Dans un article que vient de publier Libération, Arnaud Montebourg propose « Trois remèdes pour sauver le PS ». L'interpellation suggère à juste titre que notre Parti est gravement malade et le diagnostic se veut sans appel sur la situation actuelle et la responsabilité de ceux qui concourent à la perpétuer. Il y aurait donc, selon Arnaud, et j'en suis d'accord, urgence. Urgence absolue même ! D'où l'importance d'avancer des propositions sur lesquelles s'accorder pour inverser la tendance.
Et d'abord en restaurant l'autorité de la direction. François Hollande a porté jusqu'à
l'extrême le goût du compromis qui, au delà de la virtuosité, a fini par paralyser le Parti socialiste, le condamner à l'inertie. Sans doute cela tient-il pour une part à son tempérament, aussi à son esprit tactique. Mais voyons-y surtout la conséquence d'un « système » l'obligeant à composer avec les uns et les autres. Et c'est là que la démonstration d'Arnaud, qui a raison de prêcher pour un vrai leadership, s'affaiblit. Comment en effet remettre le Parti au travail en le dotant d'un vrai leader si on commence par lui en disputer les moyens et la légitimité ?
Les moyens, puisque refuser la présidentialisation du Parti, récuser le scrutin majoritaire, c'est, par contrecoup, pérenniser la proportionnelle qui ne sert plus aujourd'hui qu'à protéger des clans, des intérêts, des rentes de situation, beaucoup plus que des sensibilités. Il faut le dire tout net : moderniser notre Parti, en faire un véritable outil de réflexion et de propositions, professionnaliser son organisation comme son expression, supposerait une volonté politique forte qui, dans l'état des moeurs, ne pourra s'exercer efficacement et continument que si elle s'appuie sur le soutien majoritaire de militants régulièrement et directement consultés, par delà les courants.
Sa légitimité, ensuite, puisque Arnaud n'imagine le futur Premier secrétaire que comme une sorte de syndic dépouillé du droit de se présenter à la présidentielle et invité à se replier sur les seules affaires internes du Parti socialiste. Un eunuque politique en quelque sorte. Proposition doublement contestable ! Quelle sera l'autorité d'un leader écarté de la mère des batailles, auquel sera confié pourtant le soin de mener l'opposition mais sans jamais diriger la majorité ? Et une fois le candidat désigné, quel rôle lui restera t-il ? Pourquoi reproduire et consacrer à jamais la « dyarchie » dont nous avons souffert si fortement lors de la dernière campagne présidentielle ? Peut-on enfin imaginer, dans le système actuel de la Vème République, un présidentiable en apesanteur par rapport à son parti comme un chef de parti en apesanteur par rapport à la présidentielle ?
L'un des enjeux de la rénovation, j'en conviens avec Arnaud, c'est la modernisation de l'outil formidable que constituerait un grand parti organisé, mobilisé, motivé. En somme, le contraire de ce que nous connaissons aujourd'hui. Un parti qui accueille toutes les formes de militantisme ; qui prenne en compte les nouvelles formes de citoyenneté ; qui s'ouvre sur la société et joue la transparence à l'égard de celle-ci ; qui prend ses décisions en fonction de ses attentes et de ses réactions. Mais un tel Parti ne pourra pas surgir d'une sorte de IV ème République interne qui diluerait les responsabilités et refuserait, à travers une vraie démocratisation, de faire émerger de nouveaux clivages.
Je consacrerai mon prochain blog aux propositions alternatives que suggère le débat fécond auquel nous invite Arnaud.
Gaëtan Gorce
Bien sûr Xavier, qu'il faudra accéder autant que faire se peut , à l'harmonisation des actes et des discours.
Le PS en crève de cette distorsion (entre autres !).
Amicalement.
Rédigé par : Hélène | 10 décembre 2007 à 17:42
Pour une gauche combative, ouverte et ferme
Dans une tribune libre pour Libé, publiée sur mon blog, le sympathique trublion Arnaud Montebourg propose trois remèdes aux socialistes pour les sauver de leur déroute.
Le premier s'inspire du modèle de l'Olivier en reprenant l'idée de primaire de toute la gauche pour le choix du candidat à la présidentielle.
Le second, subordonné au premier, permet alors au premier secrétaire qui ne saurait prétendre à l'investiture de jouer pleinement son rôle de chef d'orchestre d'un parti gardant ses courants, gage d'une capacité de rassemblement large.
Le troisième, dans la cohérence du second, repose sur la capacité du parti à dépasser ses contradictions nourries de représentations, références et projets souvent conflictuels.
Spectateur engagé, et donc à ce titre ni plus ni moins concerné que la communauté de lecteurs de gauche à laquelle s'adresse notre brillant avocat, j'opinerais volontiers à de telles propositions. Mon ardeur est cependant vite réfrénée en réfléchissant au contenu du dépassement des “anciens désaccords” réduits au rang des” stigmatisations”, “procés qui n'ont plus de sens” et autres “empoignades”. Pour avoir moi même - suivant en cela mes amis - peut être un peu trop rapidement acquiescé aux velléités de tels dépassements durant l'épisode de la campagne des présidentielles, je n'en serai aujourd'hui que plus regardant et exigeant.
C'est sur ce point que je voudrais compléter la pertinente critique de Gaetan Gorce qui porte essentiellemnt sur l'organisation du PS.
A vrai dire Arnaud Montebourg ne masque -t-il pas dans son article les véritables oppositions de fond sur des thèmes majeurs tels que l'Europe, la mondialisation libérale, la diplomatie, les politiques économiques et sociales, la conception même de la cité et de la place du citoyen? Toutes choses au combien essentielles à la définition d'un projet d'alternative.
Au risque de paraître campé sur des positions archaïques, je reste donc quelque peu sceptique sur les possibilités de concilier hic et nunc tous les contraires. Ce faisant, je ne nie pas pour autant la pertinence d'une démarche de réconciliation des ” conservateurs de l’Etat-providence avec les modernisateurs en dégageant une nouvelle donne économique et financière pour organiser son sauvetage là où les droites en assurent le démantèlement méthodique” et partage tout à fait les pertinents constats du brillant député de Saône et Loire sur une réalité évoquée en ces termes : ” Dans tous les pays européens, le scepticisme à l’égard de la réussite économique de l’intégration européenne augmente. De plus, les gauches européennes sont incapables d’assumer une révolution intellectuelle sur la nature et la portée des protections que les couches populaires et les classes moyennes attendent d’elles. Enfin, l’absence de pensée et de stratégie sur la question identitaire de la nation, ou sur le difficile problème de l’immigration, achève de démontrer la nécessité d’un nouveau projet.”
A nos places, celles de citoyens engagés, la meilleur façon d'oeuvrer n'est-elle pas aujourd'hui de concilier la parole et l'action dans une attitude constructive de dialogue et de réflexion? Une telle posture ne saurait en rien altérer une combativité à la hauteur des enjeux, pour préserver l'avenir d'une gauche d'espérance !
Rédigé par : Xavier DUMOULIN | 07 décembre 2007 à 20:13
Personnellement je suis pour une présidentialisation du PS. Les militants éliraient leur représentant(e)officiel. Dans le même temps ils éliraient un comité directeur à 50/50 proportionnel pour que la diversité des opinions se regroupent en son sein. La présidente du PS élue animera ce comité directeur et tranchera la ligne politique suivie. Elle pourra être élue pour une durée de deux ou trois ans.
L'avantage de ce systéme c'est que pendant cette période la voix du PS est unie. La présidente désigne ses porte-paroles et c'est clairement la voie choisie majoritairement par les militants qui s'applique.
Mais aussi la diversité des idées continue de s'exprimer au sein du PS et au comité directeur. Ainsi les débats continuent mais sont internes au parti et ne s'étalent pas sur la place publique et ne viennent pas parasiter la voie officielle.
Je plaide pour cette réforme des statuts.
Rédigé par : asse42 | 06 décembre 2007 à 19:34
Voici 3 réponses à Arnaud et ses trois points:
1) "Se débarasser du virus de la présidentielle":
* L'organisation actuelle de la vie politique française est que la présidentielle est l'élection reine: se débarasser de ce virus, c'est accepter de ne jamais gouverner
* Quand on connait l'ambition mitterandienne de A. Montebourg, il faut comprendre en réalité que B. Delanoe et S. Royal débarasse le plancher
2) "Restaurer l'autorité de la direction et du premier secrétaire": Ce que décrit A. Montebourg n'est ni plus ni moins que ce qui a prévalu depuis 10 ans: un premier secrétaire qui n'est pas candidat ouvertement mais y penseras immanquablement
3) "Dépasser nos désaccords": Comprendre accepter que M. Montebourg s'allie avec M. Cambadelis et M. Bartolone sans accord ni sur le fond ni sur un leadership mais pour prendre le pouvoir
Rédigé par : FP NICOLAS | 06 décembre 2007 à 17:52
Je voudrais revenir sur le débat lancé à propos de la tribune d'Arnaud Montebourg, sur le rôle du premier secrétaire et d'un éventuel passage à un mode majoritaire au sein du PS.
Vous dites : "Sa légitimité, ensuite, puisque Arnaud n'imagine le futur Premier secrétaire que comme une sorte de syndic dépouillé du droit de se présenter à la présidentielle et invité à se replier sur les seules affaires internes du Parti socialiste. Un eunuque politique en quelque sorte. "
Je crois qu'Arnaud voit plutôt le Premier Secrétaire comme le chef d'un parti où doit éclore les nouvelles idées qui construiront le programme de nos futures victoires. En ce sens, un homme politique, qui a du courage et des convictions, mais qui sacrifie son ambition personnelle au profit d'un combat collectif (pas si curieux que cela pour un homme ou une femme de gauche me direz-vous). Non un maître ès coups tordus et magouilles d'appareils et de discussions de couloirs, mais un architecture, un maître-d'oeuvre, un chef d'orchestre de la reconquête idéologique du Parti Socialiste et de la Gauche pour les prochaines échéances.
Quant à un éventuel mode de scrutin majoritaire, cela me laisse plus que perplexe. Premièrement, est-ce comme cela que l'on va faire taire les divergences, légitimes lorsqu'elles ne sont pas exacerbées outre mesure, ou alors que l'on va lutter contre les synthèses molles ? Ne croyez-vous pas plutôt que l'on risque de retrouver dans ce cas dans une motion A la quasi-totalité des ténors socialistes qui craindraient de se dévoiler et d'hypothéquer leurs chances futures ? Deuxièmenent, peut-on légitimement plaider pour une démocartie plus libre, avec une parlement élu sur une base proportionnelle, et renforcer le fait majoritaire à l'intérieur du parti ?
J'appuis la volonté d'Arnaud qui appelle sans exclusive tous les militants du Parti à travailler ensemble. Arrêtons de créer des obstacles insurmontables entre nous, si nous avons tous décidé d'adhérer à ce parti, c'est parce que nous avons plus d'accords que de désaccords. Cessons de nous mettre dans des postures de congrès, de vouloir compter ses troupes à chaque instant, et comptons plutôt nos idées communes, faisons-les fructifier ensemble, dégagés de toute manigance en vue de la prochaine présidentielle qui a lieu dans quatre ans et demi ! Dépassons nos anciens désaccords qui sont parfois uniquement des positionnements tactiques. Retrouvons le sens du collectif dans notre mouvement, c'est la première étape pour faire vaincre les idées de solidarité et de fraternité dans la société!
Rédigé par : Guillaume | 06 décembre 2007 à 17:51