Jean-Christophe Cambadélis m'a fait l'amitié de répondre (Cf. infra) au courrier que j'ai diffusé la semaine dernière. Je lui réponds à mon tour :
Le
débat rebondit, je m’en réjouis !
Rien ne vaut un bon duel. Et l’épistole plutôt que le pistolet. Le bretteur est un rhéteur, je m’en félicite ! Laissons donc de côté les circonvolutions, les précautions de langage et la mouche des fleurets : disons-nous notre fait ! En amitié ! Et donc en toute franchise !
Non mon cher Jean-Christophe, je ne cède pas au découragement. Ce serait mal me connaître. Je m’essaie simplement à un exercice singulier que l’on appelle, je crois, même si on semble l'avoir oublié sur les bancs dirigeants de notre beau Parti, la cohérence. Bref, tirer, autant que faire se peut, les leçons de l’expérience. Et que nous a-t-elle appris, cette expérience, sinon que le débat de fond servi en entremet, comme en plat principal, n’annonce en dessert que les arrangements les plus plats, les opérations les plus personnelles. Notre congrès du Mans s’en est repu. Il devait être celui du débat poussé à haute cuisson : le projet ! Il fût celui, comme toujours, des haines rassies et des petites habiletés recuites, avec le résultat que tu sais, pour l’avoir, dans un ouvrage, brillamment disséqué.
Serions-nous entrés à ce point dans des temps nouveaux, que l’on pourrait enfin faire fond … sur le fond ? La collégialité ? Je m’y suis essayé à l’automne mais j'ai dû rapidement convenir que chacun avait du collectif une conception bien personnelle. Certes, comme tu t’efforces de le démontrer chaque jour, il n’est pas impossible de conclure des alliances. A la condition que ce soit celles des contraires. Très peu pour moi. En admettant même la poésie de la chose, ne peut-on se demander quel Cyrano se cache derrière l’allant du beau Christian ?
Les courants ? Toute notre histoire en est pétrie, certes ! Mais il en est, depuis 1908, passés sous les ponts. Et de toutes sortes. Citer Jaurès, c’est se rappeler qu’il ne fût que le leader moral d’un Parti où Jules Guesde pesait plus que Lucien Herr. Invoquer les mânes de Blum, c’est évoquer aussi sa défaite avec Daniel Mayer contre Guy Mollet. L’embargo idéologique, c'est vrai, ne date pas d’aujourd’hui. Mais même dans un meilleur jour, j’aurai quelque peine à confondre la profusion d’alors avec les querelles d’égos d’aujourd’hui. N’est-on pas passé depuis près de 20 ans à une forme de démocratie censitaire qui ne fait sens justement que pour les chefs de tribu siégeant au conseil de toute éternité ? Captation et cooptation ne sont-ils pas les deux piliers d’un système qui démontre depuis une décennie qu’il lui est impossible, et pour cause, de s’auto-réformer ? La tradition, dont tu te réclames, te permettra d’admettre que j’accepte l’héritage sous seul bénéfice d’inventaire.
Alors oui un leader ! Mettre fin à cette comédie du pouvoir, faire tomber les masques, revenir au collectif en partant du singulier ! Outrance ? Transgression ? Un peu court, jeune homme. L'on aurait pu dire bien des choses en somme. Interrogatif : la démocratie n’est-elle pas d’abord responsabilité ? Ingénu : n’est-ce pas le débat doté d’un débouché ? Péremptoire : pour avoir lu l’œuvre de Pierre Mendès-France et vu, à l’œuvre, François Mitterrand, j’ai compris qu’ils ne récusaient ni le principe, ni l’exercice d’un leadership. Et si Pierre Mendès-France préférait le régime parlementaire au présidentialisme, il préférait aussi le leadership au régime d’assemblée. Sa République Moderne donnait à son chef les moyens de gouverner comme le devoir de rendre compte. Pas un Machiavel, aurait-il fait ses classes en Corrèze, mais un « Prime Minister » fort, mais d’une confiance révocable « ad nutum ». Alors restons-en là de cette tirade d'aînés ! Je ne vois pas en quoi désigner un Premier secrétaire qui s'engagerait à ne pas être candidat à la présidentielle pourrait nous aider. L'eunuque plutôt que l'unique ? Beau paradoxe que de vouloir faire d'un revendiqué muet du sérail notre éloquent porte parole ! Car enfin, comment ne pas voir l’enlisement dans lequel nous sommes ? Le Parti serait-il moins démocratique parce que notre Premier secrétaire serait élu d’abord par les adhérents ? Et le débat serait-il moins riche, parce qu’il ne serait plus nourri par l’appel aux signatures ? Pour en sortir, il y faudra de l’énergie, formule certes barrésienne, mais qualité vitale au point où nous en sommes. Plus que l’appel aux bonnes volontés, un choix clair. Que celles ou ceux qui veulent diriger ce parti, qui s’y sentent prêts ou s’en croient dignes, le fassent connaître et connaître leur projet. Qu’avec panache, celui que l’on met à son chapeau, comme dans ses actes, ils viennent se compter devant les militants et gagner enfin leur légitimité. Pour que le congrès, ensuite, ne soit plus un conclave mais une assemblée tournée vers son projet. Et enfin, après cela, des Assises ouvertes à tous pour bâtir un nouveau parti, où toute la gauche puisse non se compter par chapelle mais se retrouver et se fondre plutôt que se regrouper.
Dois-je enfin, et pour conclure, avouer que je ne ressens plus d’excitation à l’idée de refermer la parenthèse de 1920, tant il me semble que l’histoire récente l’a fait pour nous ? Et que la tâche qui nous revient est d’inventer l’avenir sur des schémas nouveaux que les électeurs ont manifestement déjà en tête. Si j'osais, je dirai ne rien proposer d'autre que de « changer d'ère ». La bipolarisation est là, elle nous tend les bras. Elle ne signifie pas le refus de la diversité mais l'émergence de nouvelles identités ; elle n’implique pas conformisme mais renouvellement. Elle nous oblige à ne plus avoir d’autre objectif que la victoire. Non plus sur nous-mêmes, comme toute notre histoire en cherche la preuve depuis que nous avons fait le choix du pouvoir, mais sur une droite qui se nourrit de nos faiblesses et que j’aimerais contraindre à la disette.
Amitiés socialistes.
Gaëtan Gorce
Réponse de Jean-Christophe Cambadélis à Gaëtan Gorce
Paris, le 3 avril 2008
Cher Gaëtan,
J’ai reçu ta lettre du 26 mars. Et je me suis dis, l’affaire est d’importance puisque cette dernière est imprimée. J’ai cru un moment que ce ne fut une nouvelle candidature au poste de premier secrétaire du Parti socialiste. Heureusement non ! Il s’agit, j’allais dire « seulement », de nous faire part de « ton » sentiment.
Noble démarche dans un parti où les sentiments sont nombreux et les envieux tout autant.
Plutôt que de faire des « messes basses » sur une communication qui mérite mieux que cela, ou de lui administrer un classement vertical. J’ai décidé de relever le gant.
Même j’appelle tous les parlementaires, élus et les militants, à faire de même.
Permets moi de te dire que tout ton texte semble respirer, une sorte de découragement latent, un dénuement résigné mais vengeur, qui aspire à être surmonter par le dépôt des armes de la critique.
Il semble que pour toi : la démocratie est incapable de produire le redressement du Parti socialiste. Le régime des courants est la source de tous les maux. Bref ! Tout fout le camp ! Faisons appel à un chef !
J’imagine le sursaut d’outre tombe de François Mitterrand et de Mendès France. Cet appel, à peine déguisé, à un Bonaparte, voilà qui fleure bon les années 1958 et 1962. Il faudrait qu’à Toulouse pour la date anniversaire du congrès de 1908. Là où Jaurès plaida avec succès la réforme avant la révolution. Là où il imposa l’élargissement du nombre de courants de la SFIO. Nous fêtions dans cette ville conquise par l’union, la mise sous boisseau du droit de s’assembler en sensibilités…
Nous aurions eu raison dans le débat contre le centralisme démocratique en 1920. Et aujourd’hui, parce que se mettre d’accord est tout à la fois âpre et fastidieux. Il faudrait renoncer à ce qui fit notre succès. Il suffirait de s’abandonner à un centralisme plus ou moins éclairé. Renoncer à débattre, échanger, convaincre serait le plus sûr moyen de triompher. Bel hommage à Mai 1968 !
Mais au moins toi, tu mets les pieds dans le plat ! Avec un « la fièvre est haute, alors cassons le thermomètre ». Tu résumes un slogan souvent partagé.
La crise du Parti socialiste se réduit elle à une crise de leadership ? Tu n’es pas le seul à le penser. Tu vas, toi le franc-tireur, au bout d’un raisonnement qui ne te ressemble guère : vite un chef ! En proposant l’élection du 1er secrétaire avant le débat, tu marches vers le plébiscite. Tu laisses à l’un d’entre nous, de guerre lasse, le soin de nous imposer son orientation. Tu as sûrement grande confiance en ton champion. Pourtant tu ne vas pas jusqu’à nous donner le nom de l’impétrant. Tu as raison il faut mieux être prudent.
Tu nous dis pour commencer : je crois en l’avenir de la gauche… bon ! Je n’en ai pas douté. Mais tu avoueras que cela ne nous fait pas avancer. Nous sommes, paraît-il, nombreux en ce cas. Tu ajoutes en gras « ma conviction ». Ce pronom personnel n’est-il pas précisément cet individualisme que tu pointes comme raison du caractère émollient de nos débats. Passons ! Tu as une conviction et ça se fait rare. J’en conviens. Chapeau bas ! Tu penses que le fonctionnement du PS ne correspond plus aux défis d’une démocratie moderne. La faute en serait à la proportionnelle… Et le moyen de le conjurer serait l’élection d’un chef doté de pouvoirs. Tu n’as pas dit les pleins pouvoirs car tu as des lettres. Tu ajoutes qu’il faut démocratiser notre démocratie en consultant les militants. Tu avoueras que le rapprochement des deux propositions peut prêter à sourire. Puis tu ajoutes, « bâtir un parti populaire et moderne », voilà qui te promet une standing ovation. Même si le souci est le « comment ».
Tu proposes enfin d’en finir avec les contributions. Je ne suis pas loin de te rejoindre. Mais avoue que si nous avons un chef pré existant au débat et si nous supprimons les moyens du débat. La démocratie se dissout dans le centralisme.
On ne rétablit pas la cohésion en décrétant la démocratie trop dispersive. On ne rétablit pas la confiance en décrétant la vacance de la confrontation.
Ne pourrait-on pas, comme je l’ai proposé au Conseil National, débattre sur la dizaine de questions qui sont à l’ordre du jour pour les français ? Et puis rythmer notre congrès par 10 votes de clarification. C’est sûrement un peu trop rénovateur…
Tu évoques ensuite nos alliances. Evidemment mon esprit en est tout excité. Mais nous restons sur notre faim lorsque tu résumes ton propos d’un tonitruant « assumons notre destin » ? Et ce destin quand le visite t-on ?
Ne crois tu pas que nous sommes devant une chance historique. Celle de refermer la controverse issue de 1920. Nous ne sommes plus la gauche non communiste. Nous sommes la gauche. Ne penses tu pas qu’il est temps de faire correspondre notre réalité électorale et notre ambition politique ? Ne devons nous pas bâtir les conditions d’un parti de toute la gauche, préalable à toute alliance au second tour des présidentielles ? N’aurions nous pas l’occasion, en cette date anniversaire de 1908, de célébrer le trait d’union entre le passé et l’avenir ?
Evidemment il est difficile de fédérer tous les acteurs de la gauche, toutes les sensibilités – et elles ne sont pas toutes dans des jeux de rôles, elles sont respectables – En disant venez avec nous ! Mais de grâce ne vous exprimez pas ! Un parti tout entier subordonné à un présidentiable n’est pas le gage d’un élargissement mais la certitude d’un enfermement.
Ne crois tu pas que c’est un débat fracassant dont la gauche a besoin ? Ne penses tu pas qu’il nous faut une reconstruction par le bas… ? Celle des idées, de l’idéologie, de la politique, de la stratégie, plutôt qu’un replâtrage par le haut, via le « vrai faux débat » des leaders ?
Le problème n’est pas simplement organisationnel, il est d’abord politique. N’y a-t-il pas une urgente nécessité de débattre des fins et des moyens de la politique socialiste à l’époque de la mondialisation, du partage entre ce qui est de l’ordre de la solidarité et de l’individualisation dans le paquet social, de ce qui pourrait être un modèle de domestication écologique et social de la mondialisation, de clarifier nos positions sur l’Europe, les institutions et que sais-je encore ? Notre problème n’est-il pas stratégique ? Peut-on pudiquement conjuguer tout à la fois l’alliance avec le Modem et Lutte Ouvrière ?
Je crois que tu nous proposes un raccourci de forme, alors que nous avons besoin d’une confrontation sur le fond, respectueuse de tous et d’abord des idées.
Tu veux un PS entièrement reconfiguré pour un destin. Nous souhaitons un PS accouchant d’un dessein.
Il se trouvera là de bons esprits pour dire que cela n’est pas contradictoire. Si j’ai pris la plume au-delà du respect pour le débat d’idées, c’est que je crois la controverse déterminante pour notre avenir. Et pour être tout à fait honnête, je redoute fort le chemin auquel tu nous convies « ici et maintenant ». Beaucoup d’autres sont prêts à l’emprunter dans un lâche soulagement !
Amitiés socialistes,
Jean-Christophe Cambadélis
C'est tres joli cet échange épistolaire et l'on perçoit parfaitement dans la prose de M. Cambadelis ce mépris bienveillant affecté par les dskistes - qui sont, je vous le rappelle,comme leur chef d'une intelligence supérieure - envers leurs semblables (enfin presque, puisque leur semblables sont moins intelligents qu'eux...)
bon, à quoi ça mène, tout ça Gaetan ? Je suis toujours aussi affligée par l'incapacité totale du PS à se remettre en question,du fonctionnement interne aux thèses et à l'autosatisfaction permanente de ses membres à tout niveau. .Ouvrez les fenêtres, y a des attentes dehors ! A part ça, j'ai trouvé Royal tres bien sur France Inter ce matin mais la guerre des chefs à venir pour le congres me désespere d'avance et je comprends toujours pas ce que Montebourg fait avec les dskistes, qui vont le piétiner des qu'il aura le dos tourné.
La déclaration de principe,c'est de la prose, pleine de poncifs gentillets,elle va choquer personne, ça tombe bien, ça fait dix ans qu'on est dans le consensus mou sans trancher koi ke ce soit. Continuons ?
Rédigé par : flodechambe | 25 avril 2008 à 13:51
Merci pour ce texte qui démasque les hypocrisies de la pseudo-rénovation.
Et pour rester sur la métaphore rugbystique de FP Nicolas,dont j'apprécie l'intervention, ce n'est pas comme un pack qu'il faudra jouer, mais bien comme une équipe complète, où, même si le talonneur, le demi de mêlée et l'arrière n'ont pas le même rôle, la même lecture du jeu, les mêmes compétences, chacun joue librement dans le système de jeu conçu par l'entraineur pour faire gagner ses couleurs - la différence avec le rugby, c'est que nous choisirons le système de jeu, et aussi l'entraineur en charge de l'appliquer (si le congrès ne nous est pas confisqué ...).
Il faudra aussi des gens comme vous dans cette équipe.
Rédigé par : Rolland Rodari | 18 avril 2008 à 21:28
Rénovation du Parti Socialiste : sachons tuer nos pères !
Ecrit le 10 août 2007
La victoire de Nicolas Sarkozy de 2007, à bien des égards, a d’énormes points de ressemblances avec celle de François Mitterrand de 1981. Suivant les préceptes de son maître “communiste”, Antonio Gramsci, le candidat de la droite a compris que la conquête du pouvoir se fait par les idées. Là ne s’arrête pas la ressemblance entre les deux hommes. Tous deux avocats de formation, ils ont su utiliser un art oratoire qui ne se dément ni chez l’un ni chez l’autre. Malgré des qualités personnelles évidentes, il faut aussi chercher les raisons du succès dans l’entourage des deux hommes. Pour gagner, il faut savoir s’entourer. C’est d’ailleurs ce qui aura cruellement manqué à Ségolène Royal partie trop tard dans cette bataille qui n’était pas taillé, à vrai dire, pour ses épaules.
Staline et Mao, de grands timoniers de la gauche ?
Leur culte du symbolique plus intime chez Mitterrand, plus instrumentalisé avec Sarkozy avait avant tout pour but de fédérer un ensemble de Français dans le perspective du second tour. Nous n’avons pas su analyser en profondeur l’apport décisif d’Henri Guaino dans le dispositif de campagne de Nicolas Sarkozy. En face, nous n’avions que de piètres énarques à proposer, bons techniciens rôdés à la culture de l’entre-soi, peu enclins à la recherche de la diversité ! Affamés par les ors de la République, ces énarques n’auront pas su résister au chant de la sirène sarkozyste. Trop aveuglés par l’absence d’un leader réellement charismatique à gauche, nous avons cru que la victoire de la droite était dû, pour l’essentiel, à son leader. Tout cela est parfaitement faux.
A gauche, le symbolisme conjugué au messianisme de l’engagement se conjugue vite en mysticisme machiavélique. Ségolène Royal se croyait habitée. Par qui ? Pour quoi faire ? La lecture de Saint Thomas d’Aquin ne suffit pas à partager une communauté de destin avec François Mitterrand. La dame blanche qu’elle chercha à être était à l’opposé de l’imaginaire de gauche et la référence à Jeanne d’Arc n’avait sans doute comme but ultime de faire revenir dans son giron quelques électeurs lepénistes égarés. En tout cas, osons le croire ! Encore une semaine de campagne de plus, et nous allions nombreux, le dimanche 6 mai, vaquer à d’autres occupations. L’utilisation de références symboliques historiques exige d’autres conseillers que de simples vendeurs de machines à laver !
Si François Mitterrand a su pratiquer la baiser de la mort vis à vis de la gauche communiste, sa grande oeuvre aura été de laisser le Parti Socialiste orphelin, sans timonier. Le père a tué ses fils. Cette victoire pour la droite n’est pas sans lui poser de réels problèmes comme elle nous en a posé à nous-mêmes. Pour 2012, sans successeur, Nicolas Sarkozy n’aura comme seule solution de se faire réélire. Comptons sur lui pour mettre tous les moyens médiatiques et financiers, toute l’énergie et tout le talent réel dont il dispose afin de nous battre une seconde fois. Dans son histoire, le Parti Socialiste n’a eu que très peu de leaders charismatiques dont l’autorité morale savait faire taire les “petits Napoléons”. Même en 1978, François Mitterrand fut contesté et dût affronter l’opposition interne conduite par Rocard-Mauroy. Il dût alors son salut à Jean-Pierre Chevènement ! Jaurès dût pactiser avec Jules Guesdes. Blum, malgré toute l’autorité morale qui l’amena à diriger le gouvernement de Front Populaire, ne dirigea jamais la SFIO avant 1936.
Tous ces fantômes qui rodent dans notre imaginaire réduisent nos problèmes du moment à la question de la recherche d’un leader. Nous ne devons pas être “impressionnés” par la victoire de la droite. Autrement dit, ne comptons ni sur Ségolène Royal, Arnaud Montebourg, Manuel Valls, Gaëtan Gorce et encore moins François Hollande pour pouvoir l’emporter en 2012. L’invocation de nos mythes errants pose la question de notre autonomie. “Qu’aurait fait François Mitterrand [Blum ou Jaurès NTDLR] à ma place ?” Eh bien, tous ces grands hommes sont morts. En l’état, ils nous seront d’aucun secours.
A y regarder de plus près, la situation du Parti Socialiste est des plus enthousiasmantes. Je vous conseille même d’y adhérer en masse. Elle exige de nous que nous quittions la paresse intellectuelle qui nous a envahis, contaminés que nous sommes du confort institué par la société. Elle exige que nos dirigeants quittent les ors de la République pour d’autres destinées. Michèle R, ancienne secrétaire de section, me disait : “Encore faudrait-il que nos militants se remettent à penser !“. La recherche du grand timonier s’inscrit hélas dans l’absence de volonté de répondre aux enjeux politiques de la société française, de l’Europe et du monde. Courage… fuyons ! En 2012, nous ne pourrons pas l’emporter si nous continuons à croire à la “providence”. C’est à l’opposé de tout ce que nous sommes. Quel que soit son talent, rien ne dit que le ou la meilleur(e) d’entre nous gagnera en 2012. Aujourd’hui, l’essentiel est la victoire que nous avons à mener sur nous-mêmes !
Rédigé par : Denis Szalkowski | 14 avril 2008 à 07:10
Ce que Cambadélis n'a pas compris, c'est qu'il n'y aura pas de rénovation rapide du parti sans rénovation des statuts du parti. Avec les statuts actuels et le système des courants, il y en aura toujours pour empecher d'avancer ceux qui voudraient secouer les vieilles idées du PS et qui auront les moyens de le faire. Les progrès se feront, mais trop lentement... et pendant ce temps l'UMP aura le temps de remodeler la France à sa guise. Le type de stratégie proné par Gorce n'est pas éloigné de celle qui avait permis à Blair de rénover le Labour. Sans cela, les Travaillistes auraient mis plus de temps à revenir au pouvoir. On peut faire sans... mais il ne faut pas dans ce cas espérer que le PS sera opérationnel vite pour l'échéance présidentielle avec un temps politique accéléré par le quinquennat.
Rédigé par : SFZ | 10 avril 2008 à 00:08
Aussi intéressants que soient tes arguments et ceux de Jean Christophe, ils m'apparaissent comme des arguties entre ceux qui se sentant minoritaires aujourd'hui au sein du parti veulent un secrétaire national qui renonce à être candidat à la Présidence dans l'espoir d'un changement de majorité en son sein et ceux qui se sentent majoritaires autour de Ségolène Royal et veulent que lui soit possible d'être candidate en 2012.
Rédigé par : Jean Pommier | 09 avril 2008 à 08:53
Quelle belle prose camarade !
Qui n'enlève rien, bien au contraire, à la pertinence du propos.
Et je rejoins aussi la synthèse de FP Nicolas tiens !
Rédigé par : jon | 08 avril 2008 à 20:51
Bravo pour cette réponse joueuse, dynamique et offensive. Vous aimez le débat et le faites savoir, c'est une très bonne chose. Sa réponse ayant été largement condescendante voyons comment il répondra à celle-ci.
Mais ce que j'aime le mieux dans cette lettre c'est le fait que vous pensez comme moi!:-)
Oui à la présidentialisation du parti.
Amitiés socialistes.
Rédigé par : asse42 | 08 avril 2008 à 18:43
Je rejoins FPNICOLAS en tous points.
Oui, regroupez-vous avec ceux du pôle le plus fédérateur et dynamique qui a besoin du seul "sage actif" que je connaisse : vous, Gaëtan.
*
Votre lettre-réponse est tout bonnement excellente ... mais je me répète, je crois !
Rédigé par : le concombre masqué | 08 avril 2008 à 16:08
Merci M. Gorce de répondre à ce triste sire qui aimerait nous faire accroire (allez, moi aussi je prends des tournures surranées) qu'il est un noble animal plein de bon sentiment, un peu comme le loup de la fable qui se déguise en agneau.
Faute d'un leader sous la main (DSK) ou d'un leader populaire (Fabius) voir d'un leadership tout court (Montebourg), d'aucun se disent: "Et si nous ressortions l'antienne de jouer collectif pour mieux nous partager les dépouilles d'un parti croupion et que le meilleur gagne en 2012".
De l'autre côté, la base militante que nous sommes aspire à une incarnation de nos valeurs, de nos idées, de nos principes rénovés. Cette incarnation sera avec un leader et un collectif, soudés tel un pack de rugby, pour faire pièce à la droite la plus réactionnaire depuis 1945.
M. Gorce, de grâce, joignez le pack de vrais rénovateurs: celui qui, autour de Mme Royal, propose aux militants une démarche rénovée, une vraie idée neuve: les écouter et prendre en compte leurs attentes.
Rédigé par : FP NICOLAS | 08 avril 2008 à 15:17