Intervention de Gaëtan Gorce, Sénateur de la Nièvre-Maire de la Charité sur Loire
1. Le projet de Cité du mot que nous vous présentons est la résultante de dix ans de travail.
Dix ans qui ont permis la restauration du rez-de-chaussée du Prieuré, du Cloître et du jardin des Bénédictins.
Dix ans qui ont permis de conduire en parallèle la restauration du monument et celle du Centre historique de la ville, le prieuré étant depuis la Révolution le cœur notre dynamique urbaine.
Dix ans qui ont également conduit à développer de nouvelles activités investissant le monument au rythme de l’avancement du chantier, activités directement inspirées par l’évolution de la cité ; ainsi du Festival du Mot, né de la présence à La Charité d’une quinzaine de libraires formant, dans le bas de la ville, un véritable quartier du livre.
Dix ans qui nous ont permis d’accumuler les expériences, en particulier celle d’un partenariat efficace avec la Région et le département mais aussi la DRAC, l’architecte des monuments historiques, Paul Barnoud, etc…
Dix ans qui nous ont permis de façonner un projet qui est à la fois un projet de monument, un projet culturel et un projet de ville. C’est de cette symbiose que nous tirons notre énergie.
2. Le projet de Cité du mot que nous vous présentons aujourd’hui se veut désormais le point de départ d’un nouveau cycle de développement du site et des actions qui s’y déroulent.
Il constitue l’axe d’un véritable projet d’avenir.
- Avec le CCR, nous allons pouvoir créer un véritable pôle culturel et touristique fort qui va développer l’attractivité de notre territoire. A 2 heures de Paris, à 30 minutes de Bourges ou de Nevers, à 1 heure 30 d’Orléans ou d’Auxerre, accessible par le train et par l’autoroute, la réalisation de ce projet doit nous permettre de doubler la fréquentation du site.
- Avec le CCR, nous allons pouvoir enraciner un peu plus notre projet de Cité du mot, mobilisant mieux les savoir-faire, fédèrant plus encore les initiatives, s’ouvrira à tous les publics, comme nous avons commencé à le faire avec succès ces dernières années.
3. Porté par une volonté politique que j’exprime ici devant vous, soutenu par la Bourgogne et la Nièvre, ce projet est par conséquent structurant pour le Val de Loire Moyen, à cheval sur deux Régions ! Dans un contexte économique dépressif, il est le moyen d’un aménagement et d’un nouveau développement de notre territoire par la culture et le patrimoine !
Mais je veux vous dire ici ma conviction que c’est seulement par l’obtention de ce label que nous pourrons passer à une autre étape, franchir un seuil, au-delà duquel la pérennité du travail engagé sera assurée.
Ce projet a déjà une réalité. Le CCR lui garantira un avenir : CCR comme Condition Culturelle de la Réussite !
Le monument mérite un projet à sa dimension ; je laisse à M. Lecarpentier le soin d’en présenter le contenu.
Intervention de Marc Lecarpentier, Directeur artistique du Festival du Mot
C’est peut-être Alain REY, président d’honneur du Festival et de la Cité du Mot, qui le disait avec le plus de justesse il y a deux ans lorsqu’il prévenait : « Notre société est la proie du quantitatif. Tous les jours, on nous sert un carnaval de chiffres. Nous sommes numérisés ! Arrêtons de compter, rêvons, jouons avec les mots, jouons avec la vie ! »
C’est bien cette envie de partir des mots pour approcher la langue et mieux situer le rôle qu’elle joue dans la vie sociale de chaque citoyen qui nous a conduit à créer, en 2005, le FESTIVAL DU MOT.
Avec quelques principes simples :
- Refuser le clinquant intimidant et la pacotille démagogique
- Mêler le sens et le sensible pour faire vibrer la pédagogie
- Eviter la ségrégation des genres pour valoriser le métissage et le lien social
- ET démontrer par l’exemple, que le MOT constitue un passeport DESINTIMIDANT pour aller vers la phrase, le livre, le savoir
Sept ans plus tard, la Cité du Mot, Centre Culturel de Rencontre, se veut le prolongement logique de cette expérimentation modeste, conviviale et exigeante.
Au fil des ans, nous avons acquis la conviction que
- La création des mots,
- La création PAR les mots,
- Mais aussi Les mots DE la création
constituent des domaines où se retrouveront créateurs de toutes disciplines et spécialistes de tous horizons, dont la diversité des démarches favorisera la diversité des publics tout au long de l’année.
Si le Festival restera la vitrine du CCR, il n’en sera évidemment qu’un élément phare. Tout au long de l’année, des rencontres permettront à tous les publics de s’interroger sur le sens et le pouvoir des mots : on s’amusera des « mots en toc et en tic » des journalistes ; on tentera de voir avec quels mots ont gouverné les présidents de la Véme république ; on verra que mandarin, la langue la plus parlée au monde, n’a pas de mots pour dire oui ou pour dire non…
Ces trois exemples étant volontairement pris dans la préfiguration du CCR qu’a constitué le Festival.
Mais, la Cité du Mot, ce sera aussi :
- La maison du Mot, inclura une bibliothèque spécialisée, aux côtés d’une bibliothèque 3éme lieu, mais aussi un auditorium et des espaces d’exposition
- Le labo du Mot s’affirmera comme structure de formation, autour des mots dits et des mots écrits
- Des résidences de créateurs favoriseront des rencontres insolites entre ceux qui ne parlent pas forcément les mêmes mots.
- Des ateliers seront proposés, toute l’année, dans et hors les murs, à destination de ces publics empêchés qui se battent douloureusement avec les mots.
- Un dispositif de sensibilisation au Monument, inventif et fondé sur les Mots du Patrimoine, sera mis en place.
- Des ressources propres seront aussi garanties grâce à la location d’espaces, accompagnée de propositions culturelles.
Enfin, la Cité du Mot vivra au rythme des mots, et favorisera le développement d’un tourisme culturel, notamment grâce aux plasticiens, à l’image du travail réalisé par Patrick Rimoux récemment dans le cloître, ou du projet de Jardin des MOTS que nos amis oulipiens souhaitent réaliser.
Dans un monument vivant, nous montrerons que le mot est vivant, et s’enrichit perpétuellement des apports de nos voisins, des recherches des scientifiques, des rêves des poêtes.
C’est Alain Rey, encore, qui l’affirme : « La Cité du Mot sera gardienne d’une vérité des signes, des pouvoirs de l’imaginaire, et formatrice d’une citoyenneté de la parole »
Par les temps que nous vivons, c’est un défi ambitieux. Mais, vous l’avez compris, c’est un défi de partage que nous avons envie de relever. Comme pour inventer, orgueilleux que nous sommes, de nouveaux chemins sur les plaisirs de la rencontre et de la culture.
Intervention de Luc Jolivel, chef de projet patrimoine de la Ville de La Charité sur Loire
Les actions de la Cité du mot trouveront leur réalité au cœur de plusieurs territoires.
- Certes initiées au sein du monument les actions de la Cité du Mot se déploieront hors les murs en multipliant les liens sociaux, les partenariats avec l’hôpital psychiatrique, les actions en direction des personnes âgées [pour ne citer que ces deux exemples] comme le Festival du Mot et les services de la ville le font, là encore, depuis plusieurs années.
- Le projet ne peut pas se limiter au seul écrit, à la lecture ou à l’illettrisme. Ce sera pourtant un des éléments prioritaires du programme dans un contexte départemental et régional de diminution constante de la lecture et dans une relation lecture/numérique qu’il nous faut sans cesse réinventer, en milieu rural comme ailleurs.
- D’autres territoires devront être investis par la Cité du Mot, celui de la Francophonie, celui de l’interlinguistique, celui de la recherche, celui de l’innovation, celui de la formation, celui du numérique… Les chantiers sont nombreux et vastes.
En quelques mots quelques points précis de notre projet.
La Cité du Mot est un projet global dans lequel programme de restauration et programmation culturelle y seront menés en constante interaction sous une seule direction. Le monument conditionnera certes les usages, mais les usages influenceront aussi la nature des travaux à réaliser.
Le prieuré trouvera son autonomie juridique sous forme d’un EPCC ayant un caractère industriel et commercial. Il intégrera en son sein des services publics et des structures privées, notamment associatives, ayant déjà pris, depuis de nombreuses années, des habitudes de travail en commun. Il y a, à notre connaissance, peu d’exemple de ce type d’EPCC, a fortiori dans une commune d’à peine plus de 5 000 habitants.
Le budget à court terme sera d’1,7 M€ dont, dès les premières années, un tiers en ressources propres pour l’essentiel liées aux entrées, au mécénat et à la structure de formation. Nous nous sommes donné deux objectifs principaux :
- La mise en marché du monument avec développement du réceptif, dès 2013, puis dans un deuxième temps développement de l’hôtellerie, vraisemblablement dans le cadre d’un partenariat public/privé.
- Notre premier seuil de fréquentation, quasi atteint, de 100 000 visiteurs/an devra être doublé dans les plus brefs délais, sachant que le site reste un site très largement ouvert sur la ville.
Le Festival du Mot a su faire ses preuves dans la recherche de Mécénat. Le label de Centre culturel de rencontre sera un argument de plus, surement un des plus convaincants, dans notre recherche souvent efficace de mécénat [50% du budget du Festival du Mot] en donnant à nos futurs partenaires privés des gages de fiabilité, de qualité et de visibilité.
Si vous le voulez bien, la Cité du Mot verra le jour dès 2012. Création de la structure juridique, préfiguration de la structure de formation, programmation estivale, résidences d’artistes, intégration progressive des personnels… seront les premières étapes de sa montée en puissance. Sans attendre l’ouverture, à l’étage, de la Maison du Mot, programmée pour 2014, les premières activités auront lieu dans les rez-de-chaussée déjà restaurés.
Pour conclure : l’intuition qui était la nôtre en 2005 en créant le Festival du Mot est devenue une conviction : le mot est plus que jamais au cœur de nos pratiques culturelles. Nous aider à créer une Cité du mot, Centre culturel de rencontre, dans le prieuré de La Charité, c’est nous permettre de poser les bases
• d’un projet encore plus partagé,
• d’un projet dont les enjeux dépassent de loin les murs de clôture du prieuré,
• d’un projet qui se veut un outil de développement local par la culture,
• d’un projet qui participera à la dynamique nationale et européenne des centres culturels de rencontre…
Nous veillerons, pour notre part, à conserver l’esprit de ces dernières années, mélange d’exigence, de pragmatisme, de simplicité, de convivialité et souvent de joie de vivre… Nous nous en portons garants.
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