Le débat continue : d'un mail peut-il sortir un bien?
Lettre à Monsieur le ministre de l'Éducation Nationale
Il semblerait qu'au coeur de cet après-midi, pour avoir posé une question dérangeante à la tribune de l'Assemblée nationale, j'ai perdu un lecteur. J'ignorais Monsieur le Ministre, que vous me faisiez l'honneur de consulter mon blog et ma satisfaction de l'apprendre a été aussitôt déçue par l'insupportable annonce que désormais vous ne le feriez plus.
Il y a là une attitude qui n'est pas sans rappeler le titre d'un bel ouvrage de Michel Foucault : « Surveiller et punir ». Dans cette formule est résumé le reproche tout simple que je vous fais. Votre curiosité n'est donc jamais innocente. C'est bien la raison pour laquelle je me suis permis de vous interroger sur l'opportunité et les risques que représente le système de surveillance de la toile que vous voulez mettre en place (ou prolonger puisqu'il semblerait que cette initiative date de 2006).
Comment ne pas craindre que les informations que vous recueillerez ne soient utilisées contre ceux qui les diffusent? Et que le même mouvement de colère qui vous a conduit à m'annoncer la rupture de nos relations « internautiques » vous conduise demain à reprocher à tel enseignant, tel citoyen (qui aura cru pouvoir benoîtement commenter votre politique) ses déclarations, ses propos, pour finir en justice ou se voir imputer un manquement à l'obligation de réserve?
J'observe que vous n'avez répondu à aucune de mes questions précises. Que vous souhaitiez vous tenir informé, grand bien vous fasse! Même si le coût de l'abonnement est un peu élevé (250000 € par an). Mais que ferez vous de ces informations? Pour quel usage souhaitez vous les détenir? Et de quelles protections bénéficieront leurs auteurs? Ces questions restent entières! Mon « interpellation » n'avait d'ailleurs pas pour objet particulier de vous irriter, même si j'y suis manifestement parvenu. Elle visait d'abord, et surtout, à attirer l'attention de nos concitoyens sur ces petites encoches, en apparence bénignes, à leur liberté d'opinion et d 'expression.
Les initiatives comme la vôtre se multiplient. Elles sont à l'évidence mal encadrées juridiquement et ne font l'objet d'aucun contrôle pas même déontologique. Et plutôt que de s'habituer à y voir un moindre mal, peut-être faudrait-t-il que chacun d 'entre nous, plus soucieux de ses droits, s'interroge à son tour. Qui mieux qu'un ministre de la République devrait se sentir obligé d'y « veiller »? Cette veille là me semblerait à tous égards plus rassurante.
Votre système de surveillance aura peut-être au moins un mérite : faute de pouvoir compter, pour que cette lettre vous parvienne, sur la délicate attention dont vous me gratifiiez jusqu'à lors, peut-être puis-je désormais m'en remettre à « l'espion électronique » dont vous vous êtes doté. Nos correspondances en perdront en chaleur et en intimité, mais peut être trouveront-elles au moins, cette fois-ci, un écho...
Bien « librement » à vous
Gaëtan Gorce
Merci M le député.
Instituteur depuis 25 ans, c'est la première fois que je me sens mal dans mon métier.
J'ai l'impression que nous sommes des bêtes à abattre en attendant une nouvelle génération d'instits formatés dociles et sans esprit critique.
Dans mes loisirs je compte mon appartenance au groupe musical "Les ignobles du bordelais" groupe rock and drôle de 22 ans d'âge.
Un de nos derniers morceaux/clip sur le ministre de l'Education Nationale a été diffusé sur dailymotion après une âpre discussion des membres du groupe (majoritairement enseignants). Une crainte de représailles inhabituelle s'est emparé de nous, inquiet tout à coup pour notre liberté d'expression, et des pressions que l'on pourrait subir au sein de notre administration si elle décidait tout à coup de nous punir de nos publications.
Nous sommes allés jusqu'à demander l'avis d'un avocat.
C'est dire si la situation en France est en train de devenir inquiétante après Edwige et l'appel d'offre que vous avez à juste titre dénoncé.
Merci pour votre intervention, j'espère que vous serez de plus en plus nombreux à défendre les citoyens que l'on malmène de plus en plus.
Cordialement
Pierre Bourdeau
Institosaure
Rédigé par : Bourdeau Pierre | 20 novembre 2008 à 19:08
Cher Gaetan Gorce,
Permettez-moi sur ce point de vous dire à quel point je partage votre analyse et vos inquiétudes. Et permettez-moi aussi de vous recommander la lecture de mon article "La Nation doit-elle s'immiscer dans les programmes scolaires ?" en ligne sur mon blog : http://daviddahomay.over-blog.com
Bien à vous cher Gaetan Gorce.
Rédigé par : David Dahomay | 19 novembre 2008 à 16:27
Monsieur le député,
Votre question à M.Darcos était pertinente et brillamment tournée, je crains cependant qu'elle ne manqua son but en ce qu'elle ne s'articulait pas assez au réel qui est contenu tout entier par le montant de l'appel d'offre: 250 000 euros. Dans ma commune de Côte-d'Or (arc-sur-tille) les enfants scolarisés ont eu le bénéfice d'un enseignement d'anglais dispensé par une native sous contrat de vacation avec l'EN. Cette année, une heure lui a été amputée car une nouvelle enseignante avait la qualification comme tous les professeurs passés par les IUFM depuis 2002. Que cette enseignante se vive comme germaniste et non comme angliciste n'y change rien, pour l'administration elle est bonne pour le service; L'année prochaine d'ailleurs tous les enseignants de l'école devront enseigner l'anglais, qu'ils connaissent ou non quelque chose à cette langue. Bien évidemment, une formation leur est promise mais rien n'est meilleur que l'accent original, et rien n'est plus fondamental que la formation de l'oreille pour progresser dans une langue. L'économie réalisée ainsi sera de 10,5 euros nets par heure de cours. Quel sera le gain concernant la maitrise de la langue anglaise pour les élèves? En comparaison des 250 000 euros susceptibles d'être dépensés pour une tâche de police, l'économie est insultante, elle interroge le sens que l'on donne à l'enseignement de l'anglais. Après tout, comme langue internationale, sa maitrise entre en contradiction avec le contrôle de l'opinion publique.
Bien cordialement
Jérôme Loiseau
PS: je ne suis pas professeur d'anglais
Rédigé par : jerome loiseau | 19 novembre 2008 à 15:46
Bonjour,
j'ai découvert par ricochet votre "confrontation" avec M. Darcos.
Je vous appuie totalement dans votre démarche et m'étonne de la réaction disproportionnée qu'elle a déclenchée. La meilleure défense est l'attaque, notre si cher ministre l'a bien compris.
Je trouve très malsain les "je veux savoir" qu'il a martelés. De mon côté, "je veux savoir" pourquoi il cherche tant, à l'instar du président, à réformer à tout prix, bafouant totalement les échanges préparatoires auxquels ses prédécesseurs nous avaient habitués. Ce ministère veut revenir à une définition du fonctionnaire bon petit soldat qui applique sans rechigner et qui fait ce qu'on lui dit de faire. A l'écouter, j'en aurais presque envie de démissionner... heureusement, dans notre beau métier, nous restons assez libres de refuser d'appliquer les incohérences venues "d'en haut".
Avec ce type de commentaire, nul doute que M. le ministre reviendra vers votre blog !
Cordialement
LD
Rédigé par : L. Dumont | 19 novembre 2008 à 14:21
Merci pour votre prompte réaction.
Je comprends bien les craintes (Big brother).
La où vous (et ceux que vous défendez) êtes en décalage avec votre interrogation, c'est que depuis l'origine du net tout le monde a accès au dire de tout le monde !
Le ministre Darcos est mauvais sur ce coup, car il peut avoir le même résultat( lire ce que dit untel) sans appel d'offre, sans Abo á 250.000 € et sans question á L'AN.
Ah oui pour le pronostique...je viens de lire l'histoire du " peuple " et de vente de la rue de Solferino de votre candidate. Je crois qu'elle vient de se tirer une balle dans le pied...
Sincérement.
Ledun Jean-Paul
Rédigé par : Ledun | 19 novembre 2008 à 14:10
Bonjour Monsieur Ledun,
Ma réponse à votre commentaire est contenue dans la lettre adressée à Xavier Darcos. A force d'accepter ces petits rien, nous risquons de perdre beaucoup. Ce n'est pas la même chose de mettre en ligne librement ses commentaires et ses points de vue lorsqu'on est fonctionnaire de l'Education Nationale et de le faire en sachant qu'un surveillant vous observe et en rendra compte aussitôt. J'admets que la réponse n'est pas simple, mais la question doit être posée.
Bien à vous
Gaëtan Gorce
Rédigé par : Gaëtan Gorce | 19 novembre 2008 à 10:35
Bonsoir Monsieur Gorce,
Ne vous étonnez pas de la réponse du Ministre. Votre question est ridicule et suspecte d’une grande démagogie.
Tout le monde, donc vous même, glanent des infos sur des sujets spécifiques sur la toile. Êtes-vous pour autant membre des RG (qui a inventé le RG ?)
Non, moi non plus et les ministères non plus.
Là où je dois vous donne raison (si votre chiffre est véridique) pourquoi se service devrait couter 250.000€ ? Et pourquoi un appel d'offre ? Que les ministères ne disent rien á personne, emploient quelque fonctionnaires supplémentaires rien que pour cela, et le tour est joué. Vous voyez ce que je veux dire, style « patrouille de veilleurs ».
(C'est bizarre que je ne le savais pas ca. Madame royal ne s'est pas donné la peine de faire un appel d'offre.)
Encore un petit pronostique pour Jeudi, pendant que je vous tiens....Je donne Madame Royal Premier secrétaire sortante et beaucoup de tensions jusqu'á 2012.
Salutations
Ledun Jean-Paul
Rédigé par : Ledun jean-Paul | 19 novembre 2008 à 03:40