cet article a été écrit avant que cette affaire ne connaisse son épilogue.
Il n'est pas d'autre mot pour qualifier le drame de Toulouse que celui d'"horreur", d'horreur absolue ! Et si tous nous avons ressenti une profonde indignation, celle-ci aurait d'abord dû laisser place au silence et au recueillement. Par respect pour les victimes et leur famille, parce que leur peine, justement, est indicible.
Mais sans doute était-ce trop demander à notre société hyper-médiatique. Et si les candidats ont su s'obliger à se taire, les télévisions comme les radios n'ont une fois de plus pas su résister à l'emballement. Spéculations sur le profil du criminel, reporters postés devant chaque école, chaque église, chaque synagogue. Et puis, comme pour démentir la sincérité des émotions montrées en direct par les commentateurs, des mots indécents : ceux de Pujadas par exemple, après une longue séquence tout entière consacrée à la tuerie, qui le lundi soir du drame nous "souhaite une très belle soirée", pas moins, comme si tout ce qui précédait n'avait été qu'une parenthèse entre pub et bulletin météo ! Comme s'il était impossible à ce système de se mettre à la hauteur d'un événement qui en dit long sur notre monde et ceux qui l'habitent mais plus encore sur la douleur épouvantable qui peut frapper l'un de nos frères humains. Je me souviens qu'à la mort du Président Pompidou, télévision et radios s'étaient tues. Interrompre ce bruit, cet indécent bourdonnement, ne serait-ce que quelques heures, n'est donc plus possible aujourd'hui. The show must go on ! Et entretenir l'émotion. Ne pas laisser le temps à la douleur de se séparer du choc de l'information pour prendre, dans notre cœur et notre esprit, sa vraie place. Pour laisser à chacun d'entre nous le temps de se retirer en lui même pour à travers sa peine, sans mise en scène, la partager, sans les connaitre, avec les proches et les familles...
Au regard de la violence du crime perpétré à Toulouse, cette petite infraction aux règles de simple humanité pèse bien peu. Mais elle nous confirme que le tragique, lorsqu'il se présente, est avalé, recyclé et au final banalisé par une machine à sons et à images à laquelle le silence est devenu étranger. Nous devons y réfléchir pour ne pas succomber, pour ne pas laisser au final mettre sur le même plan ce qui nous trouble et ce qui nous révolte, ce qui nous touche et ce qui nous bouleverse, ce qui ne change rien et ce qui, comme l'horreur de ce lundi, change tout.
Dans"souvenirs de la maison des morts"Dostoïesky donne une bonne définition de l'homme:
"L'homme, en somme , est un être qui s'habitue à tout"
A une époque oû il n'y avait pas "de machines à sons et à images" la mort de 1000 soldats Français par jour( c'est une moyenne)pendant la guerre de 14/18 se traduisait par la visite du maire et d'un gendarme chez les parents des victimes et cette horreur a duré plus de 4 ans.
Ces visites domiciliaires étaient devenues banales, la banalité dans l'horreur.
Pour ce qui est du comportement de la plupart des journalistes ce n'est que bassesse , la plupart vend l'information comme une autre marchandise, on a sans doute les journalistes qu'on mérite!
girard
Rédigé par : girard rene | 27 mars 2012 à 23:16