Françoise Fressoz dans son billet du Monde daté de samedi, n'a pas tort de faire observer combien les partis se sont révélés incapables ces dernières années d'élaborer de véritables programmes de gouvernement. De sorte que c'est l'épée dans les reins, à l'épreuve du pouvoir, que leurs dirigeants doivent concevoir leur action, chacun s'en remettant alors à l'Exécutif et à ses prérogatives exorbitantes.
Ce sentiment d'improvisation, avouons-le, est d'autant plus insupportable que le pays est depuis presque 6 ans plongé dans une crise économique profonde. La nation n'était pas moins gérée à la godille du temps de Nicolas Sarkozy, même si son omniprésence médiatique, son activisme pouvaient tromper des observateurs inattentifs.
Mais si François Hollande a pu donner à plusieurs reprises le sentiment d'hésiter, j'ai du mal à la différence d'une bonne partie de la presse à voir dans ces propos de Nouvel An autre chose que "l'approfondissement" de la politique dans laquelle il est engagé depuis 18 mois. Celle-ci n'a depuis l'origine qu'un véritable objectif : rétablir l'équilibre de nos comptes. Il était annoncé comme incontournable dés la campagne des Primaires, et s'il a toujours laissé la première place dans les discours à la bataille pour l'emploi, il a été l'axe central et constant des orientations arrêtées budget après budget. Et si l'accent est mis désormais sur la réduction des dépenses, ce n'est pas par l'effet d'un retournement politique, mais à travers la prise de conscience au plus haut niveau de l'Etat qu'il n'est tout simplement pas possible d'aller plus loin en matière de hausse d'impôts. Quant au pacte de responsabilité, il n'est que le prolongement, plus formel, de la ristourne sur les cotisations sociales décidée au bénéfice des entreprises voici plus d'un an. Comment d'ailleurs ne pas voir que faute de vouloir s'engager dans la voie d'une relance par l'investissement pourtant réclamée entre autres par la Confédération européenne des syndicats, le gouvernement n'avait en réalité pas d'autre voie que celle énoncée par le Président le 31 décembre.
Le problème, cependant, est que ce choix, qui résulte du refus de s'engager dans la bataille européenne, ne pourra produire au mieux que des résultats mitigés. Même, en effet, si une partie de notre économie retrouve de son dynamisme et de la compétitivité d'ici à 3 ans, ce sera au prix du sacrifice de milliers de petites entreprises et de centaines de milliers d'emplois industriels. Parce qu'elle induit le resserrement sur une base encore plus étroite qu'aujourd'hui de notre potentiel économique, cette politique ne peut être celle du "redressement productif" et encore moins celle de la solidarité. Elle formera avec le développement des emplois aidés et des minimas sociaux un couple infernal qui coupera plus que jamais la France en deux !
Il faut avoir à l'esprit que François Hollande peut réussir dans la voie qu'il a choisie. Et on ne peut au total que le lui souhaiter. Mais ayons aussi conscience que ce sera au prix de l'abandon de pans entiers du territoire et de la population. Ce qui me semble difficilement acceptable. De quoi me conforter dans la décision qui fut la mienne de ne pas approuver ce budget !
En ce qui concerne votre article toujours aussi pertinent que d'habitude M.le sénateur,je vous le dis comme je le pense,c'est tout le système qu'il faut revoir et même remettre à plat sinon ça va pété grâve en France,que ce soit prochainement ou dans cinq,dix,voir 15 ans ou plus.
Cordialement
Rédigé par : Damien TEXIER | 17 janvier 2014 à 16:35
C'est une fracture sociale...
Rédigé par : Damien TEXIER | 16 janvier 2014 à 09:25
Plus les heures passent et plus le président Hollande obtient de félicitations pour ses déclarations et ses orientations de la part des gens de droite et seulement des gens de droite il pourra se représenter en 2017 il y perdra les voix de naïf comme moi mais il retrouvera pour compenser cette petite perte plusieurs voix d'électeurs de droite, la vie n'est-elle pas belle?
Qu'il est loin le temps oû le grand Jaurès disait"Quand la droite m'applaudit je m'interroge"mais certain ne sont ni grand ni curieux certes nous sommes toujours en république bien que l'on ne puisse le nier ça empire!
Allez après ça croire encore à quelque chose,je pense que si j'étais plus jeune je me remettrais à croire au père Noël, ça ne serait pas plus ridicule que de croire à "moi président"
girard
Rédigé par : girard rené | 15 janvier 2014 à 16:24
Au lendemain de la conférence de presse on peut être sur d'une chose, c'est comme tu l'a écrit "au prix de l'abandon de pans entiers du territoire et de la population"que cette politique d'aide massive aux "entrepreneurs" se fera.
A moins de puiser dans la boite à l'enchanteur pour financer ce que les patrons ne paieront plus il faudra puiser ailleurs et ou abandonner une partie de ce qui assure une certaine égalité des Français.
Il fallait laisser à la droite cette politique , c'était dans sa nature,encore qu'elle ne serait peut être pas aller si loin craignant une levée de boucliers .
Nous auront donc au final l'aboutissement d'un programme de droite avec plus ou moins de résultats.
la couleuvre n'étant pas mon plat préférée mais sa digestion étant lente j'irai comme beaucoup à la pêche pour les prochaines élections.
Dire que nous nous sentons trahis , c'est peu dire ,le président devrait plutôt inscrire comme programme: "vous qui devrez vivre ici, perdez toute espérance "
et si cette route devait nous conduire vers des extrêmes cette politique y aura largement contribué .
girard
Rédigé par : girard rené | 15 janvier 2014 à 08:48
"J'ai du mal à la différence d'une bonne partie de la presse à voir dans ces propos de Nouvel An autre chose que "l'approfondissement" de la politique dans laquelle il est engagé depuis 18 mois."
C'est en effet la même politique que celle qui a conduit à la création du CICE. Il n'y a effectivement aucun tournant, seulement la poursuite d'une politique d'essence libérale largement inspirée par les traités européens.
"Celle-ci n'a depuis l'origine qu'un véritable objectif : rétablir l'équilibre de nos comptes."
Il me semble que cette politique a plutôt pour objectif la croissance, celle-ci dépendant exclusivement, selon la vulgate libérale assumée désormais par le gouvernement, du dynamisme des entreprises qui, comme on sait, sont seules à créer des richesses et des emplois productifs...
Au demeurant, ce pacte de responsabilité, qu'il faudra bien financer, risque au contraire d'aggraver le déficit de nos comptes, à moins qu'il ne soit entièrement financé par des baisses de dépenses, ce qui, dans la situation actuelle, ne paraît guère possible, sinon, en effet, "au prix de l'abandon de pans entiers du territoire et de la population".
"Le problème (...) est que ce choix (...) résulte du refus de s'engager dans la bataille européenne."
Absolument. La question de l'Europe étant largement taboue, le risque est que le vote FN apparaisse à terme, notamment lors des élections européennes, comme le seul vote alternatif. Il faut désormais prendre cette menace au sérieux et la conjurer au plus vite, en faisant, en effet, le choix de "s'engager dans la bataille européenne".
Rédigé par : chatel | 13 janvier 2014 à 16:21