La città ideale, anonyme, seizième siècle
Cette rentrée est lourde d’inquiétudes et de menaces. Elle suppose, pour chacun d’entre nous, de faire preuve d’un véritable esprit de responsabilité. Cela vaut naturellement pour la majorité dont on peut regretter le cynisme trop voyant, cela vaut aussi pour l’opposition qui ne peut se contenter de commenter les évènements. La critique adressée à la politique de Nicolas Sarkozy est profondément justifiée. Rien n’a été fait pour anticiper la crise. Et le plan de relance est profondément déséquilibré dans la mesure où il ne comporte aucune disposition véritablement significative en matière sociale. Pourquoi, par exemple, ne pas avoir généralisé les contrats de transition professionnelle pour amortir de manière significative la situation de ceux qui vont perdre leur emploi dans le cadre d’un plan social, ou pire, et ce sont plus nombreux, en dehors de tout plan social ? Il est essentiel que droite comme gauche, Gouvernement comme Parlement, acteurs économiques et acteurs sociaux se situent à la hauteur des évènements et surtout de l’angoisse qui étreint nos concitoyens. Or, la rentrée politique, pas plus que la rentrée syndicale, ne répondent à cette préoccupation.
Voir l’Assemblée nationale toute entière occupée de ses propres affaires, c'est-à-dire de la question du droit d’amendement ne correspond en rien aux enjeux du moment. La faute en est au Gouvernement qui a choisi d’ouvrir ce front au pire moment, s'attaquant au seul vrai pouvoir dont l'opposition dispose. La revalorisation du Parlement souhaitée par tous mérite mieux que ce débat tronqué, forcément excessif, polémique et déplacé. Ne serait-il pas préférable qu’un compromis soit rapidement trouvé? Ou mieux : que cette question soit remise à plus tard pour ne pas donner le spectacle d’un déchirement politique et partisan au moment même où c’est le rassemblement qui devrait prévaloir dans l’intérêt du pays.
Le blocage constaté sur le renouvellement de la convention d’assurance chômage est tout aussi déplorable. Alors que la crise s’accentue, on aurait pu s’attendre à ce que les partenaires sociaux aient d’abord le souci de s’entendre pour renforcer la protection et le droit de ceux qui vont perdre leur emploi. La CFDT a choisi de prendre ses responsabilités en acceptant un texte qu’elle juge pourtant insuffisant et qui à l’évidence doit être amélioré. Il est dommageable que le patronat n’aie pas été capable de faire prévaloir l’exigence de la cohésion sociale sur des intérêts de court terme comme la baisse des cotisations. A quoi cela rime t-il d’envisager une telle baisse au moment où, au contraire, il faut améliorer et la durée, et le montant des indemnisations, quitte naturellement à renforcer les devoirs des demandeurs d’emploi concernés. Aussi, pourrait-on souhaiter là aussi, que le Gouvernement se saisisse des moyens qui sont les siens pour ramener les partenaires sociaux autour de la table de négociation afin que le texte de la convention soit singulièrement amendé et aménagé et puisse faire l’objet d’un consensus. Que l’indemnisation des chômeurs, au cœur d’une crise sociale, soit un sujet de polémique entre les partenaires sociaux et avec le Gouvernement est totalement hors de propos.
Agréer un texte qui ne recevrait qu'une signature, fut-elle estimable, de la CFDT, est par conséquent inimaginable. L'imposer, par dessus la tête des syndicats serait tout aussi inacceptable. C'est la voix du consensus qu'il faut explorer sans cesse et apporter ainsi la démonstration que les responsables politiques, économiques et sociaux ne ménagent pas leurs efforts pour rechercher des solutions partagées sans lesquelles la confiance continuera de décliner.
Comment ne pas souhaiter enfin que nous soient épargnées les déclarations semblant spéculer sur la gravité de la crise sociale pour favoriser les changements politiques!
Aussi, je forme le vœu, en ce début d’année, que ceux qui sont aujourd’hui en responsabilité donnent l’image d’un vrai souci de l’esprit public, se plaçant d’emblée à la hauteur des enjeux, face aux querelles de boutiques, ou aux batailles pour initiés. C’est cette image qu’ils doivent donner au pays qui a besoin d’être rassuré au moment où il s’apprête à affronter l’une des plus violentes tempêtes économiques et sociales de son histoire récente.
Gaëtan Gorce
P.S. : J’adresse mes vœux de bonheur, de santé, de lucidité et de courage à tous ceux qui me font l’honneur et la gentillesse de me lire.
Commentaires