Les deux première auditions auxquelles s'est livrée la nouvelle mission sur la fin de vie, à laquelle je participe aux côté de Jean Léonetti, Michel Vaxès et Olivier Jardé, ont bien permis de fixer les termes du débat.
Pour Axel Kahn, la loi a pour vocation de fixer des règles générales et ne peut prendre en compte par voie d'exception des situations particulières. Il fonde son avis sur l'idée que la loi du 22 avril 2005 apporterait justement une réponse à toutes les situation envisageables. C'est sur ce point précis que je diverge. Ne faut-il pas prévoir pour les cas qui pourraient rentrer dans le champ de la loi sans en relever directement une formule d'exception ? Ne faut-il pas offrir une issue à l'insupportable qui refuserait justement d'entrer dans les cadres que nous aurions prévus ?
Plus globalement, Axel Kahn refuse avec force l'idée que la loi doive se substituer à ce qui relève de la seule responsabilité morale du malade ou de celui qui l'assiste. Il estime que le geste de celui-ci ne doit pas relever d'une règle qui l'absoudrait mais de la justice qui seule saurait au cas par cas en apprécier la portée. L'argument a de la force, mais n'omet-il pas les situations dans lesquelles le malade n'a pas la force d'en finir ou ses proches ou le médecin celle de l'assister ? Ne risque t-on pas de créer ou plutôt de faire perdurer une profonde inégalité devant la souffrance ou devant la mort ? Et s'il est exclu naturellement de fixer dans la loi la liste invraisemblable des cas dans lesquels l'interdit pourrait être levé, celle-ci ne devrait-elle pas réserver (comme une ultime et humaine précaution) l'hypothèse où aucune autre issue ne pourrait être trouvée que d'autoriser ce qui a aucun autre moment, dans aucune autre circonstance ne saurait être admis ?
Les réflexions du sociologue Patrick Baudry ont soulevé d'autres interrogations. Dès lors que l'affirmation de soi, la revendication d'autonomie, l'exigence qui en découle de contrôle de sa vie et donc de sa mort constituent les nouvelles lignes de force de notre société, quels arguments la société peut-elle valablement opposer à la demande d'un malade d'exercer son droit à mourir ? La difficulté ne vient d'ailleurs pas de cette demande mais de ce que pour s'exercer elle a besoin de la société par le truchement de la loi. La question n'est pas alors celle de savoir si cette « liberté »particulière doit ou non être garantie, mais de veiller à ce que son exercice ne soit pas le résultat d'une pression exercée sur le malade par la société, la famille ou le corps médical. Il faut à la fois laisser le choix au malade et s'assurer que ce choix n'est pas contraint, ne se substitue pas au dialogue, à la prise en compte de ce que chaque situation a de particulier ou d'exceptionnel.
C'est ce qui me rend si rétif à l'affirmation d'un droit ou à la reconnaissance d'un droit définit tel quel, tant on peut redouter que l'usage en soit détourné si la société n'est pas prête.
Il est plus qu'utile que les travaux de notre mission soient désormais publics, accessibles sur La Chaine Parlementaire. Tout cela doit procéder d'une lente maturation, d'une prise en charge par l'opinion publique de la complexité d'un problème que l'on a tendance à réduire en une simple opposition de principe ou de tempérament.
Michel Vaxès, citant Axel Kahn justement, avait raison de rappeler qu'il faut se garder en ces matières des certitudes et que le doute en permanence doit s'imposer ...
Rédigé par : | 16 septembre 2008 à 03:06
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