Le problème de la politique menée en direction de notre jeunesse dans ce pays, c’est qu’elle repose sur de vieux schémas. Les mêmes depuis plus d’une trentaine d’années :
La séparation stricte entre les classes d’âge, notamment entre les 18 /25 ans et le reste de la population.
La séparation là aussi étanche, entre la formation et l’accès à l’emploi, comme si ces deux périodes ne devaient pas être, en particulier pour la jeunesse, liées.
L’impossibilité, une fois choisie une orientation professionnelle, de pouvoir en suivre une nouvelle, ou alors au prix de difficultés majeures.
Si le plan présenté demain par Nicolas Sarkozy et Martin Hirsch ne prend pas de front ces préjugés qui gouvernent nos politiques en direction de la jeunesse depuis trop longtemps, alors il est voué, une fois de plus, à l’inefficacité. D’autant que sont venues s’ajouter à ces réalités des données nouvelles :
Il n’y a pas une, mais plusieurs jeunesses, en particulier, en raison des différences liées au lieu de vie, au niveau de formation ou à l’origine sociale.
Les jeunes sont les premières victimes du chômage et c’est toujours à leur détriment que s’opèrent les ajustements.
Enfin, par un redoutable renversement des choses, les jeunes fournissent aujourd’hui les plus gros bataillons des populations pauvres dans notre pays : 45% des personnes situées en dessous du seuil de pauvreté ont moins de 25 ans et 75% ont moins de 35 ans.
Dès lors, si l’on veut agir avec efficacité, il est impératif de mettre en place un ensemble des mesures qui s’inspirent de ce panorama. Décomposons-en rapidement quelques-unes :
D’abord, supprimer les discriminations en matière d’accès aux aides sociales selon que l’on a plus ou moins de 25 ans. En clair, il faut assumer que le RSA puisse être versé dès l’âge de 18 ans.
Ensuite, donner une priorité absolue à la qualification des jeunes qui sortent du système scolaire sans aucun diplôme. Il n’est pas possible de laisser ceux-ci sans aucun accompagnement lorsqu’ils ont quitté le collège ou le lycée. Aussi, faut-il mettre en place un dispositif qui, dès qu’un jeune quitte un établissement scolaire sans diplôme, il soit orienté systématiquement les jeunes vers un dispositif de formation. C’est l’idée de Jacques Delors, d’un grand plan de formation consacré aux jeunes non qualifiés qu’il faut reprendre. Ce plan devra s’inscrire dans la durée et pourrait être la première et grande mission du fonds d’investissement social proposé par la CFDT.
Enfin, tout mettre en œuvre pour favoriser les allers-retours entre le travail et la formation. Cela passe naturellement par le développement des contrats d’apprentissage et de professionnalisation ; et plus globalement, dans le prolongement de ce qui a été décidé dans l’accord national interprofessionnel sur la formation professionnelle, par l’ouverture au bénéfice de chaque salarié d’un droit à reprendre une formation d’une durée inversement proportionnelle à celle qu’il aura passée dans le système scolaire. Ce dispositif devrait être décliné sous forme d’accord local par bassins d’emploi en impliquant l’ensemble des partenaires sociaux pour les faire vivre.
Voici les quelques pistes autour desquelles pourraient se mettre en place un véritable plan pour la jeunesse. Je ne sais pas ce qui sera proposé demain par Nicolas Sarkozy et par Martin Hirsch. En tout cas, s’ils ne prennent pas en compte ces éléments, tout ce qui sera avancé ne pourra être que pur effet d’affichage.
Gaëtan Gorce.
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