De là où je suis, je ne peux évoquer l'actualité politique. Rien ne m'en parvient pour quelques jours encore. Cela ne signifie nullement que j'aurai cédé à la tentation de Venise qu'une lecture superficielle de mon dernier blog pouvait annoncer. Je me suis au contraire livré tout au long de l'été, entre deux rendez-vous et trois réunions, à « ce vice impuni : la lecture ». Dans le désordre d'abord : Mario Vargas Llosa, ce romancier de l'obsession : avec la « fête au bouc », c'est celle du pouvoir et la fascination qu'il exerce au point d'autoriser ou d'excuser les actes les plus vils ou les plus barbares. L'intelligence n'est pas un rempart contre la lâcheté ; elle peut même aider a la justifier.
« Tours et détours de la vilaine fille » et « qui a tué palomino molero », c'est l'obsession de la femme, de l'amour ; dans les trois cas , l'objet du désir hypnotise le héros, comme le lapin que le serpent va bientôt gober ! ; j'ai ensuite cédé à la tentation du policier : depuis le film de Tavernier qui me l'avait fait découvrir, je tiens James lLee Burke pour le plus grand : ses romans ont la profondeur, la clarté électrique du bayou. J'ai enfin avec Louis Guilloux suivi un remarquable « jeu de patience ». La construction du livre répond à son titre. Sorte d'Anatole France revenu à la Révolution, Guilloux se livre aussi au jeu des mémoires qui recomposent la vérité d'une vie, d'une ville à leur manière. Et quel merveilleux conteur : l'amour qu'il porte aux humbles fortifie un don d'observation et d'empathie qu'on lui envie.
J'ai fini avec Daniel Cordier. Celui qui fut le secrétaire de Jean Moulin m'a toujours impressionné par sa formidable élégance, celle que lui donnent sa discrétion et sa modestie. Le récit qu'il fait de la débâcle, de l'effondrement de la France vécue par un militant de 18 ans (qu'il est alors) de l'Action Française fait comprendre ce qu'est le patriotisme pur, cette indignation, cette colère irrépressibles. Il décrit ensuite la Résistance, ses réalités sans gloire, cet héroïsme du quotidien d'une manière qui aide à comprendre ce que sont la dignité et le vrai courage.
Avouerais je enfin ma lecture de la belle conférence de Durkheim sur le socialisme et de la biographie de Saint Simon de Christophe Prochasson ? Sans regret aucun ! Il me reste a finir les Mémoires de Claude Lanzmann et je pourrais revenir à la réalité politique et parlementaire : mes lectures auront été mon université d'été...
je vous avais écrit récemment pour vous dire toute l'estime que j'avais pour votre action et votre droiture. Je suis heureuse que pour vous la culture ne soit pas un secrétariat national mais une réalité personnelle. Puisque vous aimez Louis Guilloux (qui fut un très proche ami de mon mari Roger Grenier, et aussi le mien), je ne peux que vous souhaitez de lire ou relire "Le Sang noir". C'est dans l'amour de la lecture que les socialistes devraient d'abord communier (mais nos chefs lisent-ils?). Amitiés. Nicole Grenier
Rédigé par : nicole grenier | 01 septembre 2009 à 11:00