À lire les commentateurs, mais aussi ce dimanche dans le JDD le Premier ministre, la décision assumée par le gouvernement sur le dossier de Florange, serait de nature "social-démocrate" !
J'ai déjà eu ici l'occasion de dénoncer l'usage d'un qualificatif que l'on confond trop souvent avec ce qui n'est qu'une approche réaliste ou gestionnaire du pouvoir. Dans cette acception serait social-démocrate non plus seulement la simple reconnaissance des lois du marché mais l'acceptation d'un rapport de forces conduisant l'Etat à renoncer à intervenir directement dans les affaires d'un groupe privé. Ce qui reviendrait à condamner toute forme de dirigisme économique ou de volontarisme industriel à la mode des années 60. Or n'est-ce pas plutôt l'évolution du système économique qui a rendu l'interventionnisme obsolète qu'une mutation idéologique qui aurait fait du socialisme un observateur simplement attentif des effets de la libre concurrence ?
L'usage du terme social-démocrate est d'autant plus inadapté dans ces circonstances qu'il recouvre une réalité bien différente : si la social-démocratie s'est progressivement libérée du marxisme entre les années 30 et 60, elle devait en conserver sa vision de la société travaillée par la lutte des classes ! Pour lui proposer comme issue, mieux qu'un grand soir : la prospérité partagée via un compromis négocié. La social-démocratie n'est donc pas historiquement synonyme de modération ou de résignation mais de réformisme : obtenir autrement et pacifiquement, ce qui devait l'être par la révolution. La violence reste présente, mais un peu comme au rugby, canalisée par des règles du jeu stricts et un arbitre tatillon. Ainsi définie, la social-démocratie fut moins qu'un régime : un moment ! Qui se confond plus ou moins avec les Trente Glorieuses.
Se revendiquer aujourd'hui de la social-démocratie, c'est donc prendre le risque de l'anachronisme, sans compter qu'une telle référence n'a aucune signification politique claire pour une majorité de Français. Un peu comme l'anticléricalisme en Allemagne ou le bonapartisme aux Etats-Unis.
À supposer même enfin que l'on puisse concéder ce qualificatif à l'action gouvernementale, ce serait pour le lui retirer aussitôt dans le cas qui nous occupe. Loin d'appuyer les demandes syndicales, et de travailler main dans la main avec la CFDT, comme l'occasion s'en présentait et comme l'aurait fait en Suède ou en Allemagne un gouvernement social-démocrate, l'Etat a décidé seul, de façon régalienne, ce qui était possible et bon pour le bassin sidérurgique, en informant après coup des représentants du personnel au total ulcérés.
Quoi que l'on puisse penser de l'orientation choisie dans cette affaire (et il est peut être trop tôt pour rien en conclure sur le fond), la façon dont le pouvoir l'a mené reste la parfaite illustration d'une forme de colbertisme plus familière à notre esprit français qu'une social-démocratie qui peinerait à y retrouver ses petits…
Je ne crois pas que l'on puisse dire que nous aurions été pendant une période -les trente glorieuses-en sociale-démocratie.
Nous avons été sous De Gaulle , Pompidou, Giscard, le premier septennat de Mitterrand en une société d'économie mixte avec bien sur un secteur privé mais aussi un important secteur public issu pour la plus grande part des nationalisations de l'après guerre .
Ce secteur publique a été mis à l'encan par la droite mais aussi hélas par la "gauche".
Cela devait remplir les caisses, on a vu le résultat!
Depuis n'en déplaise à beaucoup , nous sommes livrés à la finance termes modérés pour ne pas dire que nous sommes dans les mains des usuriers.
Quant à Colbert sa grande idée était de produire en France le plus possible pour importer le moins possible, donc le contraire de ce que nous faisons depuis 25 ans.
Nous avons rassuré les marchés , il y a une remarquable continuité avec "avant"je l'avais dit et redit ici il ne fallait pas venir pour faire "du pareil au même" girard rené
Rédigé par : [email protected] | 10 décembre 2012 à 16:59