Pour toutes celles et toux ceux qui avaient vécu douloureusement notre échec du printemps 2007, la victoire des 9 et 16 mars constitue un véritable réconfort. Elle nous donne des raisons d'espérer. Elle démontre surtout que la Gauche a toujours un avenir et que c'est vers le Parti socialiste que les Français se tournent lorsqu'ils cherchent une alternative.
Ne boudons pas notre plaisir et saluons les victoires de nos amis qui voient ainsi souvent récompensé un travail patient, inlassable, bref, une détermination qui est le caractère de notre Parti sur le terrain et au plan local. C'est sur ce réseau si dense et si riche en compétences qu'il faut maintenant s'appuyer pour reconstruire. La tache pourtant sera rude.
D'abord, parce que l'image qui se dessine de notre pays au lendemain de ces municipales est celle d'une France en désarroi. Nos concitoyens, pour une majorité d'entre eux, ont sincèrement cru qu'avec le changement de génération que représentait Sarkozy allait s'opérer aussi un changement dans la politique de la France. L'idée de base, qu'il a su propager, était qu'il s'attaquerait sans tabou ni complexe aux problèmes de fond. Et qu'il privilégierait un pragmatisme que son énergie rendait crédible. Un an plus tard, la désillusion s'est installée, la confiance s'est évanouie et c'est au fond la démocratie et la politique tout entières qui en subissent le contrecoup.
Proposer une alternative et, surtout, la faire accepter sera dans ces conditions encore plus difficile et exigera de nous encore plus d'attention, de sérieux, de rigueur. A ce stade, deux risques se présentent devant nous.
Le premier serait de céder à la plus grande pente en considérant que puisque la droite a été sanctionnée, il suffirait d'actionner encore le levier des insatisfactions, des frustrations et des colères. Mettre en avant la question du pouvoir d'achat, attiser les inquiétudes légitimes sur l'avenir de nos retraites et de nos services publics, parier en somme sur un vote de rejet et tout mettre en oeuvre pour le consolider. La seule vraie réponse au contraire sera de mettre sur la table des propositions sérieuses, crédibles et courageuses qui nous permettront de reconstruire notre image d'un parti de gouvernement capable de prendre à bras le corps les difficultés du pays. La vérité seule doit s'imposer comme ligne de conduite si l'on veut tirer sur le moyen terme tout le bénéfice de nos victoires d'aujourd'hui.
Le second risque est d'une nature différente, même s'il peut très bien s'accommoder du premier. On en a déjà entendu comme l'écho dans les déclarations de dimanche soir. Sous un masque de sagesse apparente, il s'agirait simplement de différer les décisions, de récuser l'affirmation d'un leadership, de laisser penser que les uns et les autres seraient capables de s'amender pour gérer consciencieusement, sans à coups, la rénovation du Parti socialiste. On voudrait y croire. J'y ai cru au lendemain des législatives. Force est de constater pourtant que les pesanteurs internes, les vieux courants jamais dissous, les vieilles ambitions jamais abandonnées, les vieilles rancoeurs jamais purgées, ne manqueraient pas alors de resurgir.
Ce dont notre Parti a besoin, ce n'est pas seulement d'un simple toilettage. C'est tout son projet qu'il faut revoir, pour répondre non aux peurs de nos concitoyens mais aux enjeux de l'avenir. Ce dont nous avons besoin, ce n'est pas d'un simple Yalta, d'un partage des territoires d'où sortirait le moment venu, comme par enchantement, la solution idéale. C'est de choix clairs, précis, volontaires, et qu'il faut effectuer maintenant. Non seulement parce qu'il faudra des années pour moderniser notre appareil et adapter notre projet. Mais aussi parce que le refus de choisir signifierait inéluctablement de renvoyer à la veille des présidentielles les décisions douloureuses, notamment en matière de leadership, qu'il serait beaucoup moins coûteux de prendre aujourd'hui ... Si l'on veut bien au moins considérer que l'histoire des cinq dernières années pourrait servir de leçon.
oui, les résultats des élections municipales ont été encourageants... Gardons-nous toutefois de pavoiser trop vite.
D'une part, le nombre d'abstentions était important.
D'autre part, ce vote a manifestement été un vote de rejet... un vote de sanction. Etait-ce vraiment un vote d'adhésion à la gauche?
Si la gauche ne se resaisit pas, si elle ne présente pas un programme fort, crédible, réalisable (il sera dur de convaincre les électeurs échaudés par les belles promesses électorales de l'an dernier!), si elle continue de mettre en spectacle ses querelles de leadership...
Bref, la tâche est rude. Alors, restons modestes et circonspects!
Rédigé par : michèle barbier | 25 mars 2008 à 18:39
Le premier risque serait de "mettre en avant la question du pouvoir d'achat, attiser les inquiétudes légitimes sur l'avenir de nos retraites et de nos services publics, parier en somme sur un vote de rejet et tout mettre en oeuvre pour le consolider". C'est pourtant exactement ce à quoi le PS doit se consacrer prioritairement dans l'immédiat; c'est son devoir de parti d'opposition. Mettre en échec les projets de réforme les plus dangereux de NS, voilà à l'évidence la priorité du PS.
Rédigé par : chatel | 19 mars 2008 à 14:24
Tout à fait. l'appel à jouer collectif résonne un peu hypocritement à mes oreilles et amène à penser que rien ne devrait changer dans les années qui viennent en nommant un premier secrétaire fantoche. Ce ne serait pas un grand service à rendre au PS. Au contraire c'est maintenant à 4 ans d'échéances nationales que nous devons nous affronter sur les idées, sur la stratégie à mener, la ligne politique et évidemment le leader qui va avec. Comment pourrait-il en être autrement?
Il est temps de trancher en responsabilité et en conscience.
Rédigé par : asse42 | 18 mars 2008 à 00:22
Le travail devant nous est titanesque...
Le plus déprimant est ce que vous soulignez et qui est si bien analysé.
Ils sont tous là, n'ont pas changé, ont les mêmes envies, la main sur leurs flingues prêts à dégainer, et toujours leurs de carrières en tête.
Il serait tellement élégant et digne que d'eux-mêmes, les cadres à tous niveaux, les cooptés et parachutés de tous poils songent à passer la main, pour qu'enfin débutent les changements urgentissimes !
Car sinon comment le PS bougera-t'il ?
D'autant que les adhérents s'en vont sans bruit, sur la pointe des pieds pour les laisser entre eux... Même au Congrès, du coup forcément biaisé, le verrou a de fortes chances de ne jamais sauter !
Rédigé par : le concombre masqué | 18 mars 2008 à 00:01