Les socialistes et les écologistes ont finalement conclu un accord mais ils ne sont pas parvenus à s’entendre sur la question du nucléaire. Quelles en sont les conséquences politiques ?
Ça n’aura pas beaucoup de conséquences pour la campagne présidentielle. L’accord limité montre que François Hollande peut dire « non », ça y est c’est prouvé ! Cette idée était, visiblement plus importante à faire passer dans l’opinion que celle d’une entente complète avec les écologistes. Si le candidat socialiste voit son image de rassembleur légèrement écornée, il dément sa réputation de « père-la-synthèse » qui lui collait à la peau. De leur coté, les écologistes, sur la question du nucléaire et de l’EPR, ont été sans doute au bout du bout de ce qu’ils pouvaient concéder (c'est-à-dire tout !). Il n’est d’ailleurs pas certain que l’accord ainsi ficelé soit accepté avec enthousiasme par leur conseil fédéral qui doit se réunir samedi. Pour Eva Joly, qui n’arrive pas à faire décoller sa campagne par son propre charisme, une dose de différenciation politique avec le PS ne peut pas lui faire de mal. Cet accord est jugé par les deux partis, assez conséquent pour que se construise une majorité parlementaire mais pas assez complet pour que s’envisage une majorité gouvernementale. C'est-à-dire que, pour l’instant les socialistes feront en sorte qu’EELV ait un groupe parlementaire en juin prochain mais il n’y aura pas forcément de ministres écologistes en cas de victoire de François Hollande. Tout ça a largement le temps de changer et les Verts comptent bien sur de futures expertises de sécurités explicites pour faire évoluer l’opinion du candidat socialiste sur l’EPR.
Le PS peut-il maintenant réaliser un tel accord avec le Front de Gauche ?
Non et c’est une évolution notable du paysage politique… Alors que dans les collectivités locales, largement dominées par la gauche, les majorités sont roses, rouges, vertes, le Front de Gauche ne peut envisager d’entrer dans une majorité avec les socialistes et les verts en 2012. Ou alors… ça veut dire que les positions politiques des uns et des autres ne sont que des postures. Le Front de gauche a une conception de la crise, de la dette et de l’Europe incompatible avec la vision plus ou moins fédéraliste européenne que partagent écologistes et socialistes. Dans l’accord verts/PS, il y a unité de vue sur la fiscalité, sur l’idée qu’il faille se donner comme objectif de réduire les déficits et de répondre aux critères européens. Il y a l’idée d’aller vers un gouvernement économique européen. La future, éventuelle majorité PS/Verts aura donc, logiquement, une opposition sur sa gauche en plus de l’opposition de droite. Cette réalité n’est pas encore clairement admise ni assumée par tous les socialistes qui ont besoin, pour gagner la présidentielle, du report des voix de toute la gauche…En revanche, l’alliance PS/écologistes, même avec ses ratés, est une logique en marche. L’histoire de la sociale démocratie est faite de compromis entre le socialisme et la réalité de l’époque. La prise en compte de ce que l’on appelle la « finitude » du monde, une autre vision de la croissance, ce sont des idées qui font leur chemin dans toute la gauche. Deux personnalités socialistes ont écrit récemment deux livres intéressants sur l’histoire de la sociale démocratie : Gaétan Gorce, L’avenir d’une idée chez Fayard et Henri Weber, Nouvelle frontières, au Seuil. Tous deux concluent leur ouvrage par cette conviction : l’avenir du mouvement socialiste européen sera social-écologiste ou ne sera pas.
A réécouter ici : http://www.franceinter.fr/emission-l-edito-politique-socialistes-et-ecologistes-un-accord-et-apres
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