Nicolas Sarkozy a t-il réellement l'intention d'engager des réformes de fond susceptibles de réconcilier notre pays avec l'avenir ? A bien considérer la méthode qu'il emploie à propos des régimes spéciaux, la réponse, à l'évidence, est non !
D'abord, parce qu'il a délibérément décidé de placer l'État au coeur du processus, au détriment de la négociation sociale, invitée seulement à avaliser, et un peu à amodier, la volonté présidentielle.
Ensuite, (...)
parce qu'il a choisi un calendrier qui visait d'abord à déconnecter la discussion sur les régimes spéciaux du grand rendez-vous sur les retraites de 2008, quitte à laisser de côté au passage les sujets communs, comme par exemple la pénibilité, et à laisser penser que la crise des régimes spéciaux était à l'origine des déficits des régimes des retraites. Ce qui est loin de la réalité !
Enfin parce qu'il a placé, compte tenu de cette stratégie, les syndicats dits « réformistes », ou les leaders tentés par cette orientation, dans une situation impossible et qu'il a ainsi contribué à les affaiblir profondément. Ce faisant, il a pris le risque de se priver d'interlocuteurs responsables pour les prochaines étapes, montrant bien par cela même qu'il n'inscrit pas son action dans la durée. Ce qui importe pour lui, c'est obtenir un résultat médiatique, quelque soit le contenu de ce résultat.
Il est clair que Nicolas Sarkozy veut d'abord, non réussir une réforme juste et efficace, mais remporter une victoire politique. En témoignent ses multiples déclarations dans lesquelles il insiste sur le fait qu'il ne « cédera pas », montrant bien la nature de l'affichage qu'il souhaite réaliser.
Cette victoire, il pense en avoir besoin en raison de la faiblesse de la croissance, des tensions sur le pouvoir d'achat et du mécontentement lié au climat économique. Cette victoire n'a d'autre objet que de conforter son image. Elle n'est à l'évidence pas motivée par le souci de réformer en profondeur la société.
Une partie de la France croit avoir élu un président décidé à agir. Elle n'a en réalité à sa tête qu'un homme habile et déterminé seulement à servir sa propre cause.
Bonjour,
Je viens de vous écouter à "questions d'actu" sur LCI, avec Meeus du Figaro et Stéphane Le Foll.
Vous y avez été tout simplement
--------E-X-C-E-L-L-E-N-T !
Que de militants, d'adhérents, d'électeurs du PS pensent ce que vous avez si bien formulé !
*
Le Foll raisonne en fonction de l'appareil, il ne sait plus que le PS est constitué d'adhérents... C'est inouï ! Quelle misère !
PS: je vous adressé un mail...
Rédigé par : le concombre masqué | 27 novembre 2007 à 18:55
Je partage les précédents commentaires sur la stratégie de notre Président en ajoutant que le pire est que les dispositions envisagées pour ramener tous les français à 40 ans de cotisations ne règlent en rien le financement des retraites et que les prolongations déjà annoncées ne suffiront pas non plus. Tant qu'on ne prendra pas l'argent là où elle est c'est à dire sur les capitaux accumulés par les spéculateurs qui mettent à mal notre économie,la situation des travailleurs en mal de salaires insuffisants et des retraités qui ne peuvent compter que sur la répartition ont raison de s'inquiéter de leur avenir. La vraie réforme consisterait à élargir l'assiette des cotisations mais de cela Sarkosy n'en parle pas. Hélas!
Rédigé par : Pommier Jean | 25 novembre 2007 à 06:37
SVP, il faut d'abord s'occuper de ça!
"Rebond" dans Libération du 23 novembre 2007
Massacre du code du travail dans le silence général
samedi 24 novembre 2007 par Gérard Filoche
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Le code du travail va être réécrit en quelques heures à l’Assemblée nationale, le 27 novembre et le 4 décembre.
En 2005, une commission de cinq « rédacteurs » avait été mise en place et il était prévu de publier le nouveau code en mai-juin 2006 si la grande mobilisation victorieuse contre le CPE ne l’avait empêché. Au forcing, l’UMP a glissé dans la loi « sur le développement de l’actionnariat salarié », publiée le 30 décembre 2006, un « cavalier parlementaire », l’article 57, renouvelant les délais du 1er janvier au 30 septembre. Puis le ministre Gérard Larcher a annoncé qu’ils allaient le passer avant la présidentielle. Tous les syndicats ont protesté : « Ne faites pas de coup de force, pas à marche forcée ! » Mais Larcher, Villepin, Chirac et Sarkozy l’ont imposé quand même, le 7 mars, en Conseil des ministres. On a donc pu, dans ce pays, en dépit de l’opposition totale des syndicats, changer le code du travail de fond en comble.
On est, depuis le 1er octobre, dans une zone de non-droit : quel code s’applique, l’ancien ou le nouveau ? La partie réglementaire serait prête le 1er janvier 2008, applicable le 1er mars 2008 au plus tard. La partie législative n’entrerait, semble-t-il, mais c’est contesté, en vigueur qu’à ce moment-là.
Sur le fond, ils n’ont rien simplifié, ils ont complexifié : « Plusieurs mois, voire plusieurs années seront sans doute nécessaires pour que ce nouveau code révèle tous ses secrets », a reconnu Christian Redé, l’un des cinq rédacteurs du « comité d’experts ».
Il y avait 271 subdivisions, on en arrive à 1 890. Il y avait 1 891 articles de loi, il y en a 3 652 ! Ils ont déclassé près de 500 lois en décrets modifiables à l’avenir… sans repasser par le Parlement. Ils font s’écrouler toutes les jurisprudences, abrogent des articles clés, restructurent le fond théorique et pratique du code. Tout est modifié. Dans les questions d’hygiène, de santé, de sécurité, les obligations des employeurs sont devenues un élément avec « les obligations des travailleurs » faisant partager les risques et responsabilités avec les salariés – ce qui est un recul décisif d’un siècle !
Certaines catégories de salariés sont externalisées vers d’autres codes : salariés agricoles, assistants maternels, salariés du transport, des mines, de l’éducation, marins, dockers. Les contrats de travail sont de plus en plus précaires avec la permissivité à l’égard du marchandage du prêt de main-d’œuvre : intérim et CDD, salariés détachés, pigistes, indépendants, etc. Les moyens de contrôle de l’inspection du travail sont démantelés, ainsi que les obligations d’information de l’employeur (registres, affichage). On a une quasi-suppression du droit pénal du travail : plus de sanctions prévues en récidive pour les employeurs. Les prud’hommes sont quasi supprimés, le nombre de délégués baisse. La question de la durée du travail est renvoyée à la partie « salaires ».
L’apprentissage a été chassé de la partie « contrat de travail » pour être renvoyé à la formation professionnelle. Le droit de grève a été introduit dans la partie « négociation collective » alors que c’est un droit constitutionnel non négociable. L’inspection du travail, indépendante des gouvernements en place du fait de la convention 81 de l’Organisation internationale du travail, a été renvoyée dans la partie « administration du travail ».
Tous les professionnels – syndicalistes, inspecteurs du travail, juristes, avocats, magistrats – signent des pétitions, des appels contre ce massacre. Des recours devant le Conseil d’Etat ont été déposés contre cette étrange procédure, alors le gouvernement envisage de passer par l’Assemblée plus tôt que prévu : le 27 novembre en commission. Ce n’est pas un classique débat parlementaire, il s’agit de ratifier une ordonnance. On peut encore rétablir ce qui a été supprimé (nous avons fait le travail, avec quelques inspecteurs du travail, et proposons environ quatre cents modifications pour réintroduire le droit constant).
Le code du travail, c’est le droit le plus intime, le plus quotidien, pour seize millions de salariés du privé, mais aussi le droit le moins connu, le plus contesté, le plus fraudé. C’est la base de l’Etat de droit dans l’entreprise. C’est le seul droit qui protège – trop fragilement – et contribue à fixer le coût de la force de travail de 91 % de la population active.
C’est un droit évolutif, élaboré en cent trente ans, avec des hauts et des bas, minutieusement, sous l’impact des luttes sociales et politiques. Chaque ligne, chaque article, chaque alinéa représente de la sueur et des larmes, des souffrances et des grèves, des victoires et des échecs, produits de toute l’histoire des mouvements sociaux de notre pays. C’est un texte de notre droit qui ne devrait pas être réécrit. Ce qui est effrayant, c’est le silence général, déterminé, étouffant sur une telle affaire. Pas de une. Pas de débat. Pas d’explication. Motus et bouche cousue de tous. Il paraît que c’est « trop compliqué » pour « intéresser les gens » alors que la vie de seize millions de salariés en dépend et qu’ils savent, souvent instinctivement, ce qui va en résulter pour eux : des conditions de travail dégradées, une souffrance accrue, une protection moindre, des salaires bloqués et des droits syndicaux diminués.
http://www.democratie-socialisme.org/article.php3?id_article=1347&titre=Massacre-du-code-du-travail-dans
Rédigé par : superpado | 25 novembre 2007 à 02:12
@ carlo
- pas de polémique stérile : on arrête là,vous voulez bien ?
- "comment se fait-il que le PS n'ait pas soutenu le mouvement de grève" ?
1) comme le PC, le PRG....Ceci relève du syndical
2) par ailleurs, des prises de position PS claires et nettes ont été apportées, mais....
Si le PS est inaudible, ne pensez-vous pas que les médias aient quelques responsabilités ? A qui appartiennent-ils ?
L'objectivité des médias et leur souci d'informer, à la mode Mougeotte, A.Chabot, PPDA, N.Beytout,le Nouvel Obs...et consort, vous laissent de marbre ?
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Reportez-vous aux sites du PS, aux blogs de GG ou autres, à des interviews même si le journaliste est d'un parti pris qui fait grincer les dents.
Exemple:
Dans le NO, Matthieu Croissandeau a interrogé Vincent Peillon. Titre :"pourquoi le PS est inaudible" du jeudi 22 novembre.
3) par ailleurs, brasser du vent comme Olivier Besancenot, est-ce bien la solution pour les classes populaires ?
AS
Rédigé par : le concombre masqué | 24 novembre 2007 à 19:39
Très juste, reste à opérer cette démystification de sarkozy sur les médias nationaux.
Je sais que c'était l'objet d'une rencontre intitulée "refonder le clivage droite-gauche" organisée par vous récemment. Mais ce qui ressort de la démarche de Manuel Valls, vous-même et quelques autres est une volonté de démarcation plus forte en interne du PS que vis à vis de la droite.
Je crois aussi pertinent de produire un discours spécifique sur la personnalité qui est au pouvoir, qui est criticable, par biens des aspects, sur des éléments distincts de ceux de la droite en général.
la construction de la "marque" sarkozy coute très cher à la france.
Rédigé par : Martin P. | 24 novembre 2007 à 11:32
Pourquoi en sommes- nous là ? La faute à qui ? "Le peuple a-t-il ce qu'il mérite ", bien sûr que non, encore que ...
Aujourd’hui nous devrions être en cohabitation avec un Président-arbitre et Nicolas Sarkozy, 1er Ministre d'un gouvernement de droite que le Président-arbitre pourrait remercier en dissolvant l'Assemblée Nationale.
François Hollande a joué au poker avec les élections Présidentielles et Législatives comme Jospin en 2002. Il a couru deux lièvres à la fois et est revenu bredouille comme Lionel qui avait été conseillé par... François Hollande sur cette option politique désastreuse.
Le peuple apprend ainsi à ses dépens "qu'un tien vaut mieux que deux tu l'auras" et ces deux dictons seront à nouveau d'actualité en 2012. Le PS tentera-t-il encore le hold-up sur les deux élections d'un coup dans une France dont un 1/3 est à droite, 1/3 est à gauche et un 1/3 ailleurs ou nul part. Le clivage gauche-droite n'est plus pertinent pour revenir au pouvoir pas plus que l'adage " qui gagne les Présidentielles, gagne les Législatives d'office " dans la foulée qui ne marche que pour .....la droite dans une France qui n'est pas majoritairement à gauche et pour longtemps.
La France doit prendre le virage de la mondialisation avec solidarité et justice. Sarkozy n'est pas l'homme de la situation car c'est un homme de rupture alors que le pays a besoin d'un homme ou d'une femme de consensus, un arbitre en vérité.
En 2012, commençons par désigner un arbitre aux Présidentielles avec un programme de référendums pour réformer le pays et tempérer 5 nouvelles années de droite au pouvoir.
Au niveau du PS, refondons le Parti en rénovant nos statuts en priorité et parlons Programme Minimum pour les Présidentielles (PPM) de 2012. Le programme pour les Législatives viendra ensuite si nous gagnons ces premières élections. Ne brûlons pas les étapes sinon nous aurons à nouveau pour 2012, un homme de rupture au lieu de consensus dont le pays a besoin.
Si nos ne jouons pas la carte du président-arbitre, d'autres candidats comme Bernard Kouchner ou un grand patron, la joueront en 2012 et on pourrait retrouver la 3ème place aux Présidentielles, voire la 4ème !
Rédigé par : Ryden | 24 novembre 2007 à 11:02
Si "la crise des régimes spéciaux [n'est pas] à l'origine des déficits des régimes des retraites", comment se fait-il que le PS n'ait pas soutenu le mouvement de grève?
@ concombre masqué
Chacun pourra juger lequel de nos deux précédents commentaires est le plus simpliste.
Rédigé par : carlo | 24 novembre 2007 à 10:31