémentaire destinée à diviser les Socialistes reviendrait à faire preuve d'une paranoïa aiguë. Dramatiser ce débat, comme certains s'emploient déjà à le faire, aurait paradoxalement pour résultat de servir sur un plateau à N Sarkozy le spectacle d'une Gauche divisée. Le Traité simplifié doit être pris pour ce qu'il est : un accord a minima permettant de débloquer une situation figée depuis plus de deux ans. Ce qui compte, c'est donc moins le traité lui-même que les perspectives que ce déblocage peut à nouveau offrir à l'Europe et sur lesquelles la Gauche devrait à la fois interpeller le gouvernement et préciser ses orientations.
Que deviendra le projet de Défense européenne ? Où en est l'idée d'une coopération renforcée sur la fiscalité des entreprises ? Comment obtenir le renforcement de l'agenda social européen ? La question abordée ainsi, la solution s'impose d'elle-même : c'est parce qu'il s'agit d'un mini traité, délesté au passage de la partie III de l'ancienne constitution honnie par une partie des Socialistes, qu'il est possible de l'approuver sans recourir au référendum. Il nous faudra en revanche nous montrer à cette occasion ambitieux et convaincants sur le contenu d'un projet européen qu'il faut maintenant redéfinir.
C'est à cela que nous devrions nous employer, y compris au sein du PSE, plutôt que de nous égarer dans la recherche de compromis bancals et, au total, peu glorieux.
La question n'est pas de savoir si nous aurions fait mieux. Elle est de dire ici et maintenant comment faire pour aller plus loin.
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