Décidément, le camp majoritaire est passé maître dans l'art du ricochet absurde. A peine la rentrée s'annonce-t-elle que les espoirs que la gauche pouvait mettre en elle se sont évanouis, qui plus est de son propre fait.
Nul besoin de se rendre à La Rochelle, ni d'entendre les exposés des dirigeants du PS pour mesurer l'exaspération de l'opinion. Y répondre devrait constituer l'objectif numéro un de la majorité comme du gouvernement. Or, qu'observe-t-on depuis quelques jours, sinon une avalanche de polémiques aussi dérisoires que maladroites dont l'effet immédiat sera de déconsidérer un peu plus celles et ceux qui y auront cédé.
Cela a commencé par le procès insane intenté à Manuel Valls. Que l'on puisse s'interroger sur la stratégie du ministre de l'Intérieur, cela n'est que normal. S'il a su trouver un discours et une crédibilité qui fondent sa juste popularité, le locataire de Beauvau n'a pas encore bien su formaliser son message. Et si chacun a compris qu'il ne ferait jamais preuve d'angélisme, les traits saillants de sa stratégie, ceux qui permettraient de la caractériser pleinement en donnant corps à une politique de gauche en matière de sécurité restent encore à formuler. Mais l'on ne peut que s'étonner de l'acharnement avec lequel des élus et "responsables" de son propre camp, au lieu de l'y aider, cherchent au contraire à le déconsidérer, prêtant curieusement main forte à une droite pourtant bien en peine jusqu'à présent de trouver la faille. Que certains n'aient rien de plus urgent à faire que de tenter d'affaiblir le seul ministre du gouvernement qui bénéficie largement des faveurs de l'opinion en dit long sur l'état d'esprit qui règne au sein du PS comme de la majorité. Car l'offensive engagée contre Manuel n'a rien d'idéologique. Il s'agit bien de l'affaiblir politiquement dans une de ces petites guerres de chapelle dans lesquels quelques chefs de clan cherchent à assoir une dérisoire légitimité. D'autant que l'effet boomerang sera complet : la popularité de Manuel Valls en sortira renforcée aux yeux d'une opinion qui ne comprend pas cette tentative de dévaluer les enjeux de sécurité. Et les extrêmes tireront tout le parti des conclusions qu'une large frange des Français ne manquera pas d'y apporter : ces socialistes sont décidément incapables de traiter sérieusement de sécurité, (dont on mesure bien de Marseille à l'Ile de France qu'il s'agit d'un sujet secondaire...).
D'autant que pour couronner le tout, la "direction" du PS a choisi de faire de la lutte contre le Front national, le thème principal de son université. On admettra qu'avec un pareil prologue, l'opération soit mal engagée. Mais c'est d'abord son principe qui défie l'entendement : en mettant le FN au cœur de nos débats de rentrée, autant faire de Marine Le Pen l'invitée d'honneur de cette université. Naïveté confondante qui s'explique sans doute par un calcul : attaquer le FN garantit les succès de tribune d'orateurs en mal de popularité.
Penser qu'il suffirait de dénoncer le programme caché de l'extrême-droite pour détourner les Français de lui apporter leur soutien, c'est se tromper du tout sur ce qui pourrait les conduire à voter pour elle. Nos concitoyens les plus en colère veulent instrumentaliser le bulletin FN, l'utiliser pour crier leur lassitude et parfois leur dégoût à l'égard des partis traditionnels. Le seul moyen de les en détourner est donc de priver leur révolte d'une partie de ses fondements en réorientant notre politique et en explicitant mieux ses objectifs. La confusion qui règne aujourd'hui sur l'Europe (avec la question clef de la souveraineté) comme sur la République (avec celle de la laïcité) fait le lit du FN qui peut ainsi facilement laisser croire que nous serions les fossoyeurs de la Nation comme de la République.
La meilleure façon de combattre le FN, c'est de ne pas en parler (l'échec de Mélenchon à cet égard n'est-il pas suffisamment explicite ?) pour s'adresser au pays à partir d'un discours courageux qui n'élude aucun des défis.
Ce n'est manifestement pas la voie choisi par le premier des socialistes qui ne veut voir dans ces critiques, si j'en crois le Monde, que criailleries d'égos ou d'aigris. Il n'est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Le processus politique dans lequel nous sommes engagés est catastrophique. Il n'est peut être pas bon de le dire et de déranger en le faisant la tranquillité de quelques éminences aux idées courtes. Mais il est plus grave de ne pas l'entendre. Après la leçon du 21 Avril, celle du référendum sur l'Europe, puis de la crise des banlieues, l'on sait maintenant que les fautes se paient cash....Et le prix ne cesse de monter !
Un dernier sondage, réalisé pour Ouest France, présente des chiffres à méditer plus encore que les petites guerres internes de notre mouvement ! Seulement 30% des français pensent que François Hollande est proche de leurs préoccupations, et le même chiffre pour le PS. Dans ce même sondage seulement 44 % des Français considèrent que le Parti Socialiste soutient suffisamment le gouvernement. Cela est-il étonnant, que les français considèrent que François Hollande ne soit pas proche de leurs préoccupations ? Quand, suites aux hésitations, aux reniements du gouvernement par rapport aux annonces fortes du discours du Bourget, qui avait créé une telle effervescence dans la campagne du candidat du PS, un doute s'est installé même dans l'esprit de nombre de militants qui ne viennent plus les réunions de notre parti. Même si ces derniers n'ont pas médiatisé leurs désillusions, ils ne sont pas restés muets après leur éloignement. Les Off ou même les réactions officielles de certains caciques, relayés par la presse, contre des décisions gouvernementales participent aussi à la cacophonie. La population ressent bien évidemment le malaise, qui agite notre mouvement. Ceci peut sans doute expliquer l'opinion par laquelle les français jugent que le PS ne soutient pas assez le gouvernement. Par ailleurs, il est visible que beaucoup de français sont persuadés que le gouvernement s'éloigne de leurs préoccupations. Et comme il est majoritairement composé de membres du parti, il est naturellement vu par l'opinion publique comme étant porteur des convictions du PS. Donc, il est logique que le parti soit vu s'éloignant également des préoccupations des français, ce que regrette un nombre important de militants. Dans ce même sondage on signale que pour les sympathisants les pourcentages seraient meilleurs, il est à remarquer que cette dénomination de sympathisant est déclarative et ne tient pas en compte le nombre de ces derniers. Ils sont solidaires, mais combien sont-ils parmi le panel et leur nombre est-il stable par rapport au dernier sondage.
Rédigé par : Gérard Lenne | 25 août 2013 à 16:18
Valls s'est déconsidéré seul aux yeux de ceux qui lui ont fait confiance sur la base des valeurs de gauche que nous défendons. Quid de la politique sociale qu'il est nécessaire de mettre en place pour éviter le désœuvrement de tout un pan de la société française. Qui est responsable? Les victimes, devenus bourreau au quotidien, ne voient rien venir sinon la sévérité d'une mère patrie "folcochienne".
Valls l'immigré espagnol a oublié les bras de celle qui l'a accueilli, fait grandir et permis de parler en son nom.
Non rien n'excuse de tels propos, ni de tels actes et attitudes.
Monsieur le sénateur vous dites qu'il est "gauche" moi je vous répond qu'il n'est plus à gauche. Quand on a l'ambition de briguer la plus haute fonction de l'état on est responsable de ses dires.
Rédigé par : Mouloud Rezouali | 23 août 2013 à 11:25
C'est hélas la triste vérité: Harlem Désir pense sans doute se trouver à l'époque ou il animait "touche pas à mon pote" ! Aujourd'hui c'est sans état d'âme que les électeurs se lancent à corps perdu dans l'aventure que représente bien entendu le FN: les partis de gouvernement, à commencer par celui auquel j'appartiens comme Gaëtan Gorse ne les ont pas déçus, il les ont proprement écœurés: l'aveuglement et l'autisme de leurs dirigeants, l'arrogance des nouveaux satrapes qui règnent sur nos départements et nos régions les mettent dans cette rage qu'engendre le désespoir. C'est en tout cas ce que je vois, ce que je ressens autour de moi dans tous les milieux que je suis amené à fréquenter. Je ne sais pas si tu te souviens Gaëtan, nous étions une centaine, invités à Evry par Manuel Valls en août 2008 pour se pencher sur la rénovation du PS. Nous étions autour d'une machine à café avec Arnaud Montebourg et Christian Paul et alors qu’Arnaud faisait les présentations tu m'as demandé, à moi qui venait de Corse, ce que je pensais de la rénovation de notre parti. Je t'ai répondu " as tu déjà essayé de réchauffer les pieds d'un mort pour le ressusciter? " et Arnaud a ajouté " les partis de gouvernement sont comme les astres morts, ils continuent a briller mais en fait ils sont morts" . Nous y sommes et je crains qu'il n'y ait plus grand chose à faire. Quand je pense qu'il se trouve aujourd'hui des socialistes pour conspuer publiquement le seul ministre qui soit réellement populaire, c'est à dire entendu et compris par le peuple, je pense qu'on n'est pas loin d'atteindre le fond: celui dont on ne remonte pas.
Rédigé par : Vincent Carlotti | 23 août 2013 à 10:37