De quoi accouchera le sommet du G20 ? D'un cocktail plus ou moins ambitieux, plus ou moins réussi, d'appel à la relance et de réglementation financière. Il en faudra plus, pour parler comme le Président de la république, pour « refonder » le capitalisme.
La tâche n'en est pas moins nécessaire et la crise en fournit l'opportunité : le moment est sans doute venu du retour du social ! Ou plus exactement d'un nouvel équilibre entre l'exigence de compétitivité et celle de solidarité. Cet équilibre s'est rompu voici près de trente ans avec la disparition du modèle dit « fordiste » et du compromis social-démocrate qui lui était attaché. Une production standardisée, intégrant dans l'emploi le plus souvent peu qualifié des millions de salariés en échange d'un statut social protecteur et d'une participation garantie aux bénéfices de la croissance, tel était le système qui s'est effondré sous nos yeux sous l'effet de la révolution informatique, de la libéralisation des échanges et de l'innovation financière.
Reconnaissons que ce bouleversement eût aussi ces 20 dernières années ses bons moments : une prospérité relancée et (plutôt) mondialisée. Il eût aussi ses revers : le recul des droits sociaux , une désyndicalisation spectaculaire et au final une désarticulation de l'économique et du social. Alors que l'ancien modèle se nourrissait du social (gage de stabilité et de soutien à la demande), le nouveau l'a vomi, profitant des opportunités que lui offrait la mondialisation du marché du travail pour faire peser sur celui-ci tout le poids des économies à réaliser. N'est-ce-pas ce rejet systématique de la solidarité qui vient, du fait de la crise, de trouver sa limite ?
Non seulement parce qu'il ne sera plus possible de compenser la déflation salariale par le recours à l'endettement comme soutien à la consommation ; mais aussi parce que ses excès ont fini par choquer l'opinion et par contrecoup les gouvernements. Comment ne pas observer que Barack Obama tente de faire aujourd'hui de la construction d'un système d'assurance-maladie un pilier de sa politique de relance ? Et comment ne pas voir que l'avenir de nos économies se bâtira plus sûrement sur la valorisation du « capital humain » que sur la spéculation immobilière ? Certes, ce retournement ne se fera pas de lui même : il sera le résultat d'une volonté ( et donc d'un combat ) politique.
Mais il constitue aujourd'hui pour les progressistes une perspective a nouveau crédible : rétablissement du pouvoir de négociation des syndicats , association d'une élévation des niveaux de formation avec celle des salaires , recul de la précarisation via un socle de droits sociaux indépendants du statut professionnel... à la gauche de porter ces revendications et au mouvement syndical de se mobiliser autour de ces objectifs . Ce retour au social ne pourra pas cependant signifier un retour à l'état social des années 70. Les temps ont définitivement changé. L'enjeu n'est autre que de fonder un nouvel équilibre entre le social et le marché qui prenne en compte la fluidité la flexibilité de la nouvelle économie. Qu'attend donc la Confédération Européenne des Syndicats pour inviter gouvernants, universitaires, représentants du monde de l'entreprise à en parler ? L'urgence ne serait-elle pas, après Londres, de convoquer une sorte de Bretton Woods du social ? Jamais le moment n'aura été si favorable !
Gaëtan Gorce
La tâche n'en est pas moins nécessaire et la crise en fournit l'opportunité : le moment est sans doute venu du retour du social ! Ou plus exactement d'un nouvel équilibre entre l'exigence de compétitivité et celle de solidarité. Cet équilibre s'est rompu voici près de trente ans avec la disparition du modèle dit « fordiste » et du compromis social-démocrate qui lui était attaché. Une production standardisée, intégrant dans l'emploi le plus souvent peu qualifié des millions de salariés en échange d'un statut social protecteur et d'une participation garantie aux bénéfices de la croissance, tel était le système qui s'est effondré sous nos yeux sous l'effet de la révolution informatique, de la libéralisation des échanges et de l'innovation financière.
Reconnaissons que ce bouleversement eût aussi ces 20 dernières années ses bons moments : une prospérité relancée et (plutôt) mondialisée. Il eût aussi ses revers : le recul des droits sociaux , une désyndicalisation spectaculaire et au final une désarticulation de l'économique et du social. Alors que l'ancien modèle se nourrissait du social (gage de stabilité et de soutien à la demande), le nouveau l'a vomi, profitant des opportunités que lui offrait la mondialisation du marché du travail pour faire peser sur celui-ci tout le poids des économies à réaliser. N'est-ce-pas ce rejet systématique de la solidarité qui vient, du fait de la crise, de trouver sa limite ?
Non seulement parce qu'il ne sera plus possible de compenser la déflation salariale par le recours à l'endettement comme soutien à la consommation ; mais aussi parce que ses excès ont fini par choquer l'opinion et par contrecoup les gouvernements. Comment ne pas observer que Barack Obama tente de faire aujourd'hui de la construction d'un système d'assurance-maladie un pilier de sa politique de relance ? Et comment ne pas voir que l'avenir de nos économies se bâtira plus sûrement sur la valorisation du « capital humain » que sur la spéculation immobilière ? Certes, ce retournement ne se fera pas de lui même : il sera le résultat d'une volonté ( et donc d'un combat ) politique.
Mais il constitue aujourd'hui pour les progressistes une perspective a nouveau crédible : rétablissement du pouvoir de négociation des syndicats , association d'une élévation des niveaux de formation avec celle des salaires , recul de la précarisation via un socle de droits sociaux indépendants du statut professionnel... à la gauche de porter ces revendications et au mouvement syndical de se mobiliser autour de ces objectifs . Ce retour au social ne pourra pas cependant signifier un retour à l'état social des années 70. Les temps ont définitivement changé. L'enjeu n'est autre que de fonder un nouvel équilibre entre le social et le marché qui prenne en compte la fluidité la flexibilité de la nouvelle économie. Qu'attend donc la Confédération Européenne des Syndicats pour inviter gouvernants, universitaires, représentants du monde de l'entreprise à en parler ? L'urgence ne serait-elle pas, après Londres, de convoquer une sorte de Bretton Woods du social ? Jamais le moment n'aura été si favorable !
Gaëtan Gorce
Commentaires