Les listes adoptées par le dernier conseil national pour les européennes font l'objet d'une vive contestation. Comment s'en étonner? Alors que s'était affirmée, à l'occasion du congrès, une large volonté de rénovation, ces listes ont été concoctées selon les méthodes les plus traditionnelles, les plus orthodoxes, les plus contestables.
Elles sont en effet le résultat d'arrangements passés entre des courants qui défendent des intérêts spécifiques, sans considération d'ordre général ou d'intérêt du parti. Le renouvellement, la diversité, sont laissés à la discrétion de l'appareil qui l'interprète à sa manière, soucieux de préserver ou de se constituer une clientèle.
Il ne sert à rien cependant de jeter l'opprobre sur les chefs de courant. C'est un système, que je dénonce depuis des mois, qui est à l'oeuvre et qui montre encore aujourd'hui toute sa malfaisance. D'autant que l'équation s'est encore compliquée par la balkanisation qui affecte les courants eux-mêmes.
Faute de cohérence idéologique, chacun de ceux issus du congrès est traversé de sous courants, de sous groupes, aux intérêts contradictoires. Le Parti socialiste part ainsi en lambeaux et il ne faut pas s'étonner du spectacle qu'il donne puisque rien n'a été fait pour supprimer les causes de cette situation.
Pour ne prendre que l'exemple des Européennes, la logique n'aurait-elle pas été que les militants et eux seuls aient eu à décider du choix de l'ordre des candidats? Saisis, région par région, du nom des impétrants, c'était à eux de décider qui était digne ou non de représenter les socialistes dans leur circonscription. Quel sens peut bien avoir un vote sur des listes bloquées? La démocratie y trouve-t-elle son compte? Et quel temps perdu en cas de rejet? Comment sortir en effet de l'impasse dans laquelle celui-ci nous jetterait? Sont-ce les mêmes courants, les mêmes états-majors, qui devraient, désavoués, réécrire leur copie, au risque de contredire à nouveau la volonté militante? Ou faudrait-il alors seulement, comme je le suggère, laisser décider nos adhérents? Ma conviction est que notre parti ne pourra se réformer que lorsque les courants auront été privés de toute influence sur le choix de nos dirigeants comme de nos candidats, pour mieux se concentrer sur le débat politique et l'élaboration de notre projet.
À défaut, la loi des écuries, ou des féodalités locales continuera de chercher à s'imposer contre toute évidence, c'est-à-dire contre l'orientation que souhaite manifestement donner au Parti socialiste des dizaines de milliers d'adhérents qui n'en finissent pas d'espérer une vraie, profonde et complète rénovation.
Gaëtan Gorce
Tres bonne analyse Gaetan . Hélas la contestation de ces listes est aussi venue de camarades voulant à toute force " placer " des candidats déjà multicumulards, ça n'est pas un bonus pour ceux qui contestent la " fabrication" des listes. Beaucoup de camarades attendaient des signes de renouvellement via des têtes nouvelles, et aussi que les sortants à qui le mandat européen ne sert que de salaire pour être chef de courant ne soient pas reconduits . Sur ces différents points la rénovation est bien loin !
Rédigé par : PierreP | 12 mars 2009 à 17:51
Encore une saine lecture, qui réchauffe le coeur et l'esprit des adhérents et sympathisants du PS, Gaëtan.
Mais "à défaut, la loi des écuries, ou des féodalités locales continuera de chercher à s'imposer contre toute évidence..." implique forcément "les chefs de courants", malheureusement. Que vous êtes délicat !
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Ce que je trouve extraordinaire, ce sont les décryptages et présentations tordues, que l'on peut lire dans la presse :
le vent de révolte ne proviendrait que de quelques élus contrariés !?
Mais quid des militants piétinés ?
Vous êtes un des rarissimes élus à pointer cette question essentielle. Comme si la rénovation du PS dont certains se sont gargarisés des mois durant, ne devait être qu'illusion pour les militants restés dans ce parti avec courage, et donc mensonges pinocchiens pour les bonimenteurs !
Bien cordialement,
Rédigé par : le concombre masqué | 10 mars 2009 à 22:38
Quand je suis entrée au PS début 2006, je croyais que ce parti allait enfin devenir plus démocratique. J'y suis restée le 17 juin 2007 lorsque le BN a refusé d'avancer le congrès pour désigner un leader. J'y reste après le Barnum de l'UE en été 2008, et les tripatouillages des élections du secrétaire. J'y reste car il s'y trouve des gens de qualité - comme vous, monsieur Gorce - dont l'éthique et la cohérence entre les actes et les discours est incontestable.
Par contre si quelqu'un créait un "PARTI SOCIALISTE ET DEMOCRATIQUE" ... Mais ne rêvons pas.
Ces dirigeants là arriveront ils à maintenir encore longtemps les militants dans une posture qui les réduit au rôle de porte siège, sans respect pour leur vote?
Vous dites:
"la logique n'aurait-elle pas été que les militants et eux seuls aient eu à décider du choix de l'ordre des candidats? Saisis, région par région, du nom des impétrants, c'était à eux de décider qui était digne ou non de représenter les socialistes dans leur circonscription."
Oui, ce serait une pratique démocratique..
... autre chose que celle qui a consisté, aux municipales, à parachuter une toulonnais (Hammadye) à Orly contre le gré des socialistes du lieu.
Non, la démocratie n'a décidément pas son compte dans ce parti dont des chefs rancis s'accrochent à leur pouvoir contre le gré des socialistes.
Vous dites aussi:
"Ma conviction est que notre parti ne pourra se réformer que lorsque les courants auront été privés de toute influence sur le choix de nos dirigeants comme de nos candidats, pour mieux se concentrer sur le débat politique et l'élaboration de notre projet".
Mille fois oui!!! Le nœud du problème est bien là!
Jocelyne Galy. PS et Désirs d'avenir
NB: j'ai lu d'une traite votre dernier livre "lettre ouverte à ceux qui veulent encore espérer de la gauche". J'y ai beaucoup apprécié vos analyses et propositions constructives et novatrices. Merci
Rédigé par : Galy | 10 mars 2009 à 13:31
Quelle satisfaction de lire ces lignes qui traduisent si clairement ce que pensent nombre d'entre nous qui nous "accrochons". Grâce à des camarades comme vous, nous continuerons de résister. Il faudrait que votre texte soit placardé sur tous les murs de Solférino !!!
Merci à vous.
JCK Rennes
Rédigé par : Jean-Claude KATZ | 10 mars 2009 à 11:31
Bravo M Gorce, votre lucidite est aussi celle de pas mal de camarades qui protestent sur ces choix d une obscure clarete.
Rédigé par : Fabien Philippe Reunirt | 10 mars 2009 à 03:11
Je suis en accord avec cet article. D’ailleurs mesuré par rapport à tout ce qu’on peut lire en ce moment !
Accrochés à ce "système", n'imaginant pas autre chose que sa prolongation, plusieurs responsables socialistes ont cherché dans un premier temps à minimiser l'importance de la contestation.
On a pu lire qu'il ne s'agissait pour eux que de "réactions épidermiques", venant de barons locaux ... le fait que beaucoup de militants les soutiennent était alors complètement occulté. Des militants qui désespèrent de voir un jour cette rénovation sans cesse repoussée.
Mais la "fronde" a pris une certaine ampleur, et commence à inquiéter. Alors, au lieu de reconnaître que c'est, en effet, le système qui est contesté, on préfère viser les personnes :
- d'une part les dangereux fauteurs de trouble, que l'on qualifié "d’esprits médiocres, malveillants"
- d'autre part les militants qui soutiennent le mouvement, en essayant de les culpabiliser, en leur expliquant qu'ils ne mesurent pas tout à fait l'effet de leurs actes, qu'ils peuvent le regretter à l'avenir, qu’ils mettent en péril l’unité du parti !
Je souhaiterais aussi parler ici du parti "au travail ". Quelle déception ! Une vie militante dans les sections réduite le plus souvent à l’organisation du tractage … l’étouffement de toute initiative venant des militants … l’absence de réponse aux demandes de réunions préalables aux votes (le vote du 12 mars n’échappe pas au phénomène) … j’arrête là, la liste est trop longue.
Après notre Congrès lamentable, les responsables du PS (sections, fédération, national) auraient pu au moins sauver quelque chose, remettre en route la machine en organisant ce nécessaire travail, à la base, avec les militants. Rien ! Plus engagés que d’autres, nous sommes quelques-uns à nous être penché sur le Manifesto, par exemple … mais les autres, tous les autres, en travail collectif ? Non, rien ! Ils vont voter sur le texte d’orientation, pour lequel pratiquement aucune réunion n’aura été organisée !
S’ils se déplacent pour voter !
Le PS part en lambeaux, oui, et pour tous ceux qui souhaitent un sursaut chaque jour devient de plus en plus difficile. Sans flatterie … il nous reste la lecture du blog de Gaëtan !!!
Daniel Cordiez, militant de Dunkerque, circonscription Nord-Ouest … mais mon commentaire s’arrête là !
Rédigé par : Daniel Cordiez | 09 mars 2009 à 23:57
Merci
vous savez ecouter et ENTENDRE ce qui gronde à la base et ne vous travestissez pas pour un fromage !!!
Vous gardez depuis longtemps une ligne claire et ne cherchez pas à apparaitre et paraitre...mais à être vrai
Comme je suis déçue moi qi ait soutenue et vote la motion E de voir leur "meneurs " se fourvoyaient dans ce système digne de l UMP
Rédigé par : zazou 61 | 09 mars 2009 à 22:03
Bonjour Gaëtan,
oui, bonne analyse que je partage.
Le secret règne dans les fédés sur les noms des candidats aux européennes dans chaque département. Je le dis toujours, on dirait que ce parti a peur de ses militants. Résultat, en Saone et loire, on se retrouve avec un type tres bien sur la liste grand Est mais peu connu et on lui conteste sa légitimité (surtout dans le 21) parce qu'il a grillé pribetich. et qu'accessoirement,il a suspendu ses cotisations pendant qqs années pour raisons professionnelles. qu on apprenne à communiquer en interne. Tout le monde ne pense pas à comploter sans cesse pour dézinguer l'autre...Le secret est d'un autre temps
Rédigé par : flodechambe | 09 mars 2009 à 20:38
Si le PS avait plus de gens comme vous il ne serait pas dans cet état. Je vote PS depuis près de 30 ans mais cette fois et bien que Vincent PEILLON ait été désigné dans ma région je voterai Verts.
Rédigé par : ANNIE | 09 mars 2009 à 20:31
Enfin quelqu'un qui réfléchit au système de désignation et pas à quel camp est lésé, à raison ou tort ! Reste plus qu'à espérer que pour la prochaine fois le vote ne sera plus bloqué. Il aurait tout à fait été possible de mettre plus de noms sur les listes qu'il n'en faut et de marquer : "veuillez rayer [le nombre excessif] de candidats" et ceux rayés le plus n'auraient pas été retenus, ceux rayés le moins placés en tête en gardant le système de parité. Bon, pour choisir l'ordre, il faut quand même imaginer ce que ça donnerait si chacun numérotait les candidats, côté dépouillement, hmmm. Après, il y a encore des endroits où on serait capables de faire une égalité parfaite ou presque...
Rédigé par : Lea | 09 mars 2009 à 19:36
Quel texte bienvenu ! Enfin un dirigeant du côté des militants, et guidé par le sens commun. Vous êtes une lueur d'espoir.
Rédigé par : militantparisien | 09 mars 2009 à 17:38