" Lorsque le sage montre la lune, l'idiot regarde le doigt ! ", tel est l'adage que me rappellent les prises de position vilipendant ces jours-ci qui le Premier ministre, qui le Président de la République.
La médiatisation a, à ce point, personnalisé toute chose que l'on est tenté de céder à cette facilité de réduire une politique à celui qui la conduit. Occultant, du coup, le vrai sens du débat.
Demander (et obtenir) le départ de Jean Marc Ayrault n'aurait pas plus d'effet que de remplacer Harlem Désir à la tête du PS dont l'apathie est la conséquence d'un choix, fait en toute conscience au Congrès de Toulouse... Le véritable problème est ailleurs qui porte sur les conséquences psychologiques, économiques et sociales de la politique conduite par le gouvernement.
Ce que rejette aujourd'hui l'opinion, ce n'est pas la volonté de redressement qui a heureusement succédé depuis dix-huit mois à la fuite en avant caractéristique de la période Sarkozy. Les Français sont parfaitement conscients des efforts à accomplir pour revenir à un meilleur équilibre de nos comptes publics dont la dégradation menace notre souveraineté. Ce qu'ils contestent, c'est l'absence de perspectives sérieuses de relance de l'activité et de l'emploi. Et pour cause : le budget présenté cet automne au Parlement aura un effet négatif sur la croissance évaluée à 0, 7 % (le double l'an passé) alors que celle-ci est présentée pourtant comme l'objectif prioritaire à atteindre.
Certes, concilier rigueur et relance peut apparaître comme une nouvelle version de la quadrature du cercle et conduire du coup à chercher la solution dans un relâchement de l'effort accompli depuis 18 mois. Sauf qu'un tel changement de cap reviendrait à perdre le bénéfice de ce qui a été engagé sans recueillir les fruits de la nouvelle orientation choisie, ni l'Etat, ni les entreprises n'ayant les moyens aujourd'hui d'augmenter le pouvoir d'achat. La seule issue réside donc dans une relance par l'investissement : financer par l'emprunt la richesse de demain reste une exigence de bon sens ! Elle n'accroît l'endettement qu'au prorata des ressources qu'elle procure. En cet automne, c'est cet objectif que le gouvernement doit s'assigner.
Il s'agirait en premier lieu de présenter un tel plan de relance à nos partenaires européens : travail de conviction, diplomatique certes, mais dont il faudrait prendre l'opinion à témoin. A l'espoir déçu du printemps 2012, il faut substituer une détermination cette fois sans faille. Ce qui suppose de définir les concessions que nous sommes prêts à faire en contrepartie d'une relance coordonnée.
Ce qui devrait, nous conduire, en second lieu, à assumer les conséquences d'un éventuel et nouveau blocage à l'échelle de l'Union et à engager alors pour soutenir notre industrie les moyens indispensables à son redémarrage comme à sa survie.
Plutôt que de mettre en cause la tête de l'exécutif, c'est son orientation européenne qu'il faut discuter et infléchir. Aux groupes parlementaires d'y travailler puisque, une fois de plus le parti sera absent du débat : il réunit bien ce samedi son conseil national " l'espace d'un matin " mais c'est pour débattre... de ses listes aux prochaines élections. Chacun ses priorités donc... Notre devoir de parlementaire serait non de demander le départ de tel ou tel mais la re-formulation de notre politique en fonction des objectifs affichés. Et d'en faire dépendre notre vote sur le Budget !
Le syndrome JOSPIN :
"Demander (et obtenir) le départ de Jean Marc Ayrault n'aurait pas plus d'effet que de remplacer Harlem Désir à la tête du PS dont l'apathie est la conséquence d'un choix, fait en toute conscience au congrès de Toulouse... Le véritable problème est ailleurs qui porte sur les conséquences psychologiques, économiques et sociales de la politique conduite par le gouvernement."
Votre analyse est juste, mais vous ne savez pas en tirer les conséquences.Vous êtes dans la lune et loin des réalités du terrain. Si vous n'avez pas encore compris que le casting est mauvais : Le Premier Ministre comme le Premier Secrétaire du PS n'ont pas la compétence, ni leur place au poste où ils sont. Si vous ne vous en êtes pas encore rendu compte, il serait peut-être temps de sortir de votre Sénat.
Faut-il attendre ? Vous n'en aurez pas la possibilité car, sur le terrain, la pression est telle que si à la tête du gouvernement, il n'y a pas, très rapidement, une forte personnalité qui soit écoutée des Français (Valls, Aubry..), les choses vont vite tourner très très mal et vous, Monsieur Gorce, en serez un des responsables.
Souvenez-vous de ceux qui alertaient Jospin, avant le premier tour présidentiel de la menace Le Pen, des gens comme vous lui disaient de ne rien faire et d'attendre... On a vu ce que l'on a vu.
Je trouve très courageux Monsieur Boutih, qui peut donner l'impression de "tirer contre son camp" mais qui alerte la gauche et ses amis.
1/ Attendre les élections prochaines pour changer de Premier Ministre sera impossible, vous le verrez.
2/ Et même si cela tenait jusqu'aux élections, les résultats seraient calamiteux et il sera trop tard.
3/ Changer de Premier Ministre créerait une nouvelle dynamique et confiance chez les électeurs de gauche.
Rédigé par : Jacques MORVANT | 12 novembre 2013 à 23:58