S’il est encore trop tôt pour juger de l’impact de la désignation d’Ed Milliband à la tête du Labour, celle-ci peut d’ores et déjà suggérer quelques observations.
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La première est que le Labour, ses élus, ses adhérents, ses organismes affiliés n’ont pas eu peur de désigner à leur tête un jeune dirigeant de 40 ans, député aux Communes depuis quelques années seulement et n’ayant à son actif qu’un court mandat de ministre de l’Énergie et du réchauffement climatique. Et qui peut ainsi se permettre d’interpeller la Conference du parti travailliste d’un: « C’est une nouvelle génération qui dirige aujourd’hui le parti ! » sonore et sympathique ! Mais peut-on imaginer un tel renouvellement au sein de la gauche française ? Je peux aujourd’hui en parler d’autant plus librement que venant de passer le cap de la cinquantaine, on ne peut m’accuser de plaider pour ma (plus si) juvénile paroisse. Certes, ce serait viser court que de croire (sujet rebattu) que le renouvellement serait uniquement question d’âge. Mais comment nier que faute de rotation de nos dirigeants, nous ne soyons plus capables, simplement en contemplant les premiers rangs de nos Congrès de dater nos rendez-vous politiques ? La vérité est que la surmédiatisation des dirigeants politiques accélère le « vieillissement » de leur image et ce n'est rien enlever aux talents des uns que de leur suggérer de s'associer un peu plus aux talents des autres.
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La deuxième est que le Labour n’a pas hésité à se choisir un leader destiné à être candidat au poste de Premier ministre au lendemain même de sa défaite, à peine quatre mois après avoir été écarté du pouvoir, lui donnant l'opportunité d'affirmer son leadership sur la durée ! Alors que nous ne pourrons choisir le nôtre qu’à peine quatre mois avant l’élection décisive. Je reste convaincu (plus encore avec le quinquennat) qu’il faudrait nous doter, par des primaires ouvertes, dès le début de la législature, d’un leader qui ait vocation à diriger l’opposition (ce qui exige qu’il soit parlementaire) et à représenter celle-ci à la présidentielle suivante. C’est vouloir ignorer la nature et la réalité de nos Institutions que de persévérer dans le « découplage » parti-candidat…
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La troisième observation enfin, m’est inspirée par la conclusion d’Ed Milliband lors de son intronisation, que l’on aimerait pouvoir entendre d’un dirigeant de la gauche française : « La différence de base entre David Cameron et nous, s’est-il exclamé, c’est l’optimisme : nous sommes les héritiers d’une extraordinaire tradition qui est par-dessus tout tournée vers l’avenir. C’est cet optimisme qui nous permit en 1945 de fonder la sécurité sociale ; c’est cet optimisme qui a conduit Harold Wilson à s’investir dans la recherche et l’Université dans les années 60 ; c’est cet optimisme qui a persuadé Tony Blair et Gordon Brown de la capacité des travaillistes à vaincre les conformismes intellectuels et à relancer notre pays ». On aimerait tant que la gauche française si prompte à dénoncer ou à décrire le monde tel qu’il est, avec ses injustices, ses blocages, ses conservatismes, le décrivent enfin tel qu’elle le rêve en faisant de ses espérances, de son intelligence et de sa volonté autant d'arguments politiques pour remobiliser le pays. J’ai déjà eu l’occasion de dire à la tribune de notre Conseil national que la ligne de partage entre la droite et la gauche me semblait désormais séparer ceux qui s’emparent des peurs et jouent des angoisses liées aux incertitudes du monde et ceux qui sauront rétablir les conditions d'une possible confiance dans l’avenir.
Renouvellement, leadership, optimisme du projet, voilà trois clefs pour ouvrir la serrure de l'Élysée !
Gaëtan Gorce
Bonjour Mr Gorce,
Je trouve votre commentaire de l'élection de Mr Milliband très intéressant.
Je pense depuis longtemps que la différence entre la gauche et la droite réside, aussi, dans l'optimisme, dans la "croyance" que l'humanité est capable de progresser et qu'elle est capable du meilleur, pour peu qu'on l'y sollicite.
Rédigé par : Micheline Potignon | 12 octobre 2010 à 15:55