Ce début de campagne est un peu irritant. La faute aux candidats, sans doute (cf le blog de Françoise Fressoz), mais la presse comme les partis y jouent pleinement leur rôle.
Les uns comme les autres sont à l’affut de la moindre petite phrase pour la faire rissoler sur le petit feu de leurs petites préoccupations. Ainsi des propos prêtés par le Guardian à F. Hollande. Il n'y aurait plus de communistes en France, selon le député de la Corrèze ! Et chacun aussitôt d'y aller de sa réaction. D'embarras pour ses amis, d'indignation pour les autres, trop contents ainsi de se redonner à cette occasion l'importance qu'on leur dénie. Jean-Luc Mélanchon parle aussitôt d'arrogance et de mépris, et des dirigeants du PCF se mobilisent pour montrer qu'ils sont là et bien là.
Mais qu'a dit Hollande en réalité : qu'en 1981 on tentait d'effrayer le bourgeois avec la menace communiste (Poniatowski promettait, souvenez-vous, les chars soviétiques sur la place de la Concorde) mais qu'en 2012 pareil argument était totalement obsolète. Ah, la belle affaire ! Pourtant les esprits s'échauffent, chacun cherchant à instrumentaliser le propos. La crise couve, on nous annoncerait presque une rupture des négociations sur l'actualisation du programme commun… La mauvaise foi le dispute ainsi au ridicule. Une fois de plus. Quand cessera-t-on ce jeu de dupes qui détourne le débat de ses vrais enjeux, transforme le choix du chef de l'État en bataille de cour d'école et ruine le peu de crédit que conserve le discours politique ?
Il y a là une dérive de la présidentielle : trop de candidats ne sont là que pour un tour, prêts à sacrifier les chances de leur camp pour un point de plus dans les sondages arraché à leur concurrent le plus proche. La compétition entre médias ne vaut guère mieux : à chaque jour l'on veut son nouvel incident comme si l'on ne pouvait retenir l'attention qu'au mépris de la déontologie. Et tous de se payer sur la bête, cette bonne vieille démocratie. Inusable ? Peut-être. Mais bien fou celui qui prendrait jusqu'au bout le risque de le prouver.
"Mais qu'a dit Hollande en réalité : qu'en 1981 on tentait d'effrayer le bourgeois avec la menace communiste (Poniatowski promettait, souvenez-vous, les chars soviétiques sur la place de la Concorde) mais qu'en 2012 pareil argument était totalement obsolète"
Certes, on comprend bien ce qu'il a voulu dire. Mais a-t-il réellement déclaré : "La gauche a gouverné pendant 15 ans, pendant lesquels elle a libéralisé l'économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation. Il n'y a pas de crainte à avoir"?
Car s'"il n'y a pas de crainte à avoir" c'est qu'il n'y a pas non plus d'espoir que la gauche fasse à partir de 2012 autre chose que ce qu'elle a fait depuis 1983, à savoir, en effet, "libéralis(er) l'économie et ouv(rir) les marchés à la finance et à la privatisation".
Rédigé par : chatel | 17 février 2012 à 11:24
Oui il est vrai "que trop de candidats ne sont là que pour un tour"mais convenons qu'ils ont dû souquer ferme pour avoir les signatures et que dans notre belle démocratie c'est un des rares moyens de pouvoir s'exprimer avec une audience nationale.
C'est vrai que l'on tente toujours d'effrayer certains électeurs, en 1981 j'ai connu des gens qui croyaient dur comme fer que François Mitterrand allait faire fermer les églises !ça fait sourire aujourd'hui! .
Si l'on devait limiter le nombre de candidats au premier tour à deux, comment cela serait il possible?
les moyens de diffusion sont au mains de l'argent,il reste le sondage, mais les gens sont manipulés par ces mêmes médias .
C'est une élection avec ses imperfections mais la plus grande serait sans doute qu'un courant important ne puisse être représenter , que des millions de Français se sentent exclus de la vie nationale même si cet instant démocratique ne dure que le temps d'un feu de paille.
GIRARD
Rédigé par : girard rene | 15 février 2012 à 23:57