Le groupe socialiste a finalement décidé de s’abstenir sur le vote du plan d’urgence financier. Je suis convaincu que cette décision est une erreur de plus à inscrire au débit d’une direction obnubilée par les enjeux de congrès.
Pourquoi fallait-il voter ce plan ?
D’abord, parce qu’il est nécessaire : nul ne peut nier la gravité de la crise et la menace qu’elle exerce sur le crédit et par ricochet sur l’activité économique.
Ensuite, parce qu’il est approprié : il ne fait aucun doute que nous aurions présenté très exactement le même paquet de mesures si nous avions été nous-mêmes aux responsabilités. Certes, il peut échouer, mais il constitue aujourd'hui la seule réponse possible.
Enfin, parce qu’il est européen : et c’est là sans doute l’argument le plus fort pour nous qui réclamions depuis des années l’affirmation d’une gouvernance économique de l’Union qui puisse discuter de plain pied avec la Banque Centrale Européenne.
Voter ce projet ne conduisait en rien à exonérer Nicolas Sarkozy et son Gouvernement de leur incapacité à anticiper la crise et aujourd’hui à en tirer les conséquences économiques, budgétaires et sociales.
Voter ce projet ne nous obligerait en rien à atténuer nos critiques sur l'injustice fiscale à l'oeuvre depuis seize mois.
Et pourtant, la Direction du groupe et celle du Parti socialiste ont suggéré l’abstention : l’horizon, novembre 2008 et le Congrès de Reims a, une fois de plus, prévalu sur l’horizon 2012 et l’alternance que nous devrions préparer en priorité.
Cette alternance, nous devons la construire dès aujourd’hui par un discours de responsabilité exigé par l’actualité mais aussi par la crise profonde, morale, sociale, dans laquelle est enfoncé notre pays depuis des années.
Et pourtant, il ne se trouve dans ce parti aucun leader capable de se placer à la hauteur des circonstances et des enjeux. Quand celles et ceux qui pourraient prétendre à tenir ce rôle décideront-ils à regarder au-delà des sondages ou des votes du jour pour se placer dans une véritable perspective? La question reste ouverte.
Gaëtan Gorce
P.S. : Une difficulté matérielle de dernier moment m’a empêché de participer directement au vote. J’avais donné une délégation pour voter oui à des collègues qui ont finalement décidé de s’abstenir, sous la pression de leurs responsables de motion. À l’évidence, l’Elysée ne passe pas par Reims...
Je partage le commentaire de Jean-Pierr E, ce n'est pas parceque vous avez déclaré sur Radio Classique que vous aviez rejoint la motion E "sans enthousiasme" que vous ne devez pas respecter les décisions prises. Et j'ajoute que si ce plan a rassuré les banques il n'a pas rassuré la bourse qui s'inquiète maintenant, à juste titre, des conséquences de cette crise sur le plan économique et là Sarkozy n'a pas de réponses crédibles, il n'envisage même pas de revoir ses prévisions budgétaires basées sur une croissance de 1% qui ne sera manifestement pas tenue. L'abstention sur ce plan est donc une décision respectable pour un parti d'opposition qui est quodiennement attaqué par ce gouvernement.
Rédigé par : J.M. Queste | 16 octobre 2008 à 19:07
! Je suis incroyablement gêné par votre prise de position et par les commentaires me précédant ! Vous avez signé une motion qui dit clairement que désormais, les élus PS devront enfin respecter les décisions du Parti et celles de ses militants. Là, il y a eu une décision débattue et décidée et voilà que vous dites publiquement qu'il fallait passer outre ! De plus, vous voulez valider un plan d'urgence qui donne tout aux financiers sans de vraies contre-parties ! Incroyable... vraiment incroyable...
Et que pense du commentaire méprisant Ségolène Royal et les militants ayant voté pour elle ! Quel est votre avis sur ce propos ?
Rédigé par : JEan-Pierre E. | 16 octobre 2008 à 11:58
M.Gorce
Je ne suis pas un de vos electeurs mais je souhaite comprendre quelque chose.
Pourquoi, lors de la designation de Mme Royal comme candidate a la presidentielle, personne ne s'est leve au PS pour denoncer cette supercherie?
Pourquoi ni vous, ni M.Valls, ni DSK. ni Fabius, ni Aubry ne sont leves - comme des Hommes d'Etat - pour faire cesser ce jeu sordide et meprisant pour notre pays et notre democratie?
Alors aujourd'hui, c'est un peu tard apres tant de renoncements. je ne le souhaite pas car le PS est un parti de gouvernement. Mais honnetement l'est il encore?
merci de votre reponse
Rédigé par : BEN | 16 octobre 2008 à 10:41
Une position d'abstention insuportable, la pire, celle de l'indécision et qui dit :" voila ce qu'on devrait faire, mais voilà ce qu'on fait". Je crois que ces erreurs accumulées deviennent des fautes, et que pour un militant et élu de base que je suis, ça devient intenable comme position. En décalage complet avec le ressenti et le vécu des gens moyens notamment qui sont plus qu'inquiets ces jours derniers! mais dans quel monde vit le PS, au delà de la justesse et de l'explication de la necessité du vote positif, pour ne plus ressentir ce que nous avons en tête? Surtout continez sur la ligne que vous avez choisi, ainsi il restera peut-être une infime possibilité de changer le parti de l'intérieur, mais je commence à y croire de moins en moins....
Rédigé par : Jean Paul | 15 octobre 2008 à 22:18