Belle idée que cette Marche silencieuse programmée partout pour ce dimanche, qui répond au besoin de se retrouver, d'être ensemble, en quelque sorte de " communier " autour de nos valeurs républicaines. Mais celles-ci, une fois passé l'attachement viscéral à la liberté d'expression, sont-elles si claires dans cette France troublée ?
L'absurde polémique qui vient de s'engager sur la possible présence de l'extrême-droite à ce rendez-vous en témoigne. Faute d'avoir été assez défendues les notions mêmes de Nation et de République, qui sont faites pour rassembler, sont devenues un terrain d'affrontement.
Si les uns pensent désormais pouvoir les utiliser à des fins stigmatisantes, xénophobes et sectaires, c'est que ceux qui en avaient la charge ont trop souvent oubliés d'en re-préciser le sens et la portée. Et sont tentés désormais, conscients de cette faiblesse et de l'âpreté de la lutte qui s'engage, de ne plus les définir qu'en creux, c'est à dire en s'opposant aux premiers, en les dénonçant et en les excluant sans voir qu'en agissant ainsi ils entretiennent l'ambiguïté à l'origine du processus qu'ils prétendent combattre.
Vouloir enfermer l'avenir du débat politique en France en un absurde face à face entre l'extrême-droite et un " camp républicain " réuni autour des responsables de ses Institutions, c'est faire le choix d'une recomposition du champ politique autour du FN et du coup inéluctablement le renforcer.
L'enjeu n'est donc pas de viser prioritairement un adversaire qui n'est fort que de nos faiblesses. Mais de le priver d'oxygène en prenant la peine de redonner un contenu aux notions de souveraineté, d'égalité, de fraternité et de laïcité. Il ne suffit pas de s'en réclamer pour les défendre.
Notre société a changé : elle s'est ouverte, mondialisée. Elle est plus diverse et du coup plus partagée. Et si dans ses profondeurs, et l'ampleur de l'émotion et des manifestions qu'elle suscite le montrent, elle reste viscéralement attachée à ses valeurs républicaines, elle a besoin qu'on l'aide à les redéfinir de manière plus claire et plus forte. La France, on le voit bien ces jours-ci, c'est une manière de penser. On doit pouvoir tout y dire. Mais cette subversion n'est possible que parce qu'elle se heurte malgré tout à un roc qui est notre conscience républicaine, c'est à dire notre conscience politique.
Aussi ne pouvons-nous nous contenter d'un prurit : la souveraineté, base de notre démocratie, peut être partagée, notamment pour bâtir l'Europe.
Mais nous devons dire désormais clairement, face au désarroi populaire, jusqu'à quel point ! La compétition économique a ouvert l'éventail des inégalités.
Mais nous devons désormais, devant l'angoisse sociale, lui fixer clairement une limite. Le réveil du sentiment religieux est compatible avec la laïcité.
Mais nous devons fermement, face à ce qu'il faut bien appeler le sentiment d'insécurité culturelle, dire jusqu'à quel point.
A défaut, s'installera une rhétorique guerrière, déjà présente dans les commentaires, qui présentera comme une menace mortelle ce qui n'est qu'une pathologie d'un monde qui cherche ses marques après l'effondrement des blocs. Et l'on nous fera croire, malgré les millions de gens dans la rue, que deux criminels à l'idéologie fruste peuvent menacer une nation vieille de plusieurs siècles. Et l'on nous présentera une fois de plus l'effet comme la cause et le pire comme la solution.
Pour ne pas tomber dans ce piège, y compris complaisamment, il faut dire ce que nous entendons par République et par Nation pour que chacun se les approprie, à l'instar de ceux qui s'attelèrent à cette tâche magnifique entre la Commune et l'affaire Dreyfus.....
Gaëtan je crois que tu te trompes et que tu ne vois pas les hommes tels qu'ils sont , mais tels qu'il serait à désirer qu'ils fussent.
Nous ne sommes plus à l'époque du chevalier De La Barre et pourtant nombreux sont ceux prêts à faire revivre cette époque ils n'ont rien à faire dans notre pays sinon à semer la mort ou le malheur leur présence n'est pas compatible avec la démocratie.
girard
Rédigé par : rene girard | 10 janvier 2015 à 10:22
Je vous approuve, cher Gaëtan...
Axel
Rédigé par : Kahn | 09 janvier 2015 à 15:18