Le débat relatif à une éventuelle alliance PS / Modem connaît un début paradoxal. Il surgit au moment même où les socialistes s'apprêtent à remporter, seuls ou avec leurs alliés traditionnels, un éclatant succès électoral.
Le paradoxe n'est cependant qu'apparent. Beaucoup parmi les socialistes savent bien que leur victoire devra surtout à la volonté de l'opinion de sanctionner le Président de la République. La question de la capacité du PS à constituer une majorité à l'échelle nationale reste donc entière.
Le scrutin de 2007 nous a fourni une double indication :
c'est désormais presque exclusivement vers le PS que se tourne l'électorat lorsqu'il cherche une alternative ; mais la Gauche traditionnelle reste structurellement minoritaire. Dans ces conditions, il est naturel de se poser la question de la conquête du Centre, c'est à dire d'un électorat hostile à la surenchère idéologique, convaincu de la nécessité des réformes, sensible enfin à la problématique de l'intérêt général. La Gauche doit prendre en compte cette réalité, qui est celle d'une opinion publique en avance sur les partis politiques.
L'alliance électorale avec le Modem est-elle le meilleur moyen de préparer l'avenir ? Le moment est sans doute opportun. François Bayrou a réussi, sans doute ponctuellement, à fixer cet électorat et à le détacher de la Droite. L'arrimer à la Gauche peut alors être vu comme le moyen d'éviter sa probable dérive. Mais l'opération n'est elle pas trop mécanique, et pour tout dire, bien que semblant iconoclaste, trop classique ?
L'électorat en question, n'est-il pas d'abord rétif aux logiques d'appareils et d'états-majors ? Et n'est-il pas au contraire plutôt disponible pour un débat de fond, qu'une rénovation en profondeur du PS pourrait amorcer ? En clair, l'enjeu n'est-il pas, plutôt que d'additionner, d'intégrer ? Ce n'est pas alors une alliance qu'il faut préparer : c'est un projet politique cohérent prenant en compte la double exigence de justice et d'efficacité sur lequel rassembler.
Le Parti socialiste a toujours eu tendance à rechercher ailleurs ce qu'il pouvait plus facilement trouver en lui même. Certes la porte est étroite. C'est pourtant celle qui ouvre sur la perspective la plus large.
En 1920,la scission de la gauche était inéluctable:l'obédience à l'URSS ne pouvait passer aux oubliettes!depuis le mur de Berlin est tombé,la "construction du socialisme dans un seul pays"n'est plus à l'ordre du jour.Elle n'a fait que construire un impérialisme concurrent des USA.Les divergences idéologiques à gauche ne sont qu'artificielles avec pour but la survivance du PC.Il faut le dire!
Rédigé par : aigoin | 25 mars 2008 à 09:50
Je me retrouve entièrement dans votre analyse, Bothorel.
La gauche (et encore... sans trier) plafonne à 40%.
Pour accéder au Pouvoir afin d'améliorer le sort des plus démunis (car c'est tout de même le but, lorsque l'on se targue d'être socialiste), on doit convaincre d'autres électeurs qui ne sont pas de ce camp, par un programme novateur et attractif.
Qu'on tourne le problème dans tous les sens, qu'on escamote et contourne la question du "50% + 1 voix", que l'on joue sur les mots et la langue de bois affectionnée par d'aucuns persuadés d'être les seuls et les vrais représentants des classes populaires (avec 2 à 7% des voix lors d'élections nationales !.... ou dans le PS....), il n'empêche que la conclusion sera identique !
Rédigé par : le concombre masqué | 13 mars 2008 à 18:56
Je partage à 100 % l'analyse que tu fais du Modem et du rapprochement nécessaire avec le PS. Mais on sait que cette position n'est pas partagée par l'ensemble des militants, les interventions sur ce blog le montrent. Pour moi le seul PS qui m'importe, c'est un parti de gouvernement. Tous les politologues sont d'accord, la gauche ne peut emporter une élection présidentielle que si elle "mord" sur le centre, la France étant minoritairement à gauche. Il est vrai que la solution n'est pas dans un accord entre appareils, mais dans un programme de gouvernement, pour "une société durable et juste, économiquement efficace, socialement juste", selon l'expression de Martine Aubry, reprise par Jean Glavany dans son livre, "le cap et la route". Dans les premières réunions de Désirs d'Avenir à Paris auxquelles j'ai assisté au tout début de 2006, c'est de cela dont on discutait. Les adhérents "à 20 euros" qui ont voulu participer au choix des militants en novembre 2006 voulaient probablement aller dans ce sens en majorité. Ils ont apporté leurs voix à Ségolène Royal, en partie pour cette raison. Mais en se renformant strictzement dans la défence du "projet socialiste" , elle a probablement perdu une bonne partie de ces sympathisants qui ont rejoint Bayrou. La majorité d'entre eux qui avaient pris la carte du parti ont disparu en 2007. Ceux qui ont malgré tout voulu entrer dans les instances internes du parti en ont été souvent écartés par les militants anciens, plus à gauche.
Et pourtant, qui représente le mieux l'ensemble des électeurs susceptibles de voter pour un candidat socialiste à la présidence de la République ? Une centaine de mille de militants, certes très actifs, sans qui une campagne électorale n'est pas possible, encore fondamentalement attachés au socialisme de Jaurès et de Blum ? Ou cette nébuleuse de sympathisants,quelques centaine de mille ou quelques millions non encartés mais votant pour les candidats socialistes, de sensibilités allant de la gauche de la gauche à une gauche réformatrice, d'essence social-démocrate,pas forcément classique, mais celle qui a réussi à sortir de situations aussi graves que celle que la France connait aujourd'hui, le Québec, le Danemark, la Suède, la Finlande dans les années 90 ?
Rédigé par : Bothorel | 13 mars 2008 à 12:20
Monsieur Gorce, je suis arrivé suite à un article du blog de libé sur le PS (la vie en rose)... je suis contente de constater que des dirigeants partagent l'avis de quelques sans grades.
Pour ma part, à la hauteur de mes modestes moyens (dans le Nord), je suis prêt à vous aider pour la prochaine échéance du parti.
Vous devriez prendre un tout petit peu plus de temps pour votre blog :-)
Rédigé par : marcvasseur | 12 mars 2008 à 11:27
Actuellement ,pour moi ,le MODEM est une maison refuge,pour personnes en dédresse.Redevenons nous même,soyons tout simplement le PARTI SOCIALISTE,souhait de nombreux militants de GAUCHE.Ne vendont pas notre âme au diable.Pour moi le mot GAUCHE ne me fait pas peur!Je sais que certains,comme aux USA,aimeraient avoir dans le paysage français,tout simplement 2 partis.Ce soir je suis content,au lendemain des élections municipales et cantonales,car toute la gauche a progressé.
Rédigé par : ROBERT | 11 mars 2008 à 22:08
"Surprise à Toulouse pour le second tour des municipales : selon le site du Point, le candidat du MoDem devrait se rallier au maire UMP sortant Jean-Luc Moudenc, qui tente de conserver le Capitole. Les 6% de voix centristes obtenues au premier tour pourrait faire la différence dimanche prochain."
Info ou intox?
En tout cas, François Hollande, et je ne te dis pas bravo.
C'est encore Ségolène Royal qui a "du flair". Fine politicienne, ah ça, oui! De la même trempe que Tonton.
Rédigé par : Marietel | 11 mars 2008 à 11:35
Excellente analyse.
Vous ne vous déjugez jamais, Gaëtan !
Bien sûr que cet électorat MoDem est "rétif aux logiques d'appareils" comme celui du PS, "qui se tourne vers le PS, lorsqu'il cherche une alternative". Tout le monde en a assez, pour parler net.
Il est constitué pour une part importante, d'électeurs qui ont quitté un vote de partis de gauche pour ces raisons : verts, PS, même PCF et LCR ...
Rédigé par : le concombre masqué | 10 mars 2008 à 21:48
Il faudrait préciser comment tu entends intégrer plutôt qu' additionner! De plus sait-on ce que veulent les électeurs qui choisissent le Modem quand au 2ème tour la moitié vote avec la droite et l'autre moitié s'abstient ou vote avec la gauche. Dans tous les cas ils semblent rebelles à toute intégration. Certain leader du Modem préconise au mieux un partenariat avec la gauche mais qu'est ce que cela veut dire au moment d'une élection ?
Rédigé par : Pommier | 10 mars 2008 à 18:41