Si l'on doit plus que jamais dénoncer la responsabilité de Laurent Gbagbo dans le déclenchement de la « guerre civile » ivoirienne et se féliciter que la communauté internationale ait appelé à veiller à la sécurité des populations, ce qui s'est passé ses derniers jours sur le terrain soulève des questions politiques et diplomatiques que l'on ne peut plus ignorer.
Il est en effet de plus en plus évident que les troupes françaises se sont de facto engagées aux côtés de celles de M. Ouattara. Il ne fait par conséquent plus aucun doute qu'à l'objectif, humanitaire, de protection des civils s'est peu à peu substitué, celui, politique, d'installer effectivement le candidat élu à la tête de l'État ivoirien.
Cette évolution du rôle qu'a joué la France est plus que discutable. Non seulement parce qu'elle va au-delà des dispositions de la résolution 1975, qui, si elle en appelait au respect des élections, ne justifiait l'usage de la force que dans un objectif humanitaire ; mais aussi et surtout parce qu'elle place la France aux côtés d'un homme qui aura, avec ses alliés (à commencer par son Premier ministre M. Soro), à rendre des comptes sur le comportement de ses troupes qui se sont manifestement rendues coupables de massacres dans plusieurs régions du pays.
Or, la résolution 1975 ne menaçait-elle pas - et à juste titre -, tous ceux qui seraient amenés à couvrir ou à perpétrer de telles exactions, de répondre de leurs actes devant les juridictions internationales ? La France risque ainsi, pour avoir interprété de manière extensible son mandat, de se retrouver complice d'un chef d'État légitimement élu mais tout aussi légitimement justiciable de la Cour pénale internationale...
Sauf à considérer qu'il y aurait deux poids et deux mesures et que le règlement du conflit ivoirien nécessiterait que l'on fasse « la part du feu ». Ce serait reconnaître alors que les vies de centaines d'hommes, de femmes et d'enfants ivoiriens ne comptent pour rien dans notre engagement en Côte d'Ivoire : ce qui reviendrait du même coup à priver notre intervention de tout fondement !
Aussi la France doit-elle sans attendre exiger que toute la lumière soit faite sur les événements ayant fait des victimes civiles et prendre ses distances avec M. Ouattara, dont on risque de comprendre trop tard qu'il n'est guère plus fréquentable que son prédécesseur.
Gaëtan Gorce
Il me semble pour éviter de tomber dans les ornières du passé de clarifier avant votre retour au pouvoir nos rapports avec l'Afrique.
S'il en est des rapports de type privé pourquoi la puissance publique est elle impliquée ?
Pour ne plus revoir de politiques des Foccart, Pasqua ,Papamadi...il faut clarifier!
Les hommes politiques d'Afrique ne sont (sans jeu de mot)ni tout blanc ni tout noir et la démocratie ne se trouve souvent que dans leurs belles phrases .
rene girard
Rédigé par : [email protected] | 11 avril 2011 à 21:21