La Charité sur Loire accueillait ce week-end le quatrième festival du mot.
Je choisis de changer de style en vous communiquant mon discours d'inauguration.
Bien amicalement
Gaëtan Gorce
INAUGURATION
DU FESTIVAL DU MOT
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Directeur du Festival et éminents festivaliers, cher Philippe Geluck,
Mesdames, Messieurs et chers Amis,
Cette année, j’entre en dissidence. Je ne mâcherai pas mes mots ! Finis les mots doux, les mots convenus ! J’en ai assez du Festival du Mot ! Quel manque d’ambition ! Quelle inertie ! Bon, que l’on ait renoncé à un Festival du Livre, je le comprends. Le Salon du Livre de Cosne nous aurait accusé de prendre du volume ; alors que notre festival est à peine, lui, haut comme trois tomes ! Et comment faire tenir tout un Festival du Livre dans une salle faite pour un seul chapitre ?
On aurait pu, en revanche, envisager un festival de la phrase, une sorte de féérie lexicale, une phrase Melba, pleine de mots sucrés ; un festival qui permettrait de montrer que, non seulement les intellectuels, mais aussi les politiques, sont en phrase avec les Français. Mais on aurait pu aller plus loin, choisir une solution encore plus microscopique ! Un festival de la Lettre, voire même de la consonne, consonne si peu aimée à laquelle chacun préfère la légère voyelle et qu’il faut réhabiliter. Par quelle consonne commencer me direz-vous ? Non pas par celle à laquelle songent ici les mauvais esprits naturellement, mais par celle qui suit, cette consonne R toujours si maltraitée, toujours si dévaluée.
On lui accole, en effet, en permanence des adjectifs péjoratifs : pauvre, pollué, irrespirable. On lui reproche son manque de franchise, cet air d’avoir deux R et de ne pas l’assumer !
On le dit agressif, on l'accuse de provoquer des éruptions adhésives (la colR) voire même d’encourager les conflits, de fournir l’R de la guerre.
Mais, la sagesse conduit à mesurer combien, au contre R, il est irremplaçable : faites disparaître le R, jetez le en enfR et tout est dépeuplé! Pour ne prendre que cet exemple, celui qui, sans lui, voudrait faire l’Amour se retrouverait à faire la moue ! Avouez que le plaisir n’est pas le même. Et que serait Vincent sans son R : Monsieur Oca, ça n’aurait plus l’R de rien. Un manque d’R et tout bascule, tout perd son sens : la carotte cahote, le fruit fuie, la crème sème, le crime atteint des cimes.
Ajouter un R, au contraire, et tout est réévalué, tout est redressé :
Monsieur Homais devient Homère ;
La taie devient la terre ;
Une maie devient la mer et la cité devient Cythère !
Alors, Marc, un bon mouvement. Un festival de la consonne, de toutes les consonnes, ce ne serait pas s’ABC ; on pourrait le jouer au D. Le F de Festival, permettrait à chacun, sans doute, de trouver son point G, sans forcer sur le H ; on en parlerait forcément au JT, ce serait un K d’école ; cela vaudrait bien un virage sur L. J’entends d’ici la foule : ce festival je l’M, ma poule, my Hen(N). Certains se sentiront tromP ? Pour les consoler, laissons le Q de côté, cela ferait trop d’histoires et le R a déjà été vu. Je propose donc qu’au P on ajoute le S, à condition qu’il soit rénové ! Difficile d’y croire lorsque l’on est à T. Surtout, n’oublions pas la ponctuation, le point, naturellement le V. à moins qu’il ne se soit fait doublé !
Comme tu le vois, mon cher Marc, ce Festival, pour le réussir, pas besoin d’avoir fait l’X. En revanche, besoin d'avoir à tes côtés Vincent, Monique, et tous les autres : tu ne pourras pas y arriver sans Z.
Tu pourras compter sur nous tous qui sommes alphabétisés !
Bref, ce ne serait pas bien difficile un Festival de la consonne. Et c’est à La Charité qu’il faudrait l’inaugurer. Chacun sait que l’R y est plus pur et que, à côté de nous, le Berry le roule si bien!
On m’accusera, en le proposant, de vouloir servir mes ambitions pour occuper, un jour, un MinistR. Certains penseront que je lorgne sur l’Outre-R ! Alors, là, cette fois, je mets les points sur les « i » et que mes propos soient pris au pied de la lettre. Ce ne sont plus des mots en l'R : de tous les socialistes, je suis le seul qui n'ait pas l'intention de devenir PR (Président de la République). Bref, il est temps que je m’arrête. Pour me le demander, il arrive que l’on crie, que l’on siffle. Il arrive aussi qu’on sonne ! CQFD !
Monsieur le M' R,
Point encore de comment'R ?
Les festivaliers ont encore la tête pleine des mots des artistes et conférenciers et n'osent poser les leurs sur l'écran .
4 jours , comme des vacances dans votre Ville, vivante cité où ce qui a compté , bien au-delà de la pluie, c'est , comme l'a souligné Vincent Roca ce matin sur IntR , l'Intelligence du Festival du Mot; l'R était à l'enthousiasme , au plaisir de l'écoute et du partage, à la gentillesse de tous: un constat unanime.
MRci .
Rédigé par : marie | 09 juin 2008 à 11:57