Ce que les élections italiennes ont de surprenant est moins le résultat obtenu ce week-end que les commentaires qu'il suscite. Pourquoi faudrait-il s'étonner qu'à l'absurdité des choix économiques imposés par l'Union les peuples apportent une réponse ubuesque ? Ont-ils une alternative politique ? Gauches et droites européennes proposent les mêmes options. La social-démocratie, qu'elle soit italienne, allemande, scandinave ou désormais... française, a renoncé à opérer la transformation à laquelle aurait dû la contraindre la disparition de l'éco-système dans lequel elle avait prospéré. La mondialisation, la crise de financement de l'Etat-Providence, la fin du plein emploi et, pour solder le tout, la perte d'influence du mouvement syndical, l'ont privé de ses arguments idéologiques comme de ses leviers d'action. Et si la fuite en avant européenne a pu, un temps, faire illusion, tel n'est plus le cas désormais ! Du coup, les peuples sont en quête d'autres manières d'exprimer leur crainte et leur colère, sinon leurs aspirations. Faut-il se montrer surpris qu'ils renâclent quand le seul horizon qui leur est offert semble être celui d'un chômage de masse et d'un pouvoir d'achat durablement en berne ? Et que, faute de perspective ouverte par les gauches européennes, ils se tournent vers des "populistes" ou amuseurs de tous ordres ?
Que serait-on pourtant en droit d'attendre de celles-ci, pour autant qu'elles consentent à réagir après avoir pris conscience de leur responsabilité ? La gravité de la crise financière dans laquelle la plupart des pays de l'Union sont plongés laisse-t-elle d'autre issue que ces programmes de redressement qui lassent et désespèrent ? A l'évidence, non ! Aussi la voie est-elle étroite.
Elle suppose, en premier lieu, de faire face aux réalités et d'en assumer les conséquences devant l'opinion. Chercher à biaiser, c'est conforter l'opinion dans l'idée qu'on cherche à la tromper ! Dire la vérité est aujourd'hui la suprême habilité, celle qui obligera chacun à prendre ses responsabilités. Il est frappant d'observer que les populismes prennent corps là où, comme en Hongrie ou en Italie avec Berlusconi, les gouvernements ont cherché à duper les gens.
Elle implique, en second lieu, un retour de la volonté politique pour imposer à une Union récalcitrante la nécessité d'un plan de soutien à l'investissement qui donne ses chances à une reprise des économies tout en préparant l'avenir. A cet égard, qu'est devenu le plan de relance "obtenu" par François Hollande en juin ? Et pourquoi les gauches européennes n'ont-elles pas pris le relais de cette revendication ? L'austérité n'a de sens véritable que si elle pose les bases, fut-ce dans la douleur, d'une nouvelle croissance.
Et là, précisément, se situe le troisième enjeu : il ne peut en effet s'agir de proposer de revenir au mode de production d'hier, qui a failli financièrement et qui menace notre environnement, mais de basculer vers des priorités nouvelles : économies d'énergie, circuits courts, isolation des logements. Non d'un point de vue seulement pratique, mais au nom d'une philosophie politique qui doit rester celle de la solidarité ajustée aux exigences ouvertes par la crise. Les gauches européennes n'ont d'autre avenir que d'incarner cette alternative montrant aux peuples, derrière le rideau de la rigueur, la perspective d'un redressement qui ne soit pas seulement financier mais aussi civilisationnel. Ce qui supposerait que leurs dirigeants sachent opérer cette mue sans laquelle les" Grilloni" ont de beaux(?) jours devant eux.
Gaëtan,
Ton analyse est pertinente.
Et tu ne manques pas de courage.
Mais quels travaux d'Hercule en perspective.
HJ COUDY
Rédigé par : Henri-Jean Coudy | 09 avril 2013 à 20:15
A bien considérer les choses ce n'est faire une insulte à personne que de dire que la politique économique d'hier comme celle d'aujourd'hui c'est -comme disait le vieux stalinien-jacques Duclos "bonnet blanc et blanc bonnet"
Dans une démocratie l'électeur est sensé avoir un choix à faire, si ce choix n'existe plus on se trouve ipso facto hors démocratie avec toutes les conséquences que cela peut avoir.
Il serait bon de se souvenir de ce proverbe africain:
"Quand on se noie , on peut s'accrocher même à un serpent, pour se sauver des eaux"
girard
Rédigé par : girard | 27 février 2013 à 20:35