A quoi ne cesse-t-on d'assister depuis 18 mois sinon à la déroute, sémantique et idéologique, de la gauche tout entière ? Celle-ci s'est mise d'emblée sur la défensive et laisse une droite que son bilan aurait dû rendre aphone, dicter l'agenda politique. De la baisse des charges au lâcher de pigeons, en passant par le calamiteux débat ouvert sur la pause fiscale, notre majorité semble dépourvue de boussole, ballotée entre deux séquences d'agitation médiatique.
Il est urgent du coup de remettre de l'ordre dans nos idées !
Parce que nous avons la responsabilité et le pouvoir d'agir, nous devons refuser de nous laisser enfermer dans une fausse alternative : la fatalité ou la facilité, celle de la rigueur contre celle de l'endettement !
Face au désarroi qui s'empare du pays, ressaisissons-nous !
En redonnant un cap, tout d'abord, à une politique de redressement qui ne peut obtenir l'assentiment des citoyens que si elle est comprise !
Un effort considérable a été accompli : renoncer à l'assumer, ce serait en perdre le bénéfice politique. Ce serait aussi se priver d'un argument essentiel pour affronter les difficultés qui sont encore devant nous. Aussi faut-il cesser de biaiser face à la réalité ! Celle-ci nous impose des efforts sans précédent sans lesquels nous perdrons voix au chapitre. Dans quel Pays pourrait-on s'accommoder sans réagir d'une division de moitié de ses ressources industrielles, tant en valeur créée qu'en emplois ? Dans quel Pays pourrait-on accepter sans réagir une multiplication par dix de son endettement ? La gauche ne peut rester dans le déni de ces enjeux majeurs ! Elle doit donc dire plus clairement qu'elle ne l'a fait jusqu'à présent que c'est pour garder à la France sa place dans le monde, pour préserver son modèle de société qu'elle a choisi de nous battre sans ménager ses efforts. Le temps des facilités, des combinaisons avec la vérité, est derrière nous ! C'est plus que jamais l'idée que nous nous faisons de la France qui doit nous servir de guide !
En retrouvant notre volonté réformatrice, ensuite !
Regarder la réalité en face, ne signifie pas que nous devions pour y répondre, utiliser les mêmes recettes que la droite !
C'est en ce sens qu'il ne faut pas différer la réforme fiscale mais en faire au contraire l'instrument d'un partage équitable de l'effort !
Et depuis quand aider les entreprises à améliorer leur compétitivité doit-il conduire à renoncer à les placer devant leur responsabilité, notamment en matière d'embauche des jeunes ?
Pourquoi un effort systématique n'est-il pas demandé à nos grands groupes alors qu'ils vont bénéficier à plein de l'effet CICE ? Et pourquoi ne fait-on pas de l'Accord Interprofessionnel sur le marché du travail le point d'appui d'une relance de la négociation sociale dans l'esprit de contrats de progrès mobilisant à l'échelle des branches les partenaires sociaux et articulant aides générales et sectorielles à un renforcement de la participation des salariés et une implication plus forte pour l'emploi ?
Cette dimension sociale de la compétitivité fait encore largement défaut alors qu'elle devrait figurer au premier rang de l'arsenal d'un gouvernement de gauche ! Nous ne pourrons pas redresser la barre sans faire la démonstration que l'effort considérable demandé à tous est la base du changement promis dont il faut maintenant donner sur les sujets essentiels les signes visibles !
En nous donnant, aussi et surtout, les moyens d'une vraie relance !
La vérité doit s'imposer : le pays, ses salariés et notamment les moins qualifiés, ses petites entreprises, ses territoires les plus fragiles sont à bout de force ! Le chômage a atteint un seuil insupportable qui mine et divise la société française. Le choc encaissé par notre industrie risque de se révéler irrémédiable dans de nombreux secteurs et territoires. Et ce n'est pas le timide réveil de l'activité qui permettra au pays de relever de tels défis.
Aussi devons-nous redéfinir notre stratégie européenne en réactivant la formule de Jacques Delors : la rigueur aux États, la relance à l'Union !
Elle est la seule qui nous permettra de tenir les deux bouts de la chaîne : désendettement et emploi ! Il est du devoir de la France et de son gouvernement de placer chacun dans l'Union devant ses responsabilités en présentant publiquement les axes d'un plan de relance de l'Union européenne. Ce plan devrait comporter un appui massif aux infrastructures, à la recherche et à l'innovation, se doubler d'un nouvel effort d'intégration budgétaire associant les parlements nationaux et d'une amodiation des règles de la concurrence permettant la mise en place d'une politique concertée de soutien aux secteurs industriels les plus exposés.
La présentation d'un tel plan supposerait que soient explicitées les conséquences que la France serait prête à tirer de son éventuel échec. L'épisode de juin 2012 nous a en effet laissé un gout amer ! Il faut dès lors cesser de se boucher les yeux : faute de coordination des politiques économiques des États-membres, la zone Euro a contribué à polariser les activités industrielles au détriment, entre autres, de nos entreprises. Le redressement de l'emploi industriel ne pourra donc venir que d'une transformation de la zone euro ou, à défaut, de l'autorisation donnée à la BCE de racheter la dette des nations les plus éprouvées. Ce choix ne peut plus être différé sauf à consentir à l'éradication de notre industrie. Après tout, si l'Union a progressé à l'occasion des crises qui l'ont secouée, celles-ci ont le plus souvent été provoquées. Moins par les événements que par les gouvernements décidés à aller plus loin. Certes, le succès de cette stratégie n'est pas garanti. Mais son affirmation, outre qu'elle témoignerait devant l'opinion de notre combativité retrouvée, ouvrirait la voie, en cas d'échec à convaincre nos partenaires, à une autre politique, nationale cette fois, de relance par l'investissement. Il ne s'agirait pas de céder à " la facilité" en ouvrant toutes grandes les vannes de la dépense publique mais de s'appliquer une règle simple déclinée alors de l'axiome précédent : la rigueur pour le fonctionnement, la relance à l'investissement !
En plaçant la gauche, enfin, devant ses responsabilités.
Les chamailleries constantes qui affectent la majorité sont devenues insupportables. Notre pays doit pouvoir compter sur une gauche qui se sache comptable de l'intérêt général et déterminée à rassembler les Français. Réconcilier ceux-ci avec la politique est plus qu'un programme : une nécessité commandée par l'importance des réformes à opérer ! La gravité de la crise appelle à une révolution des états d'esprit qui seule permettra de revitaliser notre démocratie et d'entamer la transition écologique dont nous devons assumer l'importance.
Le Premier ministre doit donc sans délai réactualiser le pacte qui lie entre elles les formations représentées au gouvernement à la fois pour rendre plus cohérente la politique qu'il mène et plus lisible la stratégie qui l'inspire.
La direction du parti doit ensuite se remettre en question et réfléchir d'urgence aux raisons de son impéritie.
Il n'est pas difficile de fixer ce qui devrait être notre nouvelle feuille de route : implication forte dans l'actualité pour y imprimer notre marque, priorité au renouvellement et à la diversification sociale de nos équipes dirigeantes, relance du travail sur les idées nouvelles qu'appelle une période inédite ! Au parti de montrer que l'effort demandé n'est pas une fin en soi ! Qu'il n'a pas non plus pour objet de revenir au monde d'avant. Mais qu'il s'inscrit dans une perspective prenant d'ores et déjà en compte les transformations profondes qu'appellent et la crise économique et la crise écologique dans notre façon de produire et de consommer, dans nos façons de vivre, aussi, de débattre et de penser. Nous devons montrer que l'urgence du redressement ne nous éloigne pas de la conscience aiguë que nous avons de devoir préparer d'un même mouvement un nouveau modèle de civilisation et de développement.
L'heure de vérité, en quelque sorte, est venue ! La déception qui s'empare du pays peut conduire à la pire des aventures. Le malheur qui accable les plus fragiles de nos concitoyens nous oblige à agir, et d'abord contre le chômage, sauf à renoncer à nous dire socialistes. Notre histoire est faite de cette capacité à associer l'esprit de responsabilité, qui caractérise un parti de gouvernement, avec la volonté transformatrice, qui fait notre identité.
Il est temps de nous en souvenir !
A quelque chose malheur est bon, voilà un proverbe de circonstance,la réforme fiscale se fera-t-elle? est ce l'heure de vérité? le réveil , le changement sont pour maintenant? le travail sera-t-il relancé sur des bases nouvelles?
Dans quelques semaines nous seront fixés et ce sera l'ultime chance de ce gouvernement qui doit rebondir ou disparaitre.
girard rené
Rédigé par : girard rené | 20 novembre 2013 à 19:41
"Aussi devons-nous redéfinir notre stratégie européenne en réactivant la formule de Jacques Delors : la rigueur aux États, la relance à l'Union !
Elle est la seule qui nous permettra de tenir les deux bouts de la chaîne : désendettement et emploi !"
Pourquoi continuer à faire comme si l'Europe sociale-libérale, fruit d'un mauvais compromis entre les sociaux-démocrates et les libéraux, représentait encore la solution alors que l'Europe n'a ni l'intention (les pays d'Europe du Nord nous l'ont bien fait comprendre) ni même la possibilité (puisque la politique de l'Europe est inscrite dans les traités) d'initier une politique différente?
En tenant ce discours, on ne peut que désespérer davantage l'électorat populaire qui a bien compris désormais qu'une politique alternative à celle que nous imposent nos engagements européens suppose de nous émanciper du cadre européen.
Passons donc directement à l'étape suivante, à savoir "une autre politique, nationale cette fois, de relance par l'investissement (...) [qui ne cède pas]à " la facilité" en ouvrant toutes grandes les vannes de la dépense publique" et réfléchissons bien à la façon dont cette nécessaire émancipation du cadre européen devrait se faire pour être la plus profitable possible à notre pays ainsi qu'à ceux qui suivraient notre exemple.
Rédigé par : chatel | 18 novembre 2013 à 12:25
Louons les Français ayant encore de l'humour en ces journées, un dessin circule oû il est dit que les bonnets rouges sont une référence au commandant Cousteau car nous avons aussi toucher le fond!
Si nous prenons cette fois un peu de hauteur, il est aisé de comprendre que 40 années d'endettement cela se paie-depuis je crois 1974, aucun budget n'a été en équilibre-
Ce qui est navrant c'est malgré ce que dit le gouvernement que l'effort n'est pas demandé aux plus riches, non non toujours la bonne recette de Tardieu: "il faut faire payer les pauvres ils sont moins riches que les riches , mais ils sont plus nombreux"je reconnais que rien n'est demandé aux vraiment très pauvres car vous n'en tireriez rien mais un peu au dessus, c'est affligeant , l'augmentation de la tva en janvier, alors que vous avez toujours dit que c'était un impôt injuste, comment se ressaisir alors que l'on ne parle que de saisir.
Parler de déception est bien faible,la politique est perçue comme pire que celle d'avant,ce n'est pas faute de vous avoir mis en garde,mais on ne serait plus en France si on se mettait à tenir compte de ce que dit le populo.
Nous allons glisser sur la planche savonneuse et au moment d'arriver en bas ce sera avec plus de dette , plus d'impôt, plus de chômage.
girard
Rédigé par : girard rené | 17 novembre 2013 à 21:22
C'est bien, mais plus clair, plus explicite, ce serait mieux.
On est pas tous des spécialistes.
On est pas tous très compétent
Rédigé par : P. Micoud | 15 novembre 2013 à 09:33
Bonjour,
je suis socialiste et je ne comprend pas la feuille de route du gouvernement. J'ai l'impression que nous continuons la politique de l'ancien président. je suis tenté de dire que nos têtes pensantes de "Bercy" sont les mêmes depuis des siècles. Rien ne change en ce lieu. Ils font comme d'habitude une taxe tous les jours. C'est le ressenti de la majorité des français et des militants socialistes.
Commencer par changer tous les responsables de cette institution (pas un changement de poste, mais un changement d'air), peut-être aurions nous l'impression que quelle que chose a changée sous François Hollande.
Il y a urgence.
Rédigé par : gibi3379 | 14 novembre 2013 à 11:40