Dès 2012, et encore en décembre dernier, je m'étais permis d'évoquer les raisons pour lesquelles le chômage ne pouvait pas baisser et les réformes indispensables des politiques de l'emploi. Je me permets de vous inviter à relire ces deux interventions.
décembre 2013
Baisse du chômage : et si l'on essayait d'être sérieux !
Mettons-nous tout en œuvre pour faire baisser le chômage ? La question mérite d'autant plus d'être posée que le Président de la République en a fait sa priorité... tout en menant une politique économique et budgétaire en contradiction avec cet objectif.
Mais sous cette réserve, qui n'est pas mince, tout l'arsenal utile des politiques de l'emploi est-il bien déployé ?
Si l'on s'en tient aux dispositifs classiques, il faut bien admettre qu'il ne manque pas un bouton de guêtre, ce dont témoigne la sollicitation des contrats aidés de tous ordres. Leur impact sur les statistiques ne peut ainsi manquer de se faire sentir et on peut déjà en mesurer les effets sur les demandeurs d'emploi les plus jeunes.
Mais s'il s'agit de faire reculer durablement le chômage, on ne peut alors que douter de l'efficacité des moyens employés. Bref, si tout peut laisser augurer une pause dans la poussée du chômage, le redémarrage de celle-ci est rendu inéluctable en l'absence de reprise significative de l'activité. C'est pour cette raison simple que nos entreprises ont jusqu'à présent plutôt retardé l'adaptation de leurs effectifs au niveau d'activité ! C'est tout dire !
Doit-on pour autant reprocher à ce gouvernement d'utiliser avec les mêmes résultats les mêmes méthodes que ses prédécesseurs ?
Sans doute pas si l'on choisit de considérer la lutte pour l'emploi comme une partie de Sumo opposant des adversaires bien lourds à bouger. Mais sans hésitation si l'on veut bien considérer que cet immobilisme est tout sauf inéluctable !
Ce qui frappe en effet le plus l'observateur des politiques de l'emploi, c'est l'incapacité dans laquelle se trouvent tous les ministres successifs de tirer les enseignements du passé. A leur décharge, certes, il faut admettre que les 100 milliards d'euros investis dans ces actions ne sont guère évalués. Mais le recul dont on dispose est suffisamment long (le chômage depuis trente ans est resté en moyenne à 8/9% de la population active) pour qu'il soit possible de dire d'où viennent les blocages qui nuisent à l'efficacité des mesures engagées.
Le premier obstacle, bien identifié, est lié à l'absence de tout réel pilotage de l'emploi sur le terrain où s'empilent et les opérateurs et les dispositifs. Si bien que tous sont obligés de reconnaître qu'ils passent plus de temps en réunions de coordination qu'en actions !
L'urgence est donc de désigner un "patron", État ou Région, chargé par bassin d'emploi de définir et d'atteindre les objectifs localement justifiés. Mais l'Etat s'y refuse peu désireux de perdre un levier si "politique" tandis que les régions hésitent à prendre en charge pareil mistigri.
Le deuxième problème, conséquence du premier, tient à l'interférence des enjeux politiques qui conduisent à privilégier l'affichage statistique, en particulier autour de LA mesure nouvelle décidée par le nouveau Président qui vient pourtant percuter tous les cinq ans les efforts accomplis à partir d'un autre dispositif durant le quinquennat précédent. Nul n'a aujourd'hui songé qu'en laissant travailler les services, ceux-ci se révéleraient peut-être plus efficaces.
Le troisième défi, et peut-être au fond le plus lourd, tient enfin à l'absence de réelle implication des partenaires sociaux. Seule une véritable mobilisation des représentants patronaux au niveau des branches pourrait contribuer à faciliter les embauches, et en particulier des jeunes, en raison de leur connaissance des entreprises et des besoins des métiers. D'autant qu'ils gèrent aussi les organismes collecteurs en charge de l'organisation des stages de formation professionnelle. Mais qui ne sait dans ce pays que les branches sont totalement dévitalisées ? Rien, pourtant, n'est entrepris pour y remédier, ce qui prive, du coup, les acteurs de l'emploi de véritables interlocuteurs et concentre la charge sur des opérateurs publics inadaptés à ces missions.
Corriger ces dysfonctionnements gravissimes ne suffirait certes pas à faire baisser significativement le chômage. Mais mieux qu'un traitement statistique, pareille réforme permettrait de rendre opérationnels des acteurs empêtrés dans les circuits, les procédures et les corporatismes. Mettre, au niveau de chaque bassin d'emploi, un pilote dans l'avion, simplifier les dispositifs, moderniser le fonctionnement des Branches pour assurer leur implication, ces propositions n'ont rien de révolutionnaire. Et il suffirait pour les mettre en œuvre que chacun veuille bien sortir des jeux de rôle qui depuis 30 ans font de la lutte contre le chômage une question seulement et tristement rhétorique ! Quoi qu'on en dise, c'est un à deux points de chômage qui se jouent là, qui pourraient être ainsi gagnés. Bref, le sérieux pourrait payer, ce qui dans la période présente, où le gouvernement s'échine à trouver le moyen d'honorer la promesse du Président d'inverser la courbe, ne devrait pas être ignoré !
décembre 2012
Intervention de Gaëtan Gorce – Débat sur l'emploi, la formation et la qualification des jeunes.
Monsieur le Président, monsieur le ministre, mes cher(e)s collègues,
La situation de l'emploi ne cesse, depuis 4 ans, de se dégrader. La vague atteint désormais une hauteur historique que la mobilisation des contrats aidés, la mise en œuvre des emplois d'avenir et demain des contrats de génération, ne suffira pas à briser. L'année qui vient risque ainsi d'être l'une des pires que le pays ait connu. L'ampleur de cette catastrophe sociale est encore aggravée par les caractéristiques particulières de notre marché du travail : ce sont les plus fragiles qui sont le plus durement et surtout le plus durablement frappés ! Ainsi, l'impact du chômage concentre-t-il ses effets, depuis plus de 30 ans, sur les mêmes catégories sociales, les mêmes classes d'âge et les mêmes territoires !
Répondre à un tel défi ne relève pas, à l'évidence, de la seule politique de l'emploi. Le mouvement ne pourra être circonscrit que par un redémarrage de l'économie que le plan compétitivité est censé permettre. On peut craindre, néanmoins, qu'il n'y suffise pas et qu'un soutien massif à l'investissement soit bientôt nécessaire, pour autant que l'Union Européenne veuille bien considérer que pareilles dépenses devraient être défalquées du montant du déficit « autorisé ».
Mais au-delà de ces enjeux sans doute déterminants, nous ne pouvons laisser jouer à la politique de l'emploi un rôle subsidiaire. Ne serait-ce que parce que celle-ci n'est pas loin de représenter près de 80 milliards d’euros, d'allégements de cotisations sociales en aides à la formation, d'indemnités chômage en soutien aux emplois de services à la personne. Le problème est que ces 80 milliards d'euros sont mobilisés en fonction de critères différents, pour toucher des cibles distinctes et sans jamais être évalués. Je n'hésite pas ici à affirmer que notre politique de la formation et de l'emploi est plus gouvernée par le poids des habitudes, l'influence des corporatismes que par le souci de l'efficacité.
C'est pourtant cet objectif qui devrait aujourd'hui exclusivement nous guider, face à l'état d'urgence auquel nous sommes confrontés.
Certes, il est difficile de réformer en pleine crise. Mais n'est-ce pas le préalable nécessaire sauf à succomber à la tentation des effets d'annonce et des coups d'épée dans l'eau ? Trois axes de réformes me paraissent devoir être privilégiés :
- d'abord, remettre un pilote dans l'avion, c'est-à-dire placer les politiques de l'emploi sous une seule autorité. Bien loin d'avoir simplifié la situation, la fusion de l'ANPE et des ASSEDIC, complétée de la création des maisons de l'emploi, a débouché, à l'échelon territorial, sur un imbroglio total. Les services, qu'il s'agisse de ceux de l'État, des Régions, des Départements, des Missions locales ou des Chambres consulaires, dépensent, de leur aveu même, la moitié de leur temps et de leur énergie à se coordonner ! Il faut mettre un terme à ce désordre et confier soit à un représentant déconcentré de l'État soit à la Région la totalité des compétences emploi-formation sur le terrain.
- ensuite, réaliser la fongibilité de la totalité des crédits dédiés. C'est chaque territoire, en fonction de ses caractéristiques propres, qui doit pouvoir décider d'employer ses moyens budgétaires à telle action plutôt qu'à telle autre. Je plaide pour la création d'offices locaux de l'emploi et de la formation concentrant tous les crédits disponibles dans le cadre de contrats pluriannuels d'objectifs arrêtés en concertation avec les partenaires sociaux et les collectivités locales.
- enfin, mettre les partenaires sociaux devant leurs responsabilités. C'est ce qu'a fait le Chef de l'État dans sa conférence de presse, avec ce bémol qu'il a cru utile d'ajouter qu'à défaut d'accord l'État reprendrait la main. Tout au contraire, nous devons dire aux syndicats comme au patronat qu'il est de leur devoir de définir de nouvelles conditions d'emploi des ressources de la formation comme de l'indemnisation chômage. Leur utilisation devrait être tout entière destinée à réduire le chômage et mieux couvrir ses conséquences. La durée d'indemnisation ne devrait-elle pas varier non en fonction de la durée de cotisation mais des difficultés de reclassement ? La formation ne devrait-elle pas bénéficier en priorité aux jeunes ou aux chômeurs non qualifiés ?
Cette démarche pourrait s'inscrire dans un vrai plan d'urgence sociale qui permettrait de montrer non seulement que le gouvernement à pris la mesure du problème, mais qu'il est déterminé à agir le temps nécessaire au redressement économique du pays. Non en mobilisant des crédits nouveaux qui seront bien difficiles à trouver dans cette période de pénurie budgétaire, mais en mettant de l'ordre dans la masse considérable des crédits existants. C'est cette volonté, monsieur le ministre, que nous aimerions vous entendre exprimer !
Bravo, bravo et encore bravo.
Tout est dit dans vos textes.
Mais alors pourquoi on ne vous nomme pas ministre du travail à la place de l'incompétent, le Sapin avec ses guirlandes?
Ah oui c'est son copain d'école...
De toute façon,mieux vaut pour vous ne rien avoir à faire dans cette équipe de bras cassés, vous vous y seriez brûlé les ailes comme ce guignol de Montebourg par exemple.
Restez indépendant et comme vous êtes M.Gorce.
PS:après 3ans au PS je hais les socialiste ils font tout pour pousser les gens dans les bras du FN...
Bien à vous
Rédigé par : Damien TEXIER | 06 février 2014 à 09:38
En effet on n'est pas bien sérieux quand on parle du chômage,celui qui est né en 1950 a connu notre pays sans cette lèpre .
Il faut s'entendre il n'y avait pas zéro chômeur 300 ou 400 mille c'était le stade zéro.
Tout a basculer vers 1973 74 quand le prix du pétrole s'est emballé.
J'ai connu le prix du mazout que l'on se servait pour le chauffage à 7 centimes -de francs -vers 1965, l'essence qui était de 1 francs vers 1960 était déjà chère ,mais pendant 12 ou 13ans son prix est rester stable.
Cela va faire maintenant 40 ans que nous vivons avec la chômage, 40 ans de gâchis ,il est utile de se rappeler Raymond Barre , le premier ministre et se souvenir de son fameux "bout du tunnel"-il pensait voir la fin de la crise.
Et l'Europe est venu qui nous a mis en concurrence avec les autres pays d'Europe puis avec le monde entier
comment se mesurer avec la Chine qui a utiliser par exemple ses prisonniers comme esclaves pour produire et qui continu surement quoiqu'elle le nie.
Il fut un temps oû l'on n'avait pas de partenaires commerciaux de ce genre, les soviétiques de 1980 n'étaient pas fréquentables mais les chinois le sont!
Oui le chômage a encore de "beaux jours"malgré les mensonges de nos dirigeants d'hier , d'aujourd'hui et sans doute de demain.
girard
Rédigé par : girard rené | 29 janvier 2014 à 20:55