Jamais les circonstances n’ont été si favorables à un discours et un projet de vérité.
Comment ne pas ressentir, à quelques mois de l’élection présidentielle, une certaine forme d’excitation ? Pour qui s’intéresse à la chose publique, mais plus largement pour chaque citoyen formé à l’école de la Vème République, il s’agit là du scrutin majeur et, au-delà, de la fameuse rencontre entre « un peuple et un destin ».
Il serait naturellement puéril de penser que l’Histoire se joue là, en ces deux dimanches de printemps. Ou même que ceux-ci détermineraient définitivement pour cinq ans l’orientation continue du Pays. La présidentielle n’est pas une sorte de concours d’excellence où chaque candidat, fort d’une préparation intensive, viendrait faire valider « in abstracto » la pertinence de son projet. Beaucoup se joue ailleurs en Europe et dans le monde, et à d’autres moments. Ainsi n’a-t-on cessé de relever les changements d’approches auxquels, une fois élus, nos Chefs d’Etat ont été contraints, parfois de leur fait, parfois du fait des événements…
Mais la France attend depuis si longtemps que ses compteurs politiques, économiques et sociaux soient remis à zéro, que nos concitoyens ne peuvent s’empêcher d’espérer du prochain scrutin qu’il soit celui où les candidats, forts de leur exclusive préoccupation du bien public, leur disent la vérité. Un projet qui corresponde à l’absolue nécessité pour le Pays de sortir de sa léthargie et d’affronter le monde de front.
Voici maintenant bien longtemps que les problèmes s’accumulent sans qu’il y soit apporté de véritables réponses. Au contraire, les Français ont même plutôt le sentiment que leurs dirigeants pratiquent une stratégie d’évitement consistant à laisser de côté les sujets qui fâchent.
Ces dernières années ont pourtant été riches en avertissements et nous ont dit beaucoup sur les malaises qui tenaillent notre cher et vieux pays. Ainsi a-t-on passé par profits et pertes comme s’il s’agissait de vulgaires peccadilles : le rejet du Traité constitutionnel européen, illustration pourtant du doute qui s’est installé dans les esprits sur le rôle de l’Europe et l’avenir du modèle français en son sein ; la crise des banlieues qui déclencha tout de même la mise en place d’une loi d’exception, si révélatrice pourtant des interrogations qui minent la société française quant à sa cohésion pour ne pas dire sa constitution ; la crise du CPE, nouvel avatar des secousses à répétition qui parcourent une jeunesse victime d’un chômage massif…
Beaucoup ont cru, via la nouveauté du discours et des candidatures de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal, qu’en 2007 le moment était venu. Ils ont depuis bien déchanté. Leur scepticisme s’est accru, rendant peut-être encore plus difficile un nouvel et urgent exercice de pédagogie.
Pour autant, à l’orée de cette nouvelle année, je veux former le vœu qu’un ou plusieurs candidats aient le courage de rompre ce pacte tacite du silence sur les maux du Pays, pour lui dire la vérité non seulement sur la nature de son mal mais sur celle des réponses qui permettront d’y remédier.
Il nous faut à la fois sauver notre système de protection sociale (auquel il manque environ 30 milliards d’euros), échapper à la dictature des marchés (ce qui suppose de réduire notre déficit d’à peu près autant) et trouver des ressources nouvelles indispensables aux investissements d’avenir sans lesquelles la rigueur nous plongerait dans la récession. Voilà des années que nous empruntons pour rembourser les intérêts de notre dette. Cela doit cesser parce que cela obère toute véritable perspective.
Pour y parvenir, il nous faudra à la fois réaliser des économies et dégager des recettes nouvelles. Au-delà de la suppression des niches fiscales, de nouveaux prélèvements sont par conséquent inévitables. Et si la TVA sociale doit être regardée avec prudence puisqu’elle frappe aveuglément, la seule alternative se trouve alors dans l’augmentation de l’impôt sur le revenu et, pour le social, de la Contribution Sociale Généralisée.
Le diagnostic est largement partagé par tous les observateurs. Il ne signifie cependant pas soumission ou résignation. Mais au contraire volontarisme ! C’est pour se redonner des marges de manœuvre que nous devons remettre nos comptes publics à flot. Qui le niera ? Et surtout qui sera prêt à en assumer les conséquences en termes de propositions de campagne ?
Pour la Gauche, le moment est pourtant, me semble-t-il, venu !
D’abord, parce que l’avance dont dispose François Hollande dans les sondages l’autorise à prendre le risque d’une certaine impopularité qui, une fois la surprise passée, lui sera vite pardonnée. Le rejet de Nicolas Sarkozy atteint un niveau inégalé, à preuve les reports de voix du second tour qui lui sont largement défavorables. On me rétorquera qu’il n’est pas encore battu. Sans doute. Mais je crois avec Mendès France que la vérité reste l’arme absolue face à un candidat sortant qui n’a tenu aucun de ses engagements sinon à l’égard des plus riches.
D’autant, et c’est là la seconde circonstance favorable même si elle est paradoxale, que la crise est si violente que chacun s’attend à ce que redressement rime avec rigueur et assainissement. Ce qu’une relative croissance nous a détourné de faire, en particulier entre 1997 et 2002 (à savoir, engager les réformes de structures trop longtemps différées), les difficultés du moment nous invitent (pour ne pas dire nous obligent) à l’entreprendre. L’empire de la raison vaut mieux que celui de la nécessité. Mais celle-ci a le mérite de faire loi !
A celles et ceux qui pourraient redouter l’amertume de la potion proposée, je voudrais préciser qu’il ne s’agit nullement de céder à une obsession comptable mais de rendre à la dépense publique son efficacité sociale. Un seul exemple : nous dépensons plus chaque année pour notre santé sans que nos concitoyens aient le sentiment, bien au contraire, d’être mieux soignés. Réformer l’Assurance Maladie doit, j’en suis convaincu, nous permettre de dépenser moins mais mieux à l’instar de la Suède ! Il ne s’agit pas de renoncer à ce que nous sommes et à ce que nous voulons, mais de réunir les conditions pour que le rêve français, pour parler comme François Hollande, reste possible !
Aussi, je forme le vœu puisque janvier nous y invite, que celui qui peut et veut incarner le changement s’identifie à celui-ci au point d’aller jusqu’au bout de ce qu’il implique : dire la vérité et en tirer dans son projet toutes les conséquences nécessaires.
La situation du Pays l’exige. Le moment s’y prête… Ne laissons pas passer pareille opportunité !
Ëtes vous sincérement convaincu de la malhonneté de la classe politique ou ne pensez vous pas qu'il s'agit d'une déformation de la réalité percue par l'homme politique? La solution n'est donc pas dans la réhabilitation de la personne (la vérité) mais bien dans la modification d'un système de gouvernance qui implique par son extreme centralisation une distance entre le peuple et l'entité qui décide en son nom.
Qu'en pensez vous?
Paul
Eleve à Supaero.
Rédigé par : Paul | 11 janvier 2012 à 23:02