Curieux Parti socialiste? Ou trop prévisible? Voici deux jours à peine, dirigeants, petits ou grands, convergeaient vers La Rochelle pour se livrer à une féroce bataille de rue qui se déroula sous les yeux ébahis de milliers de militants et de centaines de journalistes. On se disputa férocement chaque mètre carré de terrasse, pas une chaise, pliant, ou rocking chair qui ne fut l'objet de terribles assauts. On se réfugiait dans les restaurants du port comme autant de casemates d'où partaient en rafale communiqués explosifs, déclarations meurtrières... Les alliances se faisaient et se défaisaient au grand jour suscitant selon que l'on était victime ou vainqueur, rancoeur ou ricanement. Au soir du dimanche, l'armistice était conclu. Mais le conflit n'avait pas livré son verdict. Les correspondants de cette guerre, pourtant bien rodés, s'accordèrent pour ne pas désigner de vainqueurs.
Deux jours plus tard, au Bureau national, on aurait pu penser que l'occasion serait saisie, à défaut de discuter des termes de la paix, de mettre sur la table buts de guerre et motifs de fâcheries. Non plus séparés par leurs préférences gastronomiques, tous les dirigeants se trouvaient enfin réunis autour d'une même table. À deux mois d'un congrès décisif, le moment n'était-il pas venu d'approfondir le débat, d'en fixer les termes, bref de sortir de la confusion, chacun étant invité à dire le pourquoi et le comment de ses prises de position?
Et bien il n'en fut rien! Le Premier secrétaire coupa court à toute tentative en proposant d'emblée de laisser de côté les sujets qui fâchent. Au nom, excusez du peu, d'une image à préserver... Quelque esprit facétieux eut pu faire remarquer alors que si les instances nationales du Parti socialiste, démocratiquement élues, ne constituent pas le lieu naturel où doivent s'exprimer les points de vue et se justifier les orientations politiques des uns et des autres, il serait naturel de se demander à quoi pouvait bien servir cette réunion hebdomadaire. Et plus encore, le vote des militants qui prirent voici trois ans la peine d'en choisir les participants. Mais alors que chacun avait trouvé parfaitement naturel l'affrontement de La Rochelle on n'aurait pas eu de mots assez forts pour condamner l'indécence d'un telle interprétation. Je préférais m'éclipser discrètement...
Trève de plaisanterie : tout le malaise du Parti socialiste se trouve là résumé. Ces instances nationales ont été dévaluées, dévitalisées au point que chacun trouve désormais normal de n'en faire qu'un rendez-vous notarial où l'on prend seulement acte des conséquences d'initiatives, de déclarations conduites, exposées ailleurs en dehors de toute procédure, sans souci d'un véritable échange, sans règle permettant de se contredire tout en se respectant. La Rochelle fut un désastre : la sagesse eût été ce soir de le reconnaître plutôt que de n'en point parler. D'en tirer aussi des leçons : il est urgent, plus qu'urgent, dussai-je me tuer à le répéter de changer les règles du jeu. Comment faire de la politique autrement, avec les manières et l'esprit d'antan? Comment surtout régler les questions en suspens, les conflits, c'est vrai légitimes, de leadership, si l'on met de côté les règles justement faites pour les résoudre : la démocratie, le vote clair sur des questions claires des militants; et d'abord tout simplement le principe d'un débat ouvert, dans les instances désignées à cet effet?
A nouveau, le parti socialiste donne une image assez réjouissante.
Une sorte de grosse mélée, où chacun cherche à occuper la niche la
plus favorable pour la bataille à venir.
L'activité principale des mebres du PS semble être essentiellement
consacrée à la lutte interne, alors que le gouvernement offre généreusement
le flan à de multiples attaques sans pour autant ne subir aucun assault (ou
si peu). Mais avant tout, il faut neutraliser la concurrence (au sein du PS), le reste viendra ensuite.
Je te rejoins tout à fait sur ton analyse: Il faut absolument changer les règles
du jeu au sein du PS. La seule issue est de désigner un sécrtaire général qui
sera également le prochain candidat à la présidentielle. Dans le cas contraire,
le secrétaire général sera sans pouvoir, chacun cherchera à lui mettre les batons dans les roues afin d'affaiblir sa future candidature à la fct présidentielle. On est donc parti pour une longue lutte intestine.
Au contraire, si le candidat à l'élection présidentielle est connu longtemps à l'avance, l'intêret de chacun sera de l'aider dans sa tâche de reconstruction du
parti et de reconquête du pouvoir (et on peut même réver de modernisation idéologique).
Olivier.
Rédigé par : OP | 07 septembre 2008 à 15:51
Bonjour Gaëtan,
Féroce mais très bien vu (et dit).
Oh! la délicieuse expression que voilà :
"... qu'un rendez-vous notarial... "
AS
Rédigé par : le concombre masqué | 04 septembre 2008 à 13:04
Le PS en plein non dit. Merci Hollande.
Rédigé par : Chut | 03 septembre 2008 à 11:43