Ce dimanche matin, je me suis autorisé en quelque sorte un détour de campagne. Toute la Nièvre étant a Magny-Cours (et à juste titre pour défendre un circuit de F1 que nous devons garder), je me suis échappé comme chaque année à la même date au coeur du petit canton rural de Varzy. Au pied aussi des monuments du souvenir que notre vielle France ne cesse de fleurir. D'étape en étape, c'est un peu le chemin de croix de la Nièvre résistante que l'on remonte . A la mémoire des combattants morts les armes a la main succède celle des civils arrêtés et massacrés en représailles. Quelques noms inscrits sur de vieilles plaques et que la mémoire humaine n'abandonne pas encore.
On y parvient par une vallée étroite vers laquelle dévale la forêt brusquement figée dans son élan a quelques mètres de la route. Ce matin tombait une pluie lourde libérant les odeurs de ce début d'été. Chaque goutte, en éclatant, laissait échapper mille parfums familiers. Le rendez vous réunit un groupe de fidèles qui ressemblent a celles et ceux qu'ils sont venus honorer : des hommes et des femmes qui n'avaient souvent pour tout bien que leur force de travail mais à qui la République avait transmis un richesse plus précieuse : la dignité d'être citoyen apprise dans les luttes ou dans les livres.
Malgré l'habitude (voici onze ans sans faute que je suis là cette fin juin) je ressens toujours la même émotion. Liée au contraste entre ces paysages si paisibles et le souvenir des brèves et sauvages violences qui s'y déployèrent, entre ces hommes et femmes simples et purs et cette cause, plus grande qu'eux, pour laquelle ils sont morts et qu'il faut appeler la patrie. Une nation, c'est une mémoire commune et celle ci en dit plus que tout le reste. Elle doit s'entretenir, s'enrichir et d'abord demeurer : il n'est pas de peuple sans âme...
Où aller chercher ailleurs l'explication de nos déboires européens ? Comment des peuples qui doutent de ce qu'ils sont pourraient ils regarder l'Europe, cet ailleurs si proche mais aussi si incertain avec confiance? Seule la certitude de soi permet de consentir à partager ou à aliéner une part de soi.. Le doute retranche, divise, réduit. « Connais-toi toi-même », la vieille invite socratique convient aussi aux Nations!
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