Au lendemain d'un sommet européen unanimement présenté comme un succès, la question mérite d'être posée ! La conjonction des menaces de récession et d'un possible défaut de l'Espagne, voire de l'Italie, fait peser sur la zone euro le risque d'un éclatement que le Conseil européen devait absolument prévenir. Y est-il parvenu ? Comme toujours, à l'issue d'une négociation mettant aux prises des points de vue opposés, le verre n'est qu'à moitié vide. Et à moitié plein... Au nombre des satisfactions, le pacte de croissance, la supervision des banques, la liberté donnée au MES de prêter directement à celles-ci et l'acceptation d'une plus grande intégration politique et financière, toutes mesures à la fois cohérentes, attendues et susceptibles de consolider durablement l'Union tout en rassurant les marchés. Au nombre des inquiétudes, l'insuffisance des moyens consacrés à la relance, le renvoi à une prochaine négociation et des modalités du contrôle européen du système bancaire et de la conditionnalité des aides susceptibles d'être accordées par le mécanisme de solidarité. Enfin l'approfondissement de l'Union fera l'objet d'une réflexion collective dont les conclusions ne seront connues que cet hiver. Aussi ne sera-t-il vraiment possible de juger de l'efficacité de cet accord que dans quelques mois, au vu des résultats enregistrés d'ici-là et à la condition que ne soient pas enregistrées dans les prochaines semaines trop de mauvaises nouvelles sur le front économique.
L'accalmie obtenue grâce à cet accord n'est cependant pas négligeable, qui permet de desserrer l'étau du calendrier et, pour l'Espagne comme pour l'Italie, de recevoir enfin les premiers bénéfices de leurs efforts. À cet égard, la question se posera nécessairement du sort de la Grèce qui reste la seule à ce jour à se voir contrainte à une austérité exagérée pour prix de l'aide européenne... Au total donc, un succès politique pour Rome et Madrid comme pour Paris. F. Hollande a su tirer parti avec habileté de la mobilisation de Mario Monti et de Mariano Rajoy et échapper ainsi à l'étreinte allemande que N. Sarkozy avait acceptée sans trop de réticences.
Mais si les nuages sont écartés, ce n'est que provisoirement : les prochains rendez-vous seront déterminants qui permettront de dire si les virtualités positives de l'accord de Bruxelles se sont concrétisées. Ma conviction est que sur la résilience de la zone euro se joue le quinquennat de F. Hollande. Celui-ci à intelligemment obtenu un répit. Repoussé, le moment de vérité, sauf accident conjoncturel toujours possible, aura lieu à la fin de l'année.
Reste enfin l'enjeu intérieur. F. Hollande avait promis une renégociation du pacte budgétaire : la gauche ne manquera pas de demander ce qu'il en est au final. La règle d'or semble écartée au profit d'une loi de programmation. Comment tout cela va-t-il s'ajuster juridiquement ? Plus délicat encore, le redressement financier, dont les axes budgétaires ont été annoncés à quelques heures du Sommet, peut rencontrer l'incompréhension de l'opinion si les enjeux qu'il recouvre ne font pas l'objet d'un effort d'explication tout particulier. Il conviendra de rappeler notamment que la volonté de revenir l'an prochain à 3% de déficit correspond non à une pression européenne mais à la nécessité de stopper la progression d'une dette qui, souscrite pour une bonne part auprès de prêteurs étrangers, nous met un peu plus, pour chaque euro supplémentaire que nous devrons, dans la main des marchés ! L'addition des mesures devra donc être précédée d'une pédagogie politique d'autant plus nécessaire qu'elle avait jusqu'à présent fait défaut .
C'est sur la fiscalité que la pédagogie doit d'abord porter, car nous avons pu constater que ce sont les plus pauvres , aussi les moins familiers des questions financières , qui s'inquiètent le plus des nouveautés fiscales; le deuxième axe du travail pédagogique est l'Europe, toujours méconnue et dont la représentation dans l'électorat populaire est proprement fantasmatique: montrer non seulement qu'il n'y a pas de retour en arrière possible et surtout qu'il y a à gagner à aller vigoureusement de l'avant.
Rédigé par : l. bourquelot | 03 juillet 2012 à 19:54
Pédagogie, avec un P comme politique. Deux mots qui devraient être inséparables.
On l'oublie trop souvent, malheureusement - comme la formation au PS.
Rédigé par : fanchonfp | 02 juillet 2012 à 17:38