Si l'on veut que la mobilisation qui s'est produite la semaine dernière produise son effet, il importe d'en faire désormais un levier pour faire « bouger » le gouvernement. Martine Aubry a repris hier l'idée d'un rendez-vous de toutes les forces vives du pays (assez proche de celle d'un Grenelle de la crise que j'avais formulée voici quinze jours). Il ne doit pas s'agir d'un simple slogan, ou d'une formule d'un moment, mais bien d'une option qui doit être rappelée et rappelée sans cesse...
À quoi servirait un tel rendez-vous? Il traduirait tout d'abord de la part du Président de la République un véritable et tout aussi indispensable changement de méthode, la concertation prenant le pas sur la décision unilatérale, parfois la provocation... Ce serait aussi l'occasion d'ajouter au contenu du plan de relance les mesures d'accompagnement social et de soutien à l'innovation qui font encore gravement défaut.
La reprise viendra peut-être de l'argent public massivement injecté dans l'économie. Rien pourtant n'est moins sûr au regard de l'encéphalogramme plat que révèle la conjoncture. Elle viendra surtout d'un investissement massif dans la productivité de notre économie : infrastructures, soutien aux technologies vertes... Mais cet investissement devrait porter aussi sur la formation. C'est un plan « une nouvelle chance pour tous » qu'il faudrait lancer.
Ce plan consisterait à garantir systématiquement à chaque salarié licencié ou soumis au chômage partiel un droit renforcé à la formation c'est-à-dire soit à la reconnaissance de ses savoir faire, par la validation des acquis de l'expérience (VAE), soit à l'adaptation à l'emploi, soit à l'élaboration d'un nouveau projet professionnel. Ce serait l'occasion d'élever rapidement le niveau moyen de qualification de nos emplois aujourd'hui, pour permettre demain une reprise de l'activité et du pouvoir d'achat par l'augmentation de la productivité du travail.
Ce plan nous permettrait de rattraper notre retard en matière de formation, et plus de reconnaissance des capacités : 70% des salariés de ce pays ont un niveau de formation égal ou inférieur au CAP-BEP. Il s'agit donc bien d'une urgence nationale à laquelle la crise nous aiderait, paradoxalement, à répondre.
Comment faire? L'impasse, relative, dans laquelle se trouvent les négociations sur l'assurance chômage comme celles sur la négociation professionnelle, devrait conduire les pouvoirs publics à reprendre l'initiative et proposer la création d'un fonds national, mobilisable par région, qui permettrait de tirer parti de la crise pour préparer l'avenir de l'emploi.
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